Considérée comme la plus vaste opération privée de reconversion d’un monument historique en France, le chantier du Grand Hôtel Dieu, à Lyon (69), représente une surface de près de 51 500 m2. Cet ancien hospice, hôpital et secteur maternité qui a fermé en 2010, se transforme en espace multi-activités, mêlant commerces et restaurants, bureaux, hôtel 5 étoiles, cité internationale de la gastronomie, centre de convention et logements. C’est l’entreprise Chapes Concept, basée à Saint-Martin-d’Hères, en Isère (38), qui a remporté l’appel d’offres de la réalisation des chapes du futur hôtel, en juillet 2016. Après quelques reports, le chantier n’a débuté qu’en janvier dernier. Dans un premier temps, il s’agissait de rattraper les niveaux de 2 cm à 20 cm d’épaisseur sur près de 1 000 m2. Puis, de couler les chapes, désolidarisées sur un isolant phonique en laine de roche de 2 cm d’épaisseur. A la demande de la maîtrise d’œuvre, c’est le même produit – une chape fluide ciment -, qui a servi, tant pour le ravoirage que pour les chapes.
Pour réaliser les 10 000 m2 de chape fluide ciment répartis sur 4 niveaux, Chapes Concept est intervenue par équipe de 3 personnes, toutes les 2 semaines environ. « Le futur hôtel est constitué de multiples bâtiments, qui s’imbriquent les uns dans les autres. Nous avançons édifice par édifice, à raison d’un étage tous les 15 j, ce qui représente de 300 à 500 m2 de chape en 6 cm d’épaisseur », explique Cédric Chenevay, gérant de Chapes Concept.
Eviter la fissuration… même sous contraintes
Suite aux problèmes de fissuration rencontrés au démarrage du chantier avec une autre marque, Chapes Concept a choisi la Cem’Floor de Cemexa, fournie par Réseau Chape : une chape fluide qu’elle avait déjà eu l’occasion de tester. « Avec les mêmes contraintes et la même façon de faire, nous n’avons plus eu de soucis », se félicite Cédric Chenevay. Difficile en effet de trouver une chape adaptée aux particularités de ce chantier. « Non seulement certaines parties ne sont pas recouvertes dans le délais recommandé de 8 semaines, mais en plus les bâtiments ouverts et bénéficiant d’une grande hauteur sous plafond sont sujets aux courants d’air. Dans de telles conditions de chantiers, la plupart des chapes fluides ciment auraient fissuré… » La principale contrainte s’est trouvée dans le temps de recouvrement, qui variait fortement d’une zone à l’autre. Les parties carrelées constituées par les salles de bains ont été recouvertes dans les 2 semaines, tandis que le parquet des chambres n’a été posé que 4 à 5 semaines après le coulage. Reste les coursives, qui, pour certaines, attendront presque un an avant de recevoir le revêtement final. « Il était difficile de faire autrement, puisque la moquette ne peut être installée qu’au dernier moment, une fois le chantier fini. Bien sûr, nous aurions pu choisir une chape anhydrite pour les couloirs, mais il était vraiment compliqué d’employer 2 produits différents sur ce chantier. » Dans l’attente du recouvrement final, la solution trouvée a été de recouvrir les chapes avec la résine d’accrochage SikaLatex de Sika, afin de bloquer l’humidité dans le support.
Une affaire de logistique
Si la mise en œuvre de la chape restait classique, la plus grande difficulté résidait dans l’approvisionnement du chantier. Impossible de se garer dans la rue ou sur les quais. Les toupies devaient obligatoirement stationner dans les cours intérieures de l’Hôtel Dieu. Mais pour chaque cour, il y avait un seul accès et de multiples livraisons pour les différents prestataires. A cela s’ajoutaient les travaux de réfection des réseaux dans les cours elles-mêmes ! « Suivant l’endroit où nous réussissons à nous garer, nous mettions de 40 m à 120 m de tuyaux. En début de chantier, un défaut d’organisation nous a même obligés à renvoyer des camions, faute de pouvoir leur trouver une place. Depuis, tout est anticipé et le planning des livraisons est minutieusement étudié et comparé avec celui de l’ensemble des acteurs du chantier. »
Le Grand Hôtel Dieu de Lyon ouvrira ses portes au public, pour une première tranche, fin 2017, après 43 mois de travaux. L’hôtel cinq étoiles, le centre de convention et la cité internationale de la gastronomie seront, eux, livrés, dans un second temps fin 2018. Pour Chapes Concept, l’aventure devrait se terminer en juin prochain, après 18 mois de travaux.
Aurélie Cheyssial
Fiche chantier
Architectes : Albert Constantin et Didier Repellin
Construction : Eiffage construction
Promotion : Eiffage Immobilier et Générim
Chapes de l’hôtel intercontinental : Chapes Concept
Chape mise en œuvre : Cem’Floor de Cemexa