A Châteaurenard (13), l’entreprise Chape Liquide Correas est l’une des plus vieilles entreprises de chape fluide de la région. Avec 20 ans d’expérience dans le domaine, elle est restée une structure familiale, misant sur la qualité de ses réalisations. Son fondateur, Amable Correas était à la tête d’une entreprise de maçonnerie de 9 personnes depuis 1987, quand il découvre la chape fluide en 1997. « Il m’a fallu près d’un an pour me décider et mettre assez d’argent de côté pour réaliser les investissements nécessaires », se souvient Amable Correas.
La chape fluide n’en était encore qu’à ses débuts et les quelque 300 m2posés la première année ne l’ont pas découragé. A force de persévérance et de démonstrations, les volumes mis en œuvre ont doublé d’année en année. « Je m’investissais beaucoup dans cette nouvelle activité, mais les autres carreleurs et maçons, craignant la concurrence, ne m’appelaient pas. Pour développer mon chiffre d’affaires, j’ai abandonné la maçonnerie pour ne me consacrer qu’aux chapes fluides dès 2001. A partir de là, ce fut l’explosion», relate Amable Correas.
La chape s’est imposée
Le chantier de la gare TGV d’Avignon a représenté un véritable tournant dans l’histoire de l’entreprise, comme dans celle de la chape fluide. « Il a servi de référence à l’Avis technique de La Chape Liquide (actuel Anhydritec) et nous a fourni une carte de visite dans toute la région. » Fort de cette belle référence, Chape Liquide Correas se fait un nom dans toute la région. Aujourd’hui composée de deux personnes, Amable et son fils Benjamin, l’entreprise travaille sur tous les types de chantiers, de la maison individuelle aux chantiers plus conséquents de type “musées, écoles ou supermarchés”. « J’ai un fichier de plus de 3 000 clients, comportant architectes, particuliers ou gros faiseurs de la région. En revanche, je ne travaille pas avec les constructeurs de maisons individuelles, qui tirent les prix vers le bas, ce qui nuit à la qualité générale du bâti. Nous pouvons faire jusqu’à 4 villas par jour, en se préparant toujours la veille du coulage », souligne Amable Correas.
Diversification vers le béton ciré
Aujourd’hui, l’entreprise partage ses activités entre la chape fluide (70 %) et le béton ciré (30 %), une activité qu’il affectionne. « Ce sont des produits de luxe, qui sortent de l’ordinaire et réclament un véritable savoir-faire. Un chantier s’étale sur plusieurs jours, mais bien organisés, nous pouvons y consacrer 1 à 2 h/j ».
Côté chape fluide, l’entreprise met majoritairement en œuvre des chapes sulfate de calcium (60 % des volumes), pour lesquelles il se fournit auprès d’Anhydritec. Aux chapes fluides ciment, il préfère la Technis R de Bostik, une chape à liants spéciaux qu’il emploie lorsqu’il travaille dans le secteur d’Avignon où il a son fournisseur. « Ces chapes, moins sensibles que les chapes ciment classiques, correspondent mieux à mes habitudes de travail et aux recherches de mes clients », explique Amable Correas. Pour certains chantiers particuliers, l’entreprise propose également des mortiers spéciaux, à prise rapide. Il utilise alors de la chape en sac ou fait appel au Weber truck.
Transmettre le savoir de chapiste
Un temps, l’entreprise s’était diversifiée vers la mousse de polyuréthane projetée. « Nous avons investi, acheté un camion, les machines, mais nous ne pouvons pas tout faire. C’est une activité à laquelle il faut se consacrer à plein temps. Il faudrait que j’embauche deux autres personnes, et je n’ai pas les moyens matériels ni la visibilité pour pouvoir me lancer dans ce type d’organisation », commente le chef d’entreprise.
Aujourd’hui, Amable Correas, qui a 65 ans prépare sa retraite. Il laissera bientôt son entreprise à son fils. Après plus de 40 ans de carrière, ce partisan de la qualité plutôt que de la quantité regrette aujourd’hui la multiplication des malfaçons qu’il a trop souvent vue sur les chantiers, et s’insurge de l’absence de reconnaissance du métier de chapiste comme d’une formation dédiée. « J’ai appelé la chambre des métiers, afin que soit créée la nomenclature “chapiste” comme il existe celle des plaquistes ou des jointeurs. Aujourd’hui, cela a des conséquences parce qu’il n’est pas possible d’engager un apprenti chapiste. Je suis obligé de prendre un manœuvre ou de former quelqu’un moi-même. Il y a pourtant beaucoup de connaissances à acquérir pour exercer ce métier correctement. C’est comme la boulangerie. Entre de bons pains et de mauvais pains, tout dépend du temps, de l’humidité de l’air et ça s’apprend ! », conclut Amable Correas.
Aurélie Cheyssial