Sous quelle forme Mapei est-il présent sur le marché des sols ?
Nous avons deux axes de développement. D’une part, le marché des sacs prêts à l’emploi, sur lequel nous avons une large offre de ragréages et de mortiers de finition et de colles. Et de chapes dites “sèches”, qui sont des solutions très techniques. Ces dernières répondent à des besoins très spécifiques et sont disponibles via les réseaux de distribution.
D’autre part, avec notre activité béton, nous accompagnons depuis plusieurs années nos clients dans leur formulation de chapes fluides, à travers notre offre d’adjuvantation. Cet accompagnement est important pour nos clients BPE car la chape est un élément stratégique pour leur propre gamme de produits. Cette activité prend de plus en plus de place, d’où notre réflexion sur notre offre de chapes fluides.
Vous lancez donc votre propre gamme de chapes fluides Mapei ?
En effet, à l’heure où je vous parle, nous sommes en cours de certification QB46 d’une chape C16 F3 et d’une C20 F4. Les deux sont proposées avec ou sans fibres structurelles synthétiques. La gamme se nomme MapeChape Fluid. Ces chapes présentent un retrait inférieur à 600 µm et un espacement des joints de fractionnement correspondant. Elles permettront de couvrir la quasi-totalité des besoins des chantiers de chapes.
La gamme est-elle appelée à être complétée par d’autres solutions ?
La gamme comptera rapidement deux autres solutions sous DTA, qui présenteront les mêmes caractéristiques mécaniques. Mais avec l’option de cure intégrée et la suppression de la pellicule de surface, donc du ponçage. Pour cela, nous disposons d’un additif, proposé sous forme liquide ou en poudre, selon le choix du producteur de chapes : Mapecrete NG/L ou Mapecrete NG/P En résumé, nous avons deux chapes classiques, la C16 et la C20, et leurs variantes avec cure intégrée et suppression de la pellicule de surface.
Selon nos estimations, cette gamme couvre de 90 à 95 % des besoins du marché de la chape. C’est une excellente base pour entrer sur ce secteur d’activité et y nourrir des ambitions fortes. Mais en tant qu’adjuvantier, avec notre longue expérience, nous possédons les technologies pour travailler à d’autres solutions. Comme une chape C25 F5 pour les locaux dits “P4S”, ou des chapes avec un retrait limité à 400 µm. et des espacements de joints plus importants. En attendant, il nous faut déjà réussir ce lancement avant d’étoffer notre gamme par la suite. Le rythme sera aussi dicté par celui des certifications.
Le lancement de la gamme est prévu à quel moment ? Et quels sont vos objectifs de volume ?
A l’automne. Dès que nous obtiendrons la certification QB46, nous débuterons la production et le déploiement. Notre force commerciale est déjà à pied d’œuvre auprès de nos clients. Nous sommes sur un lancement national et sur un marché que nous connaissons déjà . Nous visons donc la même part de marché que notre activité “adjuvants”, c’est-à-dire plus ou moins 12 %, dans un premier temps … Ensuite, il est clair que cette offre renforcera aussi l’attractivité de Mapei et nous permettra d’accélérer le développement de toute notre activité liée au béton.
Quelle clientèle visez-vous ? Vos partenaires BPE, des indépendants prêts à se lancer dans la chape ou de la conquête sur vos concurrents ?
Nous visons l’ensemble des acteurs du marché. Nous sommes prêts à travailler tant avec des acteurs déjà installés sur leurs marchés locaux qu’avec une entreprise encore novice dans la production de chapes fluides. Nous allons tout naturellement proposer, en premier lieu, cette gamme à nos partenaires BPE actuels.
La clientèle va aussi évoluer avec l’élargissement de notre gamme. Très vite, nous proposerons nos solutions aux chapistes qui produisent leur matière première à partir de camions-malaxeurs.
La question est un peu abrupte, mais n’est-il pas trop tard pour Mapei, pour arriver sur ce marché ? N’est-il pas déjà mûr et structuré ?
Je ne crois pas. Certes, c’est un marché porteur et déjà bien occupé. Mais il est encore en pleine croissance, technique et volumique. J’entends par là que les chapes ne sont pas à la fin de leur histoire technologique. D’autres inventions ou évolutions sont à trouver. Et, côté volume des parts de marché sont encore à prendre sur d’autres solutions constructives.
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Ce marché nécessite de l’accompagnement. Nous pouvons faire la différence sur ce point. Nous disposons d’une structure de suivi de grande qualité avec notre équipe de technico commerciaux spécialistes du béton. Nous disposons de deux laboratoires mobiles tout équipés qui nous permettent de nous rendre chez nos clients pour les assister. Cette gamme est une exclusivité sur le marché. Sans compter que nous avons recruté trois personnes supplémentaires spécialisées pour accompagner le lancement de cette activité. Je crois au contraire que c’est le bon moment pour Mapei.
Vous pouvez désormais présenter des offres allant du dallage aux joints de carrelage. Est-ce que des systèmes de sol complets pourraient arriver sur le marché ?
En effet, notre savoir-faire est très complet. Cela nous permettra de proposer des solutions complémentaires aux entreprises utilisatrices pour mieux les accompagner. C’est aussi une des raisons de notre arrivée sur le marché : nous amenons à nos clients BPE des solutions robustes et la connaissance des entreprises. Et à nos applicateurs une offre très complète et complémentaire à celle de nos colles, ragréages et mortiers. Mais nous ne voulons pas enfermer nos clients, en les obligeant à acheter des systèmes complets interdépendants.
Est-ce une sortie mondiale ou un développement français ?
C’est un développement français. Mais la force de notre groupe est de pouvoir s’appuyer sur des savoir-faire internationaux. Nous avons donc puisé dans notre expertise d’innovation et les technologies, liées ou pas à la chape, pour créer cette gamme. La France est plutôt pionnière en matière de chapes fluides. Nous pourrons donc apporter notre expertise à nos collègues lorsqu’ils en auront besoin.
Est-ce que l’impact carbone des chapes est un enjeu commercial ?
Le côté bas carbone des chapes n’est pas encore une problématique centrale. La chape est un ouvrage de faible épaisseur, qui contribue modérément à l’empreinte carbone totale des ouvrages. Cependant, au fur et à mesure que le niveau d’exigence va augmenter, il faudra jouer sur tous les leviers, y compris celui de la chape. D’une part, la baisse de l’impact viendra avec l’intégration des ciments bas carbone aux chapes actuelles. C’est un mouvement qui est en cours. D’autre part, il y a une autre manière d’aborder le sujet : c’est de réduire le volume de matière, en travaillant sur des chapes plus performantes mécaniquement. Cela permettra d’en diminuer l’épaisseur. Ce qui mécaniquement baisse l’empreinte carbone de l’ouvrage.
Ainsi, nous avons notre épingle à tirer du jeu, puisque nous sommes des spécialistes de l’adjuvantation. Et pour baisser l’empreinte carbone, il est nécessaire de sourcer localement le maximum de matériaux. Il faut donc compenser leur non-homogénéité avec des adjuvants. C’est notre savoir-faire.