Après 300 ans d’existence, l’entreprise familiale Fassa Bortolo a décidé de sortir de sa zone de confort italienne pour se mesurer aux grands de toute l’Europe. Personne ou presque ne connaissait la marque en France il y a encore dix ans. Au départ, l’industriel a visé le marché français de la chape fluide, disposant notamment d’une chape anhydrite E 439 développée parmi les premières en Europe et validée par plusieurs décennies de pratique. Toutefois, l’implantation de Fassa Bortolo en France s’est finalement accélérée après la mise en service en 2011 d’une première usine de plaques de plâtre dans le Piémont, destinée à valoriser des gisements de gypse naturel en sa possession à Asti. La certification NF remonte à 2012, année à laquelle l’Italien adhère au Syndicat national des industries du plâtre (Snip).
Ouverture à l’international
La filiale française est directement gérée par Paolo Fassa, ce qui donne l’occasion de l’évoquer, lui qui brille plutôt par sa discrétion. Il a intégré l’entreprise il y a un demi-siècle, l’accompagnant et la guidant précisément à partir du moment où le chaufournier a pris une orientation vers les solutions diversifiées pour le bâtiment. Fassa Bortolo a ainsi émaillé le territoire italien d’une douzaine de sites industriels couvrant l’essentiel de ce qui constitue l’essentiel de la construction italienne, traditionnellement orientée vers l’enduit plus que vers les systèmes secs. Sa démarche de contrôle et d’intégration horizontale et verticale, permettant de maîtriser la qualité de la plupart des constituants des produits élaborés, a valu à Fassa Bortolo de s’imposer comme leader italien de sa spécialité.
Cependant, le marché des matériaux et produits pour la construction s’est peu à peu ouvert à l’Europe et Fassa Bortolo s’est retrouvé face à des géants comme Knauf ou Weber (Saint-Gobain) déjà solidement implantés dans différents pays européens, des grands groupes par ailleurs très axés sur la plaque de plâtre. Face à ces compétiteurs multinationaux, Fassa Bortolo a décidé d’étendre à son tour le registre de ses activités à la plaque de plâtre. Et à s’orienter vers des implantations en Europe. C’est pour ainsi dire la réponse du berger à la bergère. Désormais, un site de production industriel situé au Portugal et un en Espagne s’ajoutent aux 16 sites italiens. Fassa Bortolo dispose également de trois filiales commerciales en Italie, trois en Suisse, une en France, une en Espagne et une au Royaume Uni.
Chapes fluides & Cie
En 2013, Fassa Bortolo embauche François Torrent comme responsable technique France, chargé aussi de l’assistance et basé à Lyon. L’ingénieur travaillait depuis 20 ans au CSTB dans le domaine de la certification. Pour un industriel qui mise sur la qualité, c’était l’interlocuteur idoine pour franchir les barrières alors incontournables de l’Avis technique.
Les références transalpines ne manquaient pas. Mais des partenaires comme Euro Chape Fluide à Grasse se sont chargés de les compléter. Par des références françaises. « Aujourd’hui, en matière de chapes, les contraintes logistiques font que Fassa Bortolo fournit surtout deux grands clients français. Euro Chape Fluide et CFA à La Ravoire en Savoie, livrés directement à partir du site de production, qui se situe dans le Piémont », explique François Torrent.
Toutefois, l’offre est complétée par des solutions en sac qui sont, elles, commercialisées dans toute la France par les réseaux du négoce. De même qu’une large palette de solutions du bâtiment parfois complémentaires. Comme les colles à carrelage, les solutions de ravoirage, les joints, sans oublier tous les accessoires de pose. « Nous apportons une attention importante a toutes les étapes de la chaîne. Et cela commence dès notre laboratoire de recherche et développement Fassa I-Lab (certifié ISO 9001-2015). Afin de pouvoir sélectionner les formulations qui garantissent le mieux la qualité des produits. Et de prédire, par des tests spécifiques, leur comportement dans les conditions environnementales les plus diverses. »
Systèmes
L’offre Fassa Bortolo s’articule en systèmes. L’offre concernant le monde de la chape se retrouve dans la catégorie “Système Pose et Sols et Revêtements”. Qui regroupe une bonne vingtaine de produits, dont une chape anhydrite disponible en silo ou en sac. Cinq chapes à base de ciment, dont une allégée, des solutions de ravoirage, de ragréage, des primaires, des mortiers de réparation. Ainsi que toute une série de compléments et accessoires acoustiques. En France, ces produits sont commercialisés par les négoces.
La profondeur de cette gamme “maison” s’explique quand on parcourt la liste impressionnante des autres systèmes. “Système d’architecture naturelle”, “Système construction”, “Système enduits”, “Système d’assainissement”, “Système de rénovation du béton”, “Système de consolidation et renforcement structurel”, “Système finition”, “Système couleur”. Mais aussi “Système tintométrique”, “Système d’isolation thermique par l’extérieur Fassatherm”, “Système plaques de plâtre Gypsotech”. Et enfin, “Système Underground”, “Système Chaux”, “Système équipements”.
L’enjeu QB
[©Fassa Bortolo]Selon François Torrent, le marché français de la chape est confronté actuellement à deux évolutions majeures. D’une part, la révision du DTU 52.1 ne permettant plus la pose scellée sur les planchers des bâtiments d’habitation collectifs. Cela constitue un appel d’air pour le développement des chapes, notamment des chapes fluides. Par ailleurs, les chapes fluides sont en train de devenir des techniques traditionnelles. Les solutions seront associées à une nouvelle certification type QB, une marque de certification régie par le CSTB. « Nous souhaitons une marque de qualité sans compromis », souligne François Torrent. En effet, avec l’évolution du DTU, si une certification forte s’appliquant aux produits et aux applicateurs n’est pas mise en place, les sinistres risquent d’augmenter
Vers une économie douce
Comment le leader italien voit-il l’avenir en cette année charnière 2020, qui montre bien la fragilité de nos modèles économiques et industriels ? La parole à Paolo Fassa, qui préside aux destinées de l’entreprise depuis des décennies : « Le développement durable représente l’une des orientations globales fondamentales, qui caractériseront l’avenir de l’homme et conditionneront la croissance économique. C’est une multiplicité de défis continus auxquels nous nous devons de trouver des réponses pour concilier bien-être individuel, qualité de vie et protection de l’environnement.
Au quotidien, nous relevons ces défis et la société Fassa Bortolo investit constamment dans la recherche et le développement. Ceci, afin de trouver des solutions axées sur la qualité alliant tradition, territoire, mais aussi l’innovation technologique, et le design. Peut-être est-ce l’embryon d’un nouveau modèle économique, une économie douce capable de conjuguer compétitivité et valorisation du capital humain, croissance économique et respect de l’environnement et des droits de l’homme, productivité et cohésion sociale… »
Jonas Tophoven