“Soyons Ambitieux !” C’est le slogan lancé par la Fédération française du bâtiment (FBB), le mardi 13 septembre 2022, lors de la présentation de la dernière conjoncture. «
On veut construire plus durable, on veut être innovant. Nous avons aussi négocié les salaires pour que les métiers restent attractifs. Nous voulons voir plus loin à l’avenir », déclare Olivier Salleron, président de la FFB. Le secteur de la construction connaît à l’heure actuelle une belle envolée. Les chiffres sont au beau fixe et il faut remonter à 2014 pour en trouver de meilleurs. L’investissement est nécessaire pour atteindre un objectif : celui de la transition écologique, aussi bien pour les constructions neuves que pour la rénovation. Le secteur du bâtiment a progressé de + 3,9 % au premier semestre de cette année par rapport à la même période de 2021. Les carnets de commandes des entreprises demeurent élevés, affichant 7,1 mois d’activité en moyenne à fin août 2022, voire 8,7 mois pour les entreprises de plus de dix salariés.
Une conjoncture économique inquiétante
Malheureusement, la crise sanitaire a laissé place à la guerre en Ukraine, conduisant ainsi à une envolée du coût de l’énergie. Ces crises successives de ces deux dernières années ont impacté le secteur du bâtiment. «
Les perspectives macro-économiques se dégradent de plus en plus. La Commission européenne, la Banque centrale européenne, l’Insee et tous les grands instituts anticipent un risque de récession pour l’Union européenne, comme pour la France, à l’horizon 2023, s’alarme Olivier Salleron.
De plus, l’augmentation des coûts des matériaux et la crise énergétique pèsent sur les têtes des entreprises. Tout cela appelle à une grande prudence en ce qui concerne les bâtiments. »
Des prévisions révisées
C’est pourquoi, la
FFB revoit à la baisse ses prévisions émises en décembre 2021 : de + 4,3 %, la croissance estimée sur l’année 2022 passerait à + 3,8 %. Une diminution due en grande partie à la guerre en Ukraine. Concernant le neuf, l’activité reste stable (+ 6,3 % au lieu de + 6,2 %). Cependant ce sont les bâtiments non résidentiels qui ont été privilégiés (+ 8,5% au lieu de + 4,7 %) et non les logements (seulement + 4,8% au lieu de + 7,3 %). L’activité “amélioration et entretien” a été moins forte que prévu (+ 1,7 % au lieu de + 2,7 %). Sans surprises, l’emploi devrait de nouveau augmenter.
Les logements neufs se fragilisent
La chute de 10,9 % de mises en chantier de logements collectifs, malgré le dynamisme des logements individuels (+ 6,6 %), fait chuter le bilan global de mises en chantier de logements neufs à – 3,2 %. Cependant les permis de construire sont toujours en augmentation (+ 13,9 % globalement), surtout pour le collectif (+ 22,2 %). Par ailleurs, entre les premiers semestres 2021 et 2022, les ventes de logements neufs s’écroulent chez les promoteurs (- 14,6 %) comme chez les constructeurs de maisons individuelles (- 26,7 %).
«
Il faut préserver la capacité d’investissement des acteurs-clefs du logement avec des mesures ”urgence logement”. Je pense en particulier aux bailleurs sociaux et aussi à Action Logement », indique Olivier Salleron.
La rénovation proche de + 2 %
Créer la dette est nécessaire pour bâtir un avenir meilleur. Grâce à “MaPrimeRénov’”, l’activité rénovation énergétique a cru de + 1,9 %, dépassant ainsi de 2 % l’activité du second trimestre 2019. Mais la Fédération souhaite que le gouvernement accélère le financement sur la rénovation énergétique.
Aujourd’hui, la crise de l’énergie devient de plus en plus lourde à porter aussi bien pour les ménages que pour les entreprises. Depuis juin, les prix de l’énergie flambent, voire explosent (+ 166 % pour le gaz naturel et de + 141,6 % pour l’électricité à fin août). Si elles veulent maintenir leurs activités, les entreprises ne peuvent s’en passer. En effet, les matériaux très gourmands en énergie, comme l’acier, le verre, l’aluminium, les produits céramique… indispensables au secteur du bâtiment, risquent de subir de nouvelles hausses dans les prochains mois. Un lissage des prêts garantis par l’Etat et des mesures pour atténuer la hausse des prix de l’énergie a été demandé par la Fédération.
Des recrutements rendus difficiles
Cette inflation engendre des fermetures de lignes de production. Et des difficultés de recrutement sont présentes surtout pour les petites entreprises de plus de 10 salariés.
La sobriété énergétique doit être un leitmotiv, surtout dans la conjoncture internationale avec le conflit en Ukraine. L’Europe et donc la France doivent devenir moins dépendantes de l’extérieur pour leurs ressources énergétiques.
Olivier Salleron a souligné que dans l’Hexagone, les centrales nucléaires doivent jouer un rôle prépondérant pour ne plus subir le non-approvisionnement, comme c’est le cas aujourd’hui avec le gaz russe.
Les Assises du BTP
La FFB espère pouvoir faire entendre ses demandes lors des Assises du BTP, le 22 septembre prochain, afin de mettre en place une stratégie durable pour le bâtiment. Elle souhaiterait instaurer un Observatoire des matériaux et dématérialiser l’instruction des permis de construire, en harmonisant les dossiers CEE
1 et MPR
2. Une politique de transition écologique en indexant les aides MRP et un relever des obligations d’économie d’énergie sont aussi des demandes émises par la Fédération.
Un constat inquiétant
Hélas, les problèmes de trésorerie des entrepreneurs sont loin d’être finis. «
A l’heure actuelle, les entreprises tiennent le choc. Maintenant, elles ont fait le dos rond ces deux dernières années en raison de à cette crise sanitaire et énergétique. Il faut donc que cela cesse en 2022, sinon on va devoir adapter notre voilure à l’activité. Ce que l’on ne veut pas, puisqu’on a progressé dans l’emploi avec 100 000 salariés équivalent temps pleins en 2 ans. Ce serait donc perdre notre main-d’œuvre et notre expertise, en mettant des gens au chômage. »
1Dispositif des certificats d’économies d’énergie.
2Disciple médicale jeune en plein essor sur le plan des pratiques médicales, des avancées technologiques et de la recherche.