Est-ce que les questions acoustiques, et en particulier la réduction des bruits d’impact, sont devenues un enjeu majeur de la construction, au même niveau que l’isolation thermique ?
Gérard Persuy : En effet, il y a un phénomène en croissance sur ces questions. Pour le moment, c’est moins un enjeu que l’isolation thermique, car il y a moins de volonté politique. La lutte contre le réchauffement climatique, et notamment le retard de la France sur ce sujet, pousse à agir toujours plus sur ce point. L’acoustique est davantage du domaine du confort du quotidien.
Mais cette notion se développe. Avec le confinement, les Français ont passé plus de temps dans leurs logements. Et ces questions sont devenues problématiques, en parallèle du télétravail. Il y a une poussée sur le marché de la rénovation, notamment sur des planchers bois.
La demande est de toute façon là. Les techniques des produits et les méthodes de mise en œuvre évoluent, en particulier, avec les évolutions du NF DTU 52.1 qui vont progressivement substituer en logements collectifs les mortiers de scellement des revêtements de sol par des chapes hydrauliques. Par exemple, pour l’isolation des planchers bas, les panneaux en polyuréthane Knauf Thane Sol d’épaisseur minimale 56 mm ou en polystyrène expansé Knauf XTherm Sol Th30 d’épaisseur minimale 61 mm sous chape en mortier de ciment de 60 mm assurent une isolation au bruit d’impact d’au moins 20 dB, ce qui permet de s’affranchir de l’ajout d’une sous-couche acoustique.
La demande est forte pour l’apport d’acoustique dans la construction bois ?
G. P. : Oui, c’est vrai pour les basses fréquences. Il y a des solutions qui existent, en associant une chape hydraulique, des panneaux sous chape et de l’isolation sous plafond. Pour certains projets, les architectes veulent voir les sous-faces des planchers, ce qui complique les choses. Nous cherchons donc à développer des solutions sèches. Nous avons déjà dans notre gamme Knauf Brio.
Quel impact a eu le Covid-19 sur votre année 2020 ?
G. P. : Nous avons bien sûr eu un fort ralentissement de l’activité en avril dernier. Au quatrième trimestre, les grands chantiers ont bien repris, mais sur un rythme moins élevé. Mais en ce début d’année, il y a eu un emballement international, avec une très forte reprise en Asie et en Amérique du Nord. La demande de matières premières a ainsi explosé, ce qui crée des déséquilibres entre les pays. Par exemple, le cours des matières premières pour les panneaux en polyuréthane a doublé. A ceci s’ajoute la peur de la pénurie. Ce qui tend encore plus le marché. Nous arrivons à nous faire livrer, mais les délais s’allongent.
Vous pouvez maintenir votre production ?
G. P. : Oui. Nous sommes sur une véritable tension du marché, qui oblige nos collaborateurs à redoubler d’efforts pour obtenir des livraisons de matières premières et pouvoir maintenir notre production. En revanche, là où nos délais étaient d’une semaine, nous sommes plutôt aujourd’hui sur un mois. Le calme devrait revenir à l’automne. En revanche, nous avons une inquiétude inverse pour la fin d’année, les dépôts de permis de construction étant en berne. Cette année, la croissance est en mode montagne russe.
Knauf Circular, le service de valorisation des déchets propres de PSE (Polystyrène Expansé), est désormais déployé sur l’ensemble du territoire. Là encore, le recyclage et l’éco-conception des produits sont un enjeu majeur ?
G. P. : Nous réintégrons déjà depuis longtemps nos chutes de production de PSE dans la production générale. Nous avions mis aussi en place la collecte sur les gros chantiers. Aujourd’hui, nous dupliquons cette organisation au niveau national. En parallèle, nous mettons sur le marché un nouveau polystyrène expansé Knauf NexTherm, fabriqué à base de bio-naphta et biogaz, issus de la valorisation de ressources renouvelables biomasse. Nous disposons aussi de la gamme Knauf Fibra à base de laine de bois, issue de forêts gérées de façon équitable. Ces produits ne sont pas, pour le moment, destinés aux travaux de sols. Et pour l’éco-conception complète, c’est encore un peu tôt.
Knauf Circular est disponible pour les chapistes ?
G. P. : Dès qu’il y a des travaux d’isolation avec du PSE, c’est disponible. Mais c’est évidemment plus facile pour nous de collecter les chutes sur les gros chantiers rassemblées par l’entreprise dans des sacs dédiés que nous fournissons. Mais l’enjeu est en effet de pouvoir atteindre le gisement des plus petits chantiers. Pour cela, nous développons des partenariats avec les réseaux de distribution pour qu’ils disposent dans leurs agences de zones de collecte et de stockage des déchets de PSE triés. Et, ainsi les intégrer à notre circuit de valorisation. Un peu sur le modèle des déchetteries. C’est une question sur laquelle nous travaillons.
Le passage des chapes dans le domaine de la traditionnalité aura-t-il des implications pour vous ?
G. P. : Sans doute. Déjà le marché des chapes hydrauliques devrait se développer, nous ouvrant de nouvelles perspectives. L’enjeu sera, pour tout le monde, de maintenir un niveau de qualité élevé.