Quelle est l’importance du marché des sols chez Bostik. Et par extension, celui des chapes fluides?
Matthieu Bellet : Les chapes fluides Bostik sont mises en œuvre sur environ 1 Mm2/an. Pour nous, c’est un marché particulier par rapport à nos marchés traditionnels. Nos clients sur ce secteur sont souvent carreleurs. Ce qui nous permet de réaliser des ventes croisées avec d’autres de nos produits. De façon générale, nous avons la velléité de nous développer sur ce marché des carreleurs. En y apportant ce qui fait notre ADN, c’est-à-dire des produits performants, faciles d’emploi et adaptés aux différents besoins des entreprises.
Keyvan Sabouri : Nous proposons une “offre produits à 360” qui permet de traiter tous types de projets de préparation des sols jusqu’au collage du revêtement, pour les entreprises spécialisées.
Viser le marché des carreleurs implique des développements de produits ou êtes-vous déjà fourni en solutions ?
K. S. : Nous sommes déjà bien fournis effectivement. Nous avons des usines en France capables de proposer des poudres, des liquides, des joints et des mastics, permettant de répondre à l’ensemble des besoins des carreleurs. Mais il y a toujours des axes de développement. Dans les prochains mois, nous allons par exemple lancer un système complet certifié d’isolation acoustique sous carrelage.
Quelles sont les solutions que vous proposez à ce marché ?
M. B. : Nous venons d’obtenir une Atex pour le Bostik E-250 Perf 1K, qui est un bon exemple de ce que nous pouvons apporter à ce secteur. Il s’agit d’un système d’étanchéité liquide, qui est certifié mono-composant jusqu’aux locaux P4S. C’est le seul du marché à être validé par un texte réglementaire.
Avoir une chape fluide au catalogue, est-ce une bonne porte d’entrée vers les carreleurs ?
M. B. : Toucher les carreleurs, avec une offre globalisée, est aujourd’hui à notre avantage. Car à l’origine de la création de la gamme Technis, ce n’était pas l’objectif. L’idée était de faire valoir notre savoir-faire en matière de formulations. Ceci, en alliant les atouts de rapidité de séchage des chapes fluides ciment et le peu de fractionnement des chapes fluides anhydrite. Le tout, sans cure ni ponçage et sans enduit de sol. Nous l’appelons “chape à base de liants spéciaux”, parce qu’elle est constituée de plusieurs liants qui se recomposent, là où les chapes classiques sont à base d’un seul liant.
Le développement géographique de vos chapes est limité. Est-ce une volonté de contrôle ?
M. B. : Nous avons un développement continu avec des produits qui fonctionnent très bien. Mais il est vrai que nous sommes, pour le moment, surtout présents dans le Nord-Ouest du pays. Nous nous développons avec prudence dans les régions limitrophes des unités de production où nous sommes présents. Volontairement, nous prenons notre temps, car nous voulons assurer la qualité, les performances et le contrôle de nos produits. Mais nos volumes augmentent, parce que nos clients obtiennent de plus en plus de marchés. Preuve que notre solution convainc.
Pour se développer, une production par camionin situ est-elle une piste ?
M. B. : Pas pour le moment. En revanche, faciliter le métier de nos clients est au cœur de nos développements. Ainsi, à partir du premier semestre 2023, nous allons aussi proposer notre chape technis-R en sac, pour venir en complément de nos centrales et ainsi toucher tous types de configurations de chantiers.
K. S. : De plus, la construction durable est l’un des piliers de Bostik. L’enjeu, immédiat et pour le futur, consiste à trouver des solutions bas carbone. Chacune de nos futures sorties de produits intègre, dès à présent, cette question.
L’année dernière, vous avez changé le nom de nombreux de vos produits. Pourquoi cette rationalisation ?
M. B. : C’est issu d’une réflexion générale autour de nos produits. Nous avons parfois beaucoup de produits dans nos gammes, afin de répondre à tous les besoins de nos différents clients et de leurs différents métiers. Il était important de donner la meilleure lisibilité pour la meilleure compréhension possible.
K. S. : Pour la question des noms, il s’agit aussi de leur homogénéisation à l’international. Désormais, quel que soit le pays, un produit présente la même étiquette partout. Ce qui peut nous permettre de nous donner des “coups de main” entre pays, pour lutter, notamment, contre la pénurie de matériaux. Car si notre siège social est à Paris, nous sommes un acteur international.
Votre force commerciale est-elle adaptée à cette volonté de progression sur le marché du carrelage ?
M. B. : Notre enjeu est d’avoir une force commerciale encore plus technique et spécialisée. Il nous faut parler le langage des artisans et maîtriser les règles de l’art. La montée en compétences de nos forces commerciales est en cours.
K. S. : Le carrelage est un métier avec ses spécificités. Nos équipes doivent connaître les différents formats et leurs besoins, les différents supports, la réglementation, les termes techniques spécifiques. Nous devons, non pas être une force commerciale, mais une force d’accompagnement et de veille technique et réglementaire, pour nos clients.
La Bostik Academy s’inscrit-elle dans cette idée ?
K. S. : La Bostik Academy s’inscrit dans une démarche d’accompagnement dans la montée en compétence de nos collaborateurs, mais aussi de nos clients partenaires. Elle est née d’une volonté de transmettre le savoir-faire et la connaissance des produits de la société. Le centre de formation se situe au même endroit que notre centre de R&D, en Sein-et-Marne, ce qui nous permet aussi de faire un lien entre nos recherches et les besoins de nos clients. Ce sont surtout les nouveaux collaborateurs de nos clients, qui viennent se mettre à niveau dans leurs connaissances des produits et des techniques. Ceci, afin d’avoir une base commune à toute leur entreprise. Les modules sont adaptés en fonction de ce qui est le plus pertinent avec leur quotidien. Nous invitons toutes les personnes intéressées à venir à la Bostik Academy.
Propos recueillis par Yann Butillon