Cemex propose une offre assez riche de chapes fluides. Pouvez-vous nous la détailler ?
Jean-Marie Modica : Au départ, la chape fluide était synonyme d’enrobage des tuyaux des planchers chauffants. Mais au fil du temps, de nouveaux besoins sont apparus, liés à la facilité de mise en œuvre du produit. Et une baisse de la pénibilité. Par ailleurs, le nouveau DTU ne préconisait plus la pose scellée, ce qui limitait la pertinence de la chape traditionnelle.
Aujourd’hui, nos clients ont tous des besoins différents en matière de chapes. D’où une offre à deux niveaux – anhydrite et ciment – qui couvre des résistances allant de C16-F4 à C30-F6, dont certains intégrant des additifs permettant de disposer de caractéristiques complémentaires.
Yvon Fourment : L’anhydrite est très appréciée, car elle permet de traiter des surfaces beaucoup plus importantes, même si son temps de séchage est plus long que pour le ciment. C’est pourquoi nous venons d’intégrer la solution R+R d’Anhydritec, qui réduit le délai avant recouvrement possible.
Côté ciment, nous travaillons avec Cemexa, un nouveau partenaire pour nous. Nous allons proposer en particulier sa chape P4S sous Avis technique dans les mois à venir. Le produit est en cours de développement chez notre partenaire et devrait être disponible sur notre réseau dans les mois à venir.
Enfin, longtemps, nous avons eu la volonté de développer notre propre offre produits. Nous continuons d’ailleurs à proposer notre chape ciment Advanci ChapFluid afin de couvrir tous les besoins du marché.
Toujours en termes de produits, un élargissement de l’offre est-il programmé ? Peut-être avec de nouvelles solutions développées en interne avec votre filiale Cemex Admixtures ?
J.-M. M. : Le fait que les chapes fluides vont passer dans la traditionnalité va ouvrir le champ des possibles, en termes de nouveautés produits. Avec cette évolution du cadre règlementaire, nous aurons donc beaucoup plus de liberté en ce qui concerne la R&D. L’innovation constitue un axe de travail, ceci pour mieux répondre aux habitudes, au marché, aux règles.
Y. F. : Une de nos volontés fortes est d’être initiateur de solutions moins carbonées. Au sein de notre gamme bétons, nous avons notre offre Vertua, à impact CO2 réduite. Il est évident qu’il y a une perméabilité entre nos gammes et décliner Vertua en version chapes est tout à fait envisagé. Il existe une feuille de route “bas carbone” au niveau de la profession, avec des échéances à 2030, 2040 et 2050. Nous y adhérons pleinement, en y intégrant un calendrier plus contraint : entre cinq et dix ans.
J.-M. M. : En parallèle, nous sommes depuis longtemps engagés dans une politique RSE forte. Préserver l’environnement fait partie de notre ADN. Nous avons des solutions décarbonées, mais leur utilisation peut imposer de sortir du cadre normatif actuel. Faire du très bas carbone dans le respect de la NF EN 206/CN en prenant en compte les rythmes de rotation de nos clients, c’est comme rouler en 5e avec le frein à main serré !
Qu’est-ce que le réseau experensol ?
J.-M. M. : Au départ, experensol était le réseau dédié aux applicateurs de chapes fluides Cemex. Mais il s’est rapidement élargi aux bétons horizontaux et aux bétons décoratifs de sols. Il apporte toute l’expertise Cemex, l’assistance technique et, bien entendu, la formation des applicateurs.
Y. F. : La chape fluide est un marché très disputé, avec une très haute exigence de service. Par exemple, un contrôle de fluidité est nécessaire pour chaque toupie livrée. Nos applicateurs sont formés pour effectuer cette opération dans les règles de l’art.
J.-M. M. : experensol réunit maintenant environ 300 applicateurs agréés. Entre 70 et 80 centrales de BPE proposent des solutions chapes, soit plus d’un tiers de notre outil de production. Mais pour une couverture géographique supérieure à 90 %. Ceci, aussi bien en anhydrite qu’en ciment.
Dans le Sud, nous allons même plus loin avec l’inauguration de notre première centrale à 100 % dédiée à la production de chapes fluides. Il s’agit d’une centrale classique aménagée pour cet usage, en particulier au niveau du local à adjuvants. Cette unité est basée à Cugnaux, à la périphérie de Toulouse.
D’ici la fin de cette année, une 2e centrale du même type devrait voir le jour, toujours dans le Sud. Mais cette fois-ci, ce sera une création et non une transformation.
Cemex s’apprête à proposer une nouvelle offre de service dans le domaine du pompage des chapes. De quoi s’agit-il exactement ?
J.-M. M. : Le service est inscrit dans les gènes de Cemex. Un des freins dans le développement des chapes fluides chez certains artisans carreleurs est le niveau d’investissement nécessaire, en termes de matériels de pompage. Et faire appel à la location est très contraignant en temps et en déplacement. C’est pourquoi nous avons fait le choix de proposer ce service à ces professionnels, en lançant une machine tout à fait inédite. L’artisan peut ainsi disposer, en même temps, de la chape fluide et de l’équipement nécessaire à sa mise en œuvre.
Quel est le matériel choisi ? Quelles sont ses caractéristiques ? Comment cette offre sera-t-elle déployée sur le territoire ?
Y. F. : Nous nous sommes tournés vers Mecbo qui a assuré le développement de cette machine particulière. Elle est la première de ce type disponible sur le marché.
J.-M. M. : Visuellement, c’est un malaxeur-pompe, mais sans flèche, monté sur un porteur 8 x 4. La cuve bénéficie d’un volume de transport de 9 m3. La pompe est, elle, spécialisée et offre une capacité de 15 m3/h, tout à fait adaptée à la chape. La grande particularité de cette machine est la présence d’un enrouleur à fonctionnement hydraulique avec 40 m de tuyau. Le véhicule emporte aussi des longueurs de tuyaux complémentaires.
Y. F. : Ce malaxeur-pompe est une première. Il sera basé dans le Sud de la France pour commencer. Le déploiement va dépendre de l’accueil qui lui est fait, Mais si la demande est bien au rendez-vous, d’autres machines seront intégrées à l’offre. Dans tous les cas, nous essayons d’être innovants, afin de nous différencier.