La chape traditionnelle, même si elle perd du terrain aujourd’hui face aux chapes fluides, reste l’enfance de l’art. Preuve du savoir-faire des maçons, elle a été réalisée pendant des années par les carreleurs pour leurs propres besoins, par les entreprises générales de maçonnerie. Et plus récemment par les chapistes, qui disposent d’un compagnon capable de mettre en œuvre efficacement cette technique symbolique.
Comme toujours, c’est une bonne préparation qui permet la bonne réalisation des travaux. Il faut tout d’abord nettoyer et dégager le sol qui va recevoir la chape. Il est aussi important d’organiser les circulations entre la bétonnière et le site de coulage. Il faut souvent créer un passage sécurisé, propre et sans obstacle.
Deuxième étape, et sans doute l’une des plus importantes : la mesure. L’altimétrie des pièces doit être mesurée avec une grande précision le long des murs. Parmi les données à prendre en compte, la hauteur du futur revêtement, l’épaisseur de l’isolant, et surtout la position de l’ouverture des portes.
Bien repérer les niveaux sur les murs facilitera le travail futur. De ces mesures dépendent aussi les commandes des volumes de produit nécessaire. Les préparations se terminent avec la pose du film polyane, qui va empêcher les remontées d’humidité. Il faut débuter par la bande périphérique bleue, le long des murs, en insistant sur les coins. Puis, le polyane est déroulé, posé et découpé au niveau des bandes périphériques.
Un mélange à surveiller
Un isolant peut ensuite être éventuellement posé. L’essentiel étant de croiser les joints. Place alors à la mise en place du treillis de carreleur. En rouleau ou en feuille, l’important étant de bien recouvrir toutes les surfaces, grâce à des coupes précises. Les treillis sont ensuite attachés entre eux, à l’aide de fil de fer.
Le mélange du mortier est réalisé dans une bétonnière. Il est généralement admis que la consistance est bonne si une boule de matière peut être constituée dans la main (attention à bien porter des gants !). Vient alors la pose de la chape. Tout le savoir-faire du compagnon intervient à ce moment-là.
Il faut commencer par le mur opposé à la porte d’entrée de la pièce. Il est préférable de travailler dans le sens de la largeur. Tout part de cueillies, c’est-à-dire de bandes ou d’amas de mortier déposés le long des murs, permettant de débuter le réglage de la hauteur. Leur niveau est déterminé par les mesures précédemment effectuées. Sur ces premiers taquets, des fers plats ou des tubes carrés sont installés, qui vont servir de guides latéraux, une fois réglés de niveau.
Un savoir-faire qui se perd
Pour le coulage, le mortier est déposé à la truelle, et grossièrement égalisé à la taloche ou à la truelle. La règle en aluminium est alors tirée avec un mouvement de gauche à droite, afin d’obtenir une chape parfaitement de niveau. La chape est ensuite lissée à la taloche. Une fois une surface respectable ainsi traitée, les deux règles latérales sont retirées, les trous bouchés, et l’ensemble taloché, d’un mouvement rotatif.
Ces quelques opérations constituent un savoir-faire et un “coup de main” propre aux spécialistes des chapes traditionnelles. Un coup de main qui explique en partie la baisse de volume de cette solution. Les spécialistes se faisant plus rares, au fil des départs à la retraite…
La chape traditionnelle ne pouvant rester nue, elle doit être recouverte après la prise de l’ensemble. Au bout de trois semaines environ.