Les malfaçons acoustiques sont-elles fréquentes dans les bâtiments ?
Nicolas Balanant : Aujourd’hui, c’est la première cause de non-conformité d’un bâtiment que nous rencontrons. Ce sont généralement des défauts de mise en œuvre, qui font chuter la performance acoustique. Les points durs sont souvent le fait d’une mauvaise désolidarisation en périphérie, au niveau des seuils de portes ou des canalisations. La faute d’un intervenant est rarement difficile à établir, car différents corps d’état ont une influence sur la performance acoustique : le chapiste qui met sa sous-couche, le carreleur qui intervient, et le menuisier qui pose les portes. Chacun de ces professionnels devrait aujourd’hui connaître les règles de l’acoustique, car ils peuvent détériorer, par un détail, l’ensemble du travail de désolidarisation. J’aimerais voir aboutir une formation ou une qualification Qualibat sur la mise en œuvre des sous-couches acoustiques.
La réglementation doit-elle encore évoluer au niveau de l’acoustique ?
La réglementation française porte sur une gamme de fréquences, qui englobe la plupart des bruits de la vie quotidienne dans un logement. Mais ne tient pas compte aujourd’hui des “basses fréquences”, qui sont pourtant à l’origine de nuisances réelles. Il s’agit des bruits sourds, dont la fréquence est basée sur la bande d’octave de 63 Hz. Désormais, notre certification NF Habitat a adopté des critères de performances, incluant les basses fréquences. Ce problème concerne notamment les constructions bois. Actuellement, pour les opérations certifiées en bois, nous préconisons la mise en œuvre d’une chape en mortier plutôt qu’une chape sèche. Mais il y a d’autres solutions à trouver pour respecter le mode constructif en filière sèche, comme le double plancher par exemple.
Globalement, l’acoustique des bâtiments s’est-elle améliorée ?
L’enquête de l’Observatoire – Le baromètre Qualitel portant sur 2 700 personnes en France – montre bien que le ressenti de la qualité acoustique, comme celui des autres critères de qualité du bâtiment, se sont améliorés depuis les années 1960. Cela montre l’apport de la réglementation et des normes sur l’amélioration de la qualité du bâtiment.
Lire aussi le dossier “La chape acoustique”.
Propos recueillis par Aurélie Cheyssial