Des recommandations “Rage” dédiées
Il fallait donc agir, surtout dans la perspective du Grenelle de l’Environnement, qui souhaitait aplanir le terrain pour des constructions à haute efficacité énergétique, comme la construction bois était présumée l’être, en raison de l’isolation intégrée dans l’épaisseur de la paroi. En tout cas, ne pas rendre ces ouvrages encore plus chers qu’ils n’étaient déjà par essence. D’où cette idée d’élaborer des recommandations professionnelles “Rage” (Règles de l’art Grenelle Environnement 2012), relatives aux chapes et aux dalles sur plancher bois. Des recommandations parues dès juillet 2013, qui ont le double avantage d’être librement accessibles (car financées par EDF et GDF Suez) et reconnues par les assureurs dès leur approbation.
Comme le précise la définition du domaine d’application, ces recommandations professionnelles ont pour objectif de définir les conditions d’exécution de chapes et de dalles non structurelles à base de liants hydrauliques visées par le NF DTU 26.2 sur planchers en bois ou en panneaux à base de bois, en construction neuve. D’autant qu’elles couvrent ainsi indirectement le champ de la rénovation, par l’intermédiaire d’une Annexe B, qui fournit un exemple d’attestation de bon dimensionnement du plancher bois en support de chape ou de dalle.
L’un des points cruciaux de ces recommandations concerne le chapitre 2.4 dédié à la maîtrise des transferts d’humidité dans le plancher. Le constat principal est que “le complexe film d’interposition + chape constitue un frein aux échanges hygrothermiques entre le plancher et le local au-dessus”. En conséquence, les mesures à prendre dépendent des conditions ambiantes de part et d’autre du plancher, ce qui est bien compliqué. Pas moins de quatre cas de figure se dégagent :
– Le cas habituel de plancher intermédiaire du même logement chauffé de la même manière à tous les niveaux, qui ne requiert pas de précautions.
– Le cas s’apparentant à celui de la dalle de plancher sur vide sanitaire, qui n’est pas non plus un problème, à condition de respecter les exigences de ventilation du DTU 51.3, qui ne sont cependant pas spécifiées de façon précise dans un sous-chapitre dédié.
– En cherchant avec patience, on trouve le sous-chapitre 5.2.2.b relatif aux “planchers porteurs sur solivage mis en œuvre avec risque d’exposition à l’eau”, qui précise que “Dans le cas de vide sanitaire, la hauteur minimale sous le solivage ou le support bois le plus bas doit être de 0,30 m. Celui-ci doit être débarrassé de toute matière organique et les orifices de ventilation doivent être en place et judicieusement répartis”.
– Enfin, il y a le cas entre logements distincts où il va falloir placer un pare-vapeur en sous-face des solives, de sorte que le plancher bois soit emmitouflé dans une espèce de bouteille thermos. Une fois fermée, l’humidité de cet ouvrage ne pourra pas s’évacuer. Il faudra donc veiller en principe à ce que la siccité du bois corresponde aux conditions d’utilisation, ce qui est tout de même très difficile dans les conditions d’un chantier. L’approche perspirante, associée à des matériaux non hydrophobes et donc alternatifs aux laines minérales, n’est pas prise en compte dans ce document.