Pouvez-vous nous présenter les formations “Carrelage” du CFA-BTP 57 ?Cédric Foglietta : Le CFA-BTP 57 accueille actuellement 800 apprentis. En carrelage, ils sont une soixantaine, répartis entre les classes de CAP, 1ère et 2e année, et celles de BP, 1ère et 2e année. Ils viennent toutes les trois semaines s’exercer dans un atelier de 600 m2 (12 semaines par an pour les CAP et 14 semaines par an pour le BP).
Les apprentis sont surtout des jeunes de 16 ans, qui veulent arrêter le parcours scolaire dit “classique”, ainsi que quelques personnes qui, après avoir commencé ou terminé d’autres études, ont finalement envie d’un métier plus manuel et rémunérateur.
Lors de leur formation, certains apprentis font un stage à Spilimbergo, en Italie, pour apprendre l’art de la mosaïque traditionnelle dite “Smalti”. Puis, à Arezzo, toujours en Italie, pour participer à la réalisation de la grande fresque collective de la Paroisse du Saint-Esprit.
Les apprentis suivent-ils le cursus entier : CAP, puis BP ?
C.F. : Pour la plupart oui, car les patrons sont demandeurs de jeunes, ayant acquis l’ensemble des gestes en formation. A la fin du CAP, les apprentis peuvent poursuivre leur formation en BP, ce qui leur permettra de parfaire leurs compétences professionnelles. Avec ce diplôme, 100 % des jeunes obtiennent du travail, certains montent même leur entreprise directement.
C’est important pour eux d’être formés à la chape ?
C.F. : L’activité de la chape est de plus en plus sous-traitée par les carreleurs. C’est surtout vrai pour les entreprises du marché de la maison individuelle où chauffage par le sol et mise en œuvre de carreaux de grands formats limitent la pose scellée. Mais il existe de nombreuses entreprises, qui en font régulièrement et qui ont besoin de professionnels, capables de s’adapter aux contraintes du terrain et de travailler vite.
Même si l’on ne pratique pas, il faut acquérir et transmettre ces techniques, car l’on rencontre sur le terrain un vrai déficit de savoir-faire, sur les formes de pente notamment. Il faut aussi avoir à l’esprit que les choses évoluent. La mode des grands carreaux peut ne pas durer et n’est pas toujours adapté aux petites surfaces.
Est-ce un apprentissage difficile ?
C.F. : Pour ceux qui n’apprennent pas la chape en entreprise, c’est assez difficile. Ils doivent maîtriser le geste et aller vite. En CAP, les apprentis apprennent à réaliser des chapes droites, puis à une et deux pentes. Ils découvrent ensuite la pose scellée.
En BP, l’apprentissage est encore plus technique. A l’issu, ils savent réaliser des chapes complexes jusqu’à 8 pentes.
Ma méthode est de tous les former sur de la chape de chaux, qui tire moins vite que celle ciment et peut être réutilisée, tant que le résultat n’est pas obtenu. Ils ont ainsi le temps d’acquérir le geste et ont droit à l’erreur. Car avec la chape traditionnelle ciment, ils sont vite découragés et peuvent abandonner.
Vous les formez aux techniques nouvelles ?
C.F. : Je suis les évolutions du métier. Pour la chape fluide, je leur montre une vidéo, parce que l’on ne peut pas l’apprendre en atelier. Je les forme aussi à la pose et à la coupe des grands carreaux. C’est important, parce que vu le coût du matériel, il est rare de confier la coupe d’un carreau grands formats à un apprenti et c’est le seul endroit où ils ont l’occasion de s’entraîner. Le CFA a ainsi fait l’acquisition d’un coupe-carreau, qui va jusqu’à 3 m.
La formation “Carrelage” est-elle toujours plébiscitée ?
C.F. : Avant la crise de 2007, nous formions 130 apprentis par an avec deux classes de BP et deux autres de CAP par niveau. Aujourd’hui, ce chiffre a été divisé par deux. Ce qui ne signifie pas nécessairement que les jeunes se désintéressent de la filière. C’est davantage le fait d’un manque de travail lié à cette crise, les entreprises ayant de fait moins d’apprentis. Pourtant, ces dernières sont toujours très demandeuses de personnel formé, certaines pouvant même prendre jusqu’à 6 apprentis par an.
Mais la formation “Carrelage” peut également mener à monter sa propre entreprise. De plus, les anciens partent à la retraite et pour les remplacer, une formation adéquate est nécessaire, afin de réaliser des travaux dits “spécifiques”, que tout le monde n’arrive pas à faire.
Propos recueillis par Aurélie Cheyssial