Vous avez repris Cemfluid en 2019. Comment se sont déroulées ces deux années marquées par le Covid-19 ?
Vincent Jaume : Nous avons pris le temps de restructurer Cemfluid et de poser de nouveaux fondamentaux. Lorsque nous avons repris l’entreprise, elle ne comptait qu’une seule solution de chapes fluides, à travers un liant prémix. Nous avons depuis travaillé en R&D pour que nos solutions soient disponibles en version adjuvantée. Ce qui permet à nos clients de produire des chapes avec leurs propres constituants. Le Covid nous a fait prendre pas mal de retard, nous n’allons pas nous en cacher. Les Avis techniques en conséquence sont encore en cours d’instruction par le CSTB. C’est une étape importante pour nous qui sommes l’un des seuls indépendants sur ce marché.
Est-ce que cette solution adjuvantée remplacera votre liant et donc la solution prémix ?
Non, ce ne sera pas un abandon ou un remplacement, mais une solution complémentaire. Chacune d’elles correspond à des installations spécifiques chez nos clients. Avec notre gamme sous ces deux formes, nous pouvons nous adapter aux différentes configurations, sans investissement structurel de la part de nos clients. C’est une diversification de gamme. Une solution ne chasse pas l’autre.
Outre ce changement de nature, est-ce que votre gamme de chapes a évolué ?
Nous avons travaillé à améliorer les caractéristiques de nos chapes existantes. Une bonne chape ciment doit avant tout être robuste, avoir un séchage rapide et pouvoir être recouverte en peu de temps. Ainsi, nous l’avons rendue encore plus attractive, avec une formulation permettant de s’affranchir de la pulvérisation d’un produit de cure et une réduction de sa viscosité pour améliorer l’agrément de mise en œuvre. Outre sa robustesse, son attrait principal est qu’il n’y a pas besoin d’allonger l’étalement pour rendre la chape facile à couler. Autant d’évolutions qui lui permettent d’être encore plus stable dans le temps.
En avez-vous aussi profité pour développer votre couverture territoriale ?
Comme nous avons développé nos chapes, nous avons aussi fait progresser et densifié notre maillage au plan commercial. Nos chapes sont aujourd’hui distribuées en France et dans les pays limitrophes comme l’Espagne, le Luxembourg et la Suisse. Et nous ne nous interdisons pas de couvrir aussi le reste du Benelux ou encore l’Allemagne. Ce n’était initialement pas une prioritépour nous de viser les marchés étrangers, mais nous avons saisi quelques opportunités.
Désormais, nous cherchons à poursuivre nos implantations hors de l’Hexagone, même s’il nous faut faire beaucoup de pédagogie, les chapes fluides ciment n’ayant pas forcément bonne presse à l’étranger faute de connaissance des marchés locaux. Mais nous avons l’avantage d’un produit mature et maîtrisé en France. Nous avons des exemples de réussite à fournir.
Sur le marché français, votre position est-elle susceptible d’évoluer ?
Notre principal objectif est de nous développer surtout en France. Notre maillage est encore lâche sur le territoire national, notamment dans la partie Nord du pays. Pour nous, le Sud a été notre base naturelle, par la proximité de notre usine et de notre laboratoire, en Avignon. D’autant qu’avec l’abandon de la pose de carrelage scellé, qui était très implantée dans le Sud, les opportunités de développement augmentent. Aujourd’hui, nous comptons une soixantaine de centrales et de malaxeurs mobiles référencés, en comptant les DTA en cours d’instruction. L’objectif est de nous installer en Ile-de-France et en Bretagne – Normandie, des régions très dynamiques pour les chapes fluides.
Les centrales mobiles sont de plus en plus souvent citées comme le futur des chapes fluides. Est-ce que c’est aussi votre vision ? Faut-il des solutions spécifiques pour ce type d’applications ?
Oui, pour moi, les centrales mobiles sont l’un des plus forts leviers de développement du marché. Elles permettent de toucher des zones et des profils, qui ne peuvent pas l’être avec des centrales classiques. Evidemment, il faut un peu adapter nos solutions, même si notre Fullchap correspond très bien aux besoins de nos clients. Nos travaux sur l’adjuvantation vont aussi dans ce sens. Il faut rendre la production, et donc la composition, plus aisées. Plus celle-ci est simple, plus les coûts sont compressés.
L’actualité concerne le passage des chapes fluides dans le domaine de la traditionnalité. Avec quel œil regardez-vous ces évolutions réglementaires ?
Nous sommes très à l’écoute des discussions en cours. Nous espérons que grâce à la certification, le niveau d’exigence des chapes fluides sera maintenu. Les chapes fluides ne sont pas compliquées à produire et à mettre en œuvre. Ceci, à condition d’assurer un vrai suivi dans les processus de fabrication et de respecter à la lettre les règles de l’art, ainsi que les temps incompressibles de séchage par exemple. Garder une bonne pratique dans la mise en œuvre, c’est garder la bonne image de la technique. Une bonne image qui a été dure et longue à installer en France.
Est-ce que c’est aussi pour vous, les producteurs, et pour les applicateurs une ère d’opportunités ?
L’avenir le dira. Nous n’avons pas encore une vision claire des choses, puisque les discussions continuent. Notre espoir est d’avoir de la continuité dans la qualité de mise en œuvre. Et avec les changements, il y a fatalement une part de risque.
Pour le futur, quelles sont les ambitions et les évolutions nécessaires pour Cemfluid ?
Il nous faut finir ce travail de structuration de nos gammes, avec l’obtention de nos Avis techniques. Nous avons déjà fourni un énorme travail, il faut qu’il se concrétise. De là, nous pourrons nous développer commercialement et densifier notre maillage national. De plus, nous continuons notre travail de R&D. Proposer des solutions de rupture est la volonté quotidienne de Cemfluid. C’est par ce biais que nous tracerons notre route.