C’est une question désormais traditionnelle, comment Edilteco a traversé cette année particulière ?
Franck Pied : Du mieux que l’on a pu… Nous avons pris le parti, lors du premier confinement, de ne pas arrêter totalement la production et de maintenir une activité partielle, en mode dégradé. Ce qui nous a permis de répondre aux commandes et de remplir nos stocks. A raison, puisqu’avec le déconfinement, nous avons eu une forte demande. Nos équipes commerciales étaient en chômage partiel, mais elles ont pu prendre le temps d’avoir des échanges approfondis avec nos clients. Le deuxième confinement a été plus simple, puisque la production n’a pas été touchée.
Le secteur redoute une année 2021 encore plus compliquée, voire même plus dangereuse. Est-ce votre avis ?
F. P : Beaucoup de choses ont été décalées. Il ne sera pas facile, voire impossible de retrouver le chiffre d’affaires et le volume dans un avenir proche. Nous avions pourtant réussi un bon démarrage d’année. Notre marché naturel est celui de la rénovation. Et depuis la reprise de Deltisol, le marché du neuf devient important. Mais les perspectives ne sont pas des plus réjouissantes sur ce dernier secteur. Je pense que les séquelles de 2020 vont se faire ressentir en 2021. Et même sur plusieurs années.
Malgré cette période compliquée, vous avez procédé à l’achat de la société Deltisol. Etait-ce un investissement prévu ?
F. P : Il s’agit d’un investissement qui est arrivé de façon opportune. Nous avions une présence peu compétitive dans le quart Sud-Est du pays. Nous avions donc l’ambition de nous développer pour desservir cette zone. En février dernier, Deltisol a déposé le bilan et cherchait des repreneurs. Il y a eu plusieurs propositions et c’est notre dossier qui a été retenu. Notamment parce que nous avons repris 49 des 54 postes en place. Les autres étant des départs volontaires ou à la retraite. L’occasion s’est présentée. Et nous avons donc anticipé nos projets d’avenir.
Comment Deltisol est-elle intégrée à Edilteco France et sur quels marchés évolue la société ?
F. P : Le nom Deltisol a officiellement disparu et la société est intégrée à Edilteco France en deux entités. D’une part, les poutrelles et d’autre part, le PSE. La société Deltisol a été créée, il y a 39 ans, par les frères Jacques et Fernand Murzilli, Elle produisait du PSE pour les poutrelles. Depuis 2015, l’entreprise fabriquait aussi ses propres poutrelles et hourdis en béton, devenant l’une des rares sociétés à produire le système complet de poutrelles et entrevous.
Cette acquisition nous permet déjà d’accéder au marché des planchers, avec une solution déjà pérenne. Mais aussi de produire du PSE pour nos marchés de la façade et du sol (agrégats légers pour chape et mortier) pour la partie Sud du pays.
Cet achat nécessite-t-il un investissement supplémentaire dans les moyens de production ? Quel est le coût total pour Edilteco France ?
F. P : Nous allons continuer la production des poutrelles, tout en produisant aussi sur place nos propres produits, notamment les billes adjuvantées pour les chapes. Sur place, au Pontet, le site est divisé en deux sites dissociés. L’un, pour les poutrelles et l’autre, pour le polystyrène. Nous allons investir dans l’amélioration des moyens de production, en installer de nouveaux et remettre l’ensemble aux normes de sécurité. Au total, c’est un investissement de 2 M€ pour nous.
En quoi les productions de Deltisol sont complémentaires des vôtres ?
F. P : Sur un plancher, il faut faire une dalle de compression. Notre chape légère ne peut donc pas être utilisée directement sur nos poutrelles. Mais notre slogan étant “l’Isolation à 360°”, les poutrelles apportent une pierre de plus à l’édifice.
Les chapes justement, qu’est-ce qu’elles représentent dans le chiffre d’affaire global d’Edilteco France ?
F. P : Les chapes, et chez nous spécifiquement les mortiers et les chapes légères, représentent environ 80 % de notre activité. Nous avons lancé notre nouvelle chape légère XXs il y a un an, lors de Batimat. Bien sûr, son développement a été entravé par le confinement. Nous allons le reprendre avec force en 2021. Nous nous attendons à une bonne croissance sur ce segment, à court terme.
Les chapes fluides vont passer dans le domaine de la traditionnalité. Quelles seront les conséquences pour vous ?
F. P : Nos chapes légères ne seront pas concernées par le passage en traditionnalité. Elles continueront de fonctionner avec des Avis techniques. En revanche, nous nous attendons à un fort développement des chapes fluides avec ce changement. Ce qui devrait aussi nous profiter. D’autant que le marché de la rénovation est, lui aussi, en pleine croissance.