Le retrait est un phénomène naturel
En matière de pathologies du carrelage, la plus grande incertitude règne. Il n’existe pas de chiffrage des sinistres au regard des différentes techniques employées. « Le complexe carrelé est un véritable millefeuille. Et c’est souvent une accumulation de paramètres, qui va créer une pathologie », reprend Stéphane Orsetti. Pour expliquer l’apparition des fissures, les experts avancent souvent l’absence ou l’insuffisance de joints de fractionnement, ainsi que l’absence de joints périphériques. Dans le “Sycodés 2016 – Pathologie”, Olivier Bodin, expert judiciaire à la Compagnie française des experts construction (CFEC), relativise cependant ces conclusions : « il est fréquent de constater l’apparition de fissures, malgré la présence de joints de fractionnement ». Quant à Jean-Pierre Thomas, expert chez Eurisk, de rajouter : « les retraits de chapes représentent un risque plus significatif ». Un constat partagé par Stéphane Orsetti. « Selon une enquête SMABTP, réalisée en 2012, le retrait représentait près de 60 % des causes de sinistres de carrelage. L’absence et/ou l’insuffisance de joints périphériques ou de joints de fractionnement, l’inadéquation aux locaux concernés, la compressibilité de l’isolant, les défauts de planéité du support… représentent les facteurs aggravants du retrait de la chape. » Mais le retrait reste un phénomène naturel, inhérent aux matériaux hydrauliques. Il se constate dans les premières heures et se poursuit tout au long de la vie de la chape. « Dans les trois premiers mois, 80 % du retrait seront réalisés. Le reste se fera par la suite et c’est souvent dans les 5 à 6 ans que le sinistre intervient par accumulation », précise Stéphane Orsetti.
Il faut suivre les DTU
« Que ce soit les chapes fluides ciment ou les chapes traditionnelles, toutes les chapes à base de liants hydrauliques font du retrait et ont tendance à fissurer. Pour ne pas fissurer, la chape ciment doit garder son eau le plus longtemps possible. Il faut donc suivre les DTU, impérativement apporter une cure du matériau, et surtout respecter les temps de séchage avant de venir coller le carrelage », rappelle-t-on du côté de l’UNECB-FFB.
Sur la chape fluide ciment, cela implique des règles de mise en œuvre strictes. A savoir, le local doit être clos et couvert, les fenêtres posées, fermées et masquées, afin d’éviter tout courant d’air et l’ensoleillement direct lors du coulage et au cours des premiers jours de durcissement de la chape. Un produit de cure doit aussi avoir été pulvérisé après le coulage. Ensuite, il faut revenir au plus tôt mettre en place le revêtement (dans les huit semaines au plus) et en ayant pris soin d’avoir éliminé le produit de cure. Respecter les règles de l’art permet de supprimer l’essentiel des problèmes à venir. Afin de se préserver, l’UNECB-FFB a d’ailleurs œuvré pour faire inscrire “noir sur blanc” cette tendance à la fissuration dans les Cahiers des prescriptions techniques (CPT) des chapes fluides ciment, évoquant désormais des « phénomènes de tuilage ou de fissuration dus au comportement intrinsèque de la chape fluide ciment ».