Ecolocost est une entreprise atypique sur un créneau simple : faire des maisons passives pour tous. En clair, cela signifie de construire des maisons bien moins spacieuses que celles qui servent de référence dans le label Passivhaus allemand. Dans la mesure où ce type de labels implique déjà le recours à des installations labellisées qui ont leur prix. Puis, que les résultats de mesure doivent s’inscrire dans certaines limites.
Et enfin, que tout cela doit tout de même entrer en cohérence avec les règles françaises de la construction. La mise au point d’un modèle passif compact et abordable est le grand apport de l’entreprise sur le marché français. Pour l’heure, Ecolocost a réalisé deux maisons dans le Nord de Paris, dont l’une faisait partie de la toute première mouture des projets E+C– en 2018. A l’époque, les murs passifs avaient été acheminés du fin fond de la Pologne. Aujourd’hui encore, les constructeurs français sont peu enclins à fabriquer les murs passifs.
Les maisons passives pour tous
Il n’y a pas si longtemps, tout le monde pensait qu’avant d’atteindre en 2020 la fabrication de maisons à énergie positive, une étape passive serait nécessaire. A présent, personne ne parle plus de maisons à énergie positive. Et l’idée d’une maison passive, donc dépourvue de chauffage, s’est un peu perdue, même s’il existe en France une communauté passive, qui vient d’ailleurs de réaliser sur plusieurs semaines une version virtuelle de son salon.
Ecolocost est le seul acteur de ce milieu qui fait office de promoteur. Et le succès qu’il vient d’avoir en réalisant et vendant 26 maisons passives est notable. Maxime Brard, le fondateur, ne s’ancre pas sur le passif pour des raisons simplement de baisse des charges. Pour lui, disposer d’une ventilation double flux c’est une question de santé publique, notamment à Villeneuve-Saint-Georges en bout de piste d’Orly (94). S’ajoute ensuite l’acoustique ! Une enveloppe qui atteint la performance indispensable de U = 0,15 W/ m2.K, cela revient dans ce cas à isoler la toiture avec 400 mm de laine de roche. 400 mm à coup sûr, c’est mieux que 200 mm !
Un concentré de technologies
Les maisons en bande du Domaine d’Adèle vont du T4 de 80 m2 au T5 de 95 m2. Ecolocost calcule que l’acheteur sans apport rembourse entre 993 et 1 230 €/mois. Mais il faut construire en bois, avec des épaisseurs d’isolant de 400 mm. Isoler les planchers avec un complexe de verre cellulaire / polyuréthane de 456 mm. Les menuiseries sont en triple vitrage Oknoplast Winergetic. La ventilation est assurée par Zehnder, ComfoAir Q350, et l’eau chaude sanitaire par une mini-chaufferie collective Ökofen Pellematic Smart.
Sans oublier de répondre aux attentes en matière d’étanchéité à l’air. Et de financer les trois labels, ainsi que les spécificités requises. S’ajoutent enfin des toitures qui accueillent des panneaux photovoltaïques. D’ailleurs, pour le coup, Ecolocost a développé sa propre solution de toitures passives plates capables d’accueillir ces panneaux. Maxime Brard a bien suivi l’actualité des sinistres et relevé qu’il ne fallait plus forcément faire comme cela avait été dit dans les règles professionnelles. Surtout, personne n’était en mesure de proposer une solution viable et économique. On peut donc dire que ces petites maisons qu’on voit au décollage d’Orly sont un concentré de technologies.
Des chapes fluides initialement prévues
Comment Ecolocost aborde-t-il la chape ? Au rez-de-chaussée, il s’agit d’une chape sur dalle béton. Tandis qu’à l’étage, la chape est réalisée sur plancher bois. Sur le principe, le projet prévoit de réaliser dans les deux cas une chape fluide de 35 mm. Au rez-de-chaussée, la chape est séparée de la dalle béton par 56 mm d’isolant de type TMS d’Efisol. Sachant que la dalle est isolée du sol par 400 mm de Misapor. On obtient une résistance thermique de 2,6 W/m.K pour l’Efisol et 3,33 W/m.K pour le Misapor. A l’étage, la chape repose sur un isolant polystyrène de 30 mm d’Unilin, déroulé sur un panneau OSB de 22 mm qui recouvre des poutres Steico Joist en “I” de 240 mm. L’ensemble est fermé par une plaque de plâtre sur tasseaux. Tandis qu’une laine minérale de 100 mm est interposée dans le vide technique. `
Le retour à la chape traditionnelle
En l’absence de planchers chauffants, et pour mieux s’accommoder avec la construction bois, le recours à une chape fluide de 35 mm est abandonné au profit d’une chape traditionnelle de 44 mm au rez-de-chaussée. Et, pour des raisons d’inertie, une chape de 40 mm à l’étage. Toutes deux réalisées par l’entreprise Chapes Coutinho de Sartrouville (95). Ceci, avec la chape en sac Calcia I-pro. Le changement a augmenté la hauteur des deux chapes. Ce surcroît de hauteur est compensé par la hauteur des murs et de l’escalier. Pour les occupants, le recours à la chape traditionnelle assure un peu plus d’inertie, sachant que les maisons sont pleinement exposées au soleil sur la toiture-plane. Mais il n’en faut pas trop non plus, puisque le chauffage est assuré par la présence des occupants, et les installations de cuisine.
Il est quand même intéressant de constater qu’un ouvrage moderne en bois, atteignant dans ce cas-ci une performance E2. Limitant le recours au béton à la dalle de 200 mm et aux deux chapes, permet de répondre aux options bas carbone des trois labels Effinergie, PassivHaus et E+C– avec des chapes traditionnelles. Répondant à la fois aux exigences sur sol béton et sur sol bois.
Jonas Tophoven
Des chapes au taquet
L’approche d’Ecolocost cadre parfaitement avec l’exigence Energie 3. Son bilan Bepos est de 53 kWh ep/m2/an, soit à mi-chemin entre la limite vers Energie 2 (105,9 kWh) et l’Energie 4 (0 kwH). Par contre, satisfaire aux exigences de Carbone 2 est plus ardu. Les émissions de gaz à effet de serre calculées sont de 786,9 eq.kg CO2/m2 alors que la limite avec Carbone 1 est fixée à 830. Cette marge a permis de placer la chape traditionnelle. Mais si la RE 2020 diminue progressivement le total des Eges (bilan énergie et gaz à effet de serre) par mètre carré, ce sera de plus en plus difficile. Mais la marge semble se trouver plutôt dans les installations.