« L’innovation fait partie de l’ADN d’Edycem. Et nous sommes convaincus que, même si les temps sont difficiles, il faut continuer à travailler autour des sujets de recherche. En effet, ceux-ci préfigurent les avancées technologiques de demain. » Ainsi, Daniel Robin, président du conseil de surveillance du groupe Herige résume-t-il les vingt années de collaboration entre Edycem et l’Ecole Centrale de Nantes. Et d’annoncer le renouvellement, pour la 3e fois, de sa chaire de recherche.
« A travers ce partenariat, nous disposons en quelque sorte d’une R&D dédiée que nous n’aurions pas les moyens de nous offrir en interne. Edycem n’a pas la force d’un grand groupe cimentier de dimension internationale. Cette chaire nous apporte de la plus-value et de la différenciation. Certains nous envient et peu de cas similaires existent en France. Nous sommes donc très satisfaits de cette collaboration… »
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Pour ce 3e opus, Edycem a défini trois grandes directions de recherche à développer. Des sujets transversaux, en phase avec les préoccupations actuelles et avec les axes stratégiques de l’Ecole Centrale. « La réduction de l’empreinte environnementale dans la conception du béton constitue le premier de ces sujets », confie Walid Chebbi, directeur technique et innovations d’Edycem. L’idée est d’associer des liants à teneur en carbone réduite à un fort taux d’incorporation de granulats recyclés. Une combinaison encore peu étudiée à ce jour. « Cette ambition passe par la maîtrise du comportement du béton ainsi obtenu, de sa rhéologie et de sa durabilité, à jeune âge comme à long terme », insiste Walid Chebbi.
De l’Intelligence artificielle dans les bétons
Les liants alternatifs étudiés sont des cendres de biomasse, des laitiers cristallisés, des argiles ou encore des fines de concassage du béton. Le but est, entre autres, d’obtenir un comparatif de performances. Quant à l’utilisation plus conséquente de sable concassé de carrière, elle permet de limiter le recours aux matériaux marins ou alluvionnaires.
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Idem pour les granulats recyclés, qui réduisent le besoin en ressources naturelles. In fine, cette approche diminue encore plus l’impact environnemental du béton. Ce premier sujet de recherche devrait aussi explorer de nouvelles méthodes d’éco-conception des structures, de manière à mieux rationaliser l’utilisation tant des bétons que des aciers…
Développer un nouveau modèle prédictif
Le recours à l’Intelligence artificielle (IA) s’inscrit dans le 2e axe de recherche. « Avec l’IA, nous avons une ouverture immédiate sur le monde. Son avènement a créé de nouvelles voies prometteuses pour le secteur de la construction », explique Walid Chebbi.
Dans le cas précis, l’IA Il doit permettre de recueillir et surtout d’analyser en peu de temps d’énormes quantités de données. Ceci, afin de développer un modèle prédictif du comportement mécanique et la durabilité des nouveaux matériaux, modèle basé sur l’IA. L’objectif de la chaire est donc de conjuguer informatique et essais pratiques en laboratoire et en centrale à béton. De quoi faciliter la mise au point de nouveaux bétons à faible impact environnemental, en prenant en compte leur évolution physico-chimique tout au long de vie en œuvre dans la construction.
Lutter contre les îlots de chaleur urbains
Le dernier axe de recherche s’intéresse aux enjeux de la ville de demain, en développant des solutions pouvant lutter aussi bien contre l’imperméabilisation des sols que la formation d’îlots de chaleur urbains. Avec l’Ecole Centrale de Nantes, Edycem travaille à étudier un nouveau type de bétons drainants assurant une meilleure absorption des eaux de pluie et présentant une excellente résistance aux efforts mécaniques. Mais aussi, en mesure d’assurer le rafraîchissement des îlots de chaleur par évaporation des eaux stockées dans sa matrice ou plus en profondeur. De plus, le manque d’eau de pluie pourrait être compensé par l’exploitation des eaux usées des bâtiments d’habitation, traitées en local par des micro-stations… « Ces nouvelles générations de bétons présenteront une forte valeur ajoutée environnementale avec, pour prérequis, une valorisation des ressources et une faible empreinte carbone », conclut Didier Collin, directeur général d’Edycem.
Frédéric Gluzicki