Un suivi à organiser…
« Parfois, ce dernier valide une formule avec la centrale à béton, mais ne transmet pas l’agrément au CSTB. Auquel cas, la centrale à béton peut penser être agréée alors qu’elle ne l’est pas, officiellement », explique Nicolas Desforge, instructeur d’Avis technique Chape pour le compte du GS13 au CSTB. Enfin, il existe des centrales à béton, qui peinent à faire ce suivi périodique. « Beaucoup de producteurs sont des entreprises, qui se sont faites elles-mêmes et qui travaillent sans relâche. Il faut arriver à leur faire comprendre que le suivi qualité fait partie de leur mission au quotidien », souligne Axel Bermond, développeur commercial chez Cemexa.
Dans tous les cas, le titulaire de l’Avis technique est l’interlocuteur du groupe spécialisé (GS) et de la CCFAT. C’est donc lui, qui dépose les demandes d’agréments pour de nouvelles centrales à béton, afin qu’elles apparaissent sur la liste officielle des unités de production agréées et visées par l’Avis technique. « A charge pour lui d’informer la centrale à béton et ses applicateurs de l’obtention ou du retrait de l’agrément », insiste Virginie Cordier (CSTB).
« Pour la centrale à béton, ce suivi n’a rien de compliqué. Le prélèvement des 4/4/16 pour la vérification de résistances mécaniques ne demande que quelques minutes, une seule fois par mois », relativise Olivier Lardet (Cemfluid). Cependant, il peut être plus difficile à maîtriser pour les centrales mobiles de malaxage, qui doivent laisser les prélèvements sur chantier le temps de la prise, avec la contrainte de devoir les récupérer. Le risque est aussi que ces échantillons aient été malencontreusement jetés. Du côté du titulaire de l’Avis technique, l’investissement est plus conséquent. Il faut déjà compter entre 5 000 et 7 000 €/an et par Avis technique pour le simple suivi du CSTB. Ensuite, les essais laboratoire, les relances auprès des centrales à béton et le dialogue avec le CSTB demandent entre deux et trois collaborateurs à plein temps.
Vers une certification ?
Sans doute poussés par les rappels à l’ordre du CSTB, les titulaires d’Avis technique semblent avoir pris conscience de leur rôle auprès des centrales à béton et ont mis en place des outils pour les aider à gérer ce suivi régulier. Intranet avec accès personnalisé permettant aux centrales à béton de rentrer les résultats d’essais pour Sika. Système d’auto-collant à décoller pour se souvenir si l’essai a été réalisé, du côté de Cemfluid. Guide qualité papier et numérique, conçu par Cemexa. Ou encore, relances automatiques, SMS… Chaque industriel possède ses astuces pour assurer le suivi de ses centrales à béton agréées. « Malgré tous les efforts déployés, nous n’avons pas encore 100 % de notre réseau, qui soit agréé. Nous avons cependant pris conscience du sujet et visons à rattraper le retard. Il s’agit avant tout de garantir la qualité au long cours à l’applicateur »,affirme Axel Bermond (Cemexa).
L’agrément des centrales à béton, s’il est rassurant, ne signifie pas pour autant qu’il existe un véritable contrôle extérieur de la fabrication et de la qualité des produits. Le CSTB ne réalise qu’un seul contrôle par Avis technique et par an. Pour l’industriel qui possède 150 centrales à béton, par exemple, ce n’est absolument pas représentatif…
Aujourd’hui, alors que l’on parle de faire basculer les chapes fluides vers le domaine normatif traditionnel, la certification des produits est de plus en plus à l’ordre du jour. Dans ce cadre, l’ensemble de la chaîne serait audité et encadré, du formateur à l’applicateur, en passant par les unités de production. « La future certification permettra une mise en valeur du suivi qualité, une meilleure visibilité pour les utilisateurs et une amélioration de la traçabilité des produits », conclut Virginie Cordier.
Aurélie Cheyssial