Sans aucune expérience du bâtiment. C’est avec ce “bagage” que Benoît Liechty s’est lancé dans l’aventure de l’entrepreneuriat. « J’ai créé Isoprom en 2011. J’avais cette envie d’être entrepreneur, de construire quelque chose. Fasciné par le monde du bâtiment que j’ai découvert à travers la famille d’entrepreneur de mon épouse et cherchant à exploiter mes connaissances techniques acquises lors de ma formation d’ingénieur en plasturgie, je me suis lancé dans la projection de mousse PU.
J’étais convaincu que ce procédé d’isolation avait un fort potentiel, car il répondait à une attente du marché de l’isolation thermique. Par contre, la mousse PU projetée était peu connue et ne représentait pas grand-chose à côté des matériaux et procédés traditionnels d’isolation. Il me fallait pouvoir proposer différentes solutions à mes clients. Je me suis rapproché d’un club de créateurs et de repreneurs d’entreprises. Il y avait là un cédant d’une société qui faisait du soufflage, du flocage et de la pose de panneaux rapportés. Impossible de sauver cette entreprise. En revanche, j’ai pu racheter le matériel et embaucher l’un des collaborateurs. »
C’est ainsi qu’a démarré l’aventure Isoprom. « Après avoir suivi une formation d’applicateur chez Isotrie en Belgique, nous sommes devenus concessionnaire de cette marque dans l’Est de la France. La première année d’activité m’a permis de me familiariser avec le procédé, de mettre en place des process et d’organiser la méthodologie de travail. »
Au bout d’une année, l’équipe s’est étoffée. « J’ai trouvé une personne avec de l’expérience dans la projection, afin qu’elle prenne ma place sur les chantiers. Pour que je puisse prendre du recul et réfléchir au développement futur de l’entreprise. »
De la mousse PU aux isolants de tout type
Les cinq premières années de l’entreprise Isoprom permettent à Benoît Liechty de se familiariser avec les techniques utilisées, de développer une assise commerciale et de mettre en place un site Internet. « C’est sans doute lié à ma formation d’ingénieur, mais je veux savoir comment sont produites et comment fonctionnent les solutions que l’on propose. Cela me permet aujourd’hui de pouvoir répondre aux besoins de mes clients, de trouver des solutions techniques dans le domaine thermique, acoustique et de protection passive incendie. »
Par la suite, le dirigeant a aussi cherché à diversifier son catalogue avec des matériaux biosourcés. Afin de limiter son empreinte carbone. Ainsi, outre la ouate de cellulose, la laine de bois et le chanvre peuvent être soufflés. Des panneaux de fibre de bois ou de liège sont aussi disponibles. « En flocage, nous devons répondre essentiellement à des exigences thermiques et coupe-feu. Nous privilégions actuellement pour la thermique la laine de verre Jetspray de Knauf qui se distingue par sa faible densité et conductivité thermique par rapport à la laine de laitier traditionnellement appliquée. »
« Je l’ai dit, je ne veux pas être dépendant d’un seul matériau. Par contre, pour l’isolation sous chape qui représente 80 % de nos chantiers en mousse PU projetée, il n’y a pas d’alternative à ce jour offrant une empreinte carbone plus favorable. Pour cette application, ce n’est pas seulement le matériau qui est intrinsèquement performant. Mais surtout le procédé de projection qui permet d’isoler des sols irréguliers, en jouant aussi le rôle de ravoirage. Dans la course à la décarbonation, il faut prendre garde de ne pas plier trop vite au dogmatisme au risque de perte de la technicité. »
Un intégrateur pour gérer tous les aspects du complexe de sol
C’est avec cette idée qu’en 2023, Benoît Liechty a fondé une seconde structure : Solia. « L’idée est de centraliser au sein d’une seule structure toutes les compétences du complexe des sols. Nous gérons l’isolation sous chape, la mise en œuvre de la chape et le revêtement de sol. Pour cette dernière partie, nous avons le statut d’intégrateur, puisque ce n’est pas notre équipe qui pose les revêtements. Mais nous gérons les sous-traitants. Nous répondons là à une demande des clients de n’avoir qu’un seul interlocuteur. Que ce soit pour les questions administratives ou techniques. » Pour la chape, la pompe Putzmeister de l’entreprise voit passer des Classic et des Thermio Max de chez Anhydritec, et l’ensemble de la gamme Cemexa.
Benoît Liechty ne s’est pas contenté de deux entreprises, il est aussi impliqué nationalement au CSTB et à l’Unecp-FFB. « J’étais au SFTPP c’est quoi ???? lorsqu’il a été rattaché à la FFB. A ce moment, je me suis intéressé un peu plus au syndicalisme professionnel, qui permet à la fois de réseauter. Mais aussi d’être impliqué dans les processus de décision qui font évoluer nos métiers. C’est pourquoi j’ai accepté d’être président de la Commission mousse PU au sein de l’union, lorsque l’on me l’a proposé. Afin d’appuyer les réflexions autour de la formation, de la sécurité et de la recyclabilité. » Au CSTB, il est membre du comité particulier QB23 des mousses PU et membre expert au GS20 des produits et procédés d’isolation thermique. « Là encore, mon côté ingénieur a joué, j’aime connaître et comprendre les évolutions technologiques des produits. »
Un show-room en préparation
Cette carrière d’entrepreneur va aboutir dans les prochains mois à l’ouverture d’un show-room. Qui sera basé dans les locaux de Solia, près de Strasbourg. « Nous y exposerons les solutions de marques de revêtements de sol portugaises du groupe Gres Panaria et Amorim Wicanders que nous représentons en France. »
Un jalon dans le développement des deux entreprises qui comptent désormais 20 collaborateurs pour Isoprom et 3 pour Solia. Des équipes qui travaillent dans une zone de 100 km autour de la capitale alsacienne. Même si elles peuvent se déplacer partout en France en fonction des projets. « Notre prochain défi est de trouver des jeunes qui veulent s’impliquer et que nous pourrons former », conclut Benoît Liechty. Et ainsi poursuivre l’œuvre de diversification.