Vous lancez une nouvelle chape. Est-ce que vous pouvez nous la dévoiler ?
Nous sortons la Cemfloor C30 et la Mobicem C30. Il s’agit de deux variantes d’une même chape fluide. Sur le terrain, elle risque de devenir la chape mince C30 Cemexa. Le changement le plus notable par rapport aux autres solutions de notre gamme est la résistance mécanique à la compression. En effet, celle-ci est classée C30, comme son nom l’indique… En résumé, c’est une chape C30-F6. De cette garantie de résistance augmentée découlent des performances différenciantes, qui viennent nous ouvrir de nouvelles possibilités.
Sur quelle épaisseur ces deux chapes vont-elles pouvoir travailler ?
Nous allons pouvoir travailler sur plusieurs types d’applications. En pose adhérente, donc directement sur un support béton, nous allons couler à minima 15 mm d’épaisseur. Pour une pose désolidarisée, sur un film polyane, isolant ou Scam de classe SC1, nous allons être à 25 mm. Et nous revendiquons aussi 2 cm sur tubes, dans le cas d’un plan chauffant.
C’est une solution que vous n’aviez pas encore à la gamme ?
Il était essentiel de disposer d’une solution très mince. Puisque les C20 et C25 pouvaient déjà être considérées comme un peu plus minces que les autres. Mais cela faisait un petit moment que nous n’avions pas sorti une vraie innovation. Nous avions une utilisation de cette technologie à l’étranger, mais en France, ce n’était pas encore le cas… Au vu des très bons résultats que nous avions en particulier au Royaume-Uni, nous avons mis le paquet pour une sortie en France.
Est-ce que le contexte normatif est équivalent en France et au Royaume-Uni ou bien le développement de cette chape C30 a-t-il dû être revu ?
Nous nous sommes adaptés aux matériaux français, qu’il s’agisse des sables ou des ciments. Et puis il est vrai qu’en France, lorsque l’on veut déployer une solution innovante, qui n’est pas connue, il y a toute une batterie d’essais à réaliser. Ce qui nous a occupés pas mal de temps. Nous revendiquons des résultats assez exceptionnels pour une chape fluide ciment. Il est donc normal de prendre le temps de caractériser ses performances. Nous avons donc effectué des essais au poinçonnement, de tenue au feu pour la protection des isolants…
Réglementairement parlant, quel est le statut de cette chape fluide ?
Nous sommes sous DTA. Nous allons surpasser un petit peu le tronc commun des Règles professionnelles. Nous gardons un socle commun à tous nos produits : le faible retrait. Mais aussi l’absence de fibres et le séchage rapide. Ce dernier est même très accéléré dans le cas de la C30. Notre nouvelle chape fluide est compatible pour les locaux jusqu’à P4. Et nous allons pouvoir couler dans des pièces humides, sans limitation. Le produit est aussi 100 % recyclable. Et au niveau de son cycle de vie, nous serons considérés comme inertes dans le cadre de la démolition. Ce qui est important pour le bilan carbone.
Est-ce qu’une pellicule de surface est présente. En d’autres termes, le ponçage est-il nécessaire ?
Il s’agit d’une chape avec un état de surface très soigné. Le “sans pellicule”, nous ne le revendiquons pas à l’heure où nous nous parlons. Mais très vite, nous pourrons le prévoir. Aujourd’hui, cette chape nécessite un produit de cure. Cependant, le ponçage va être une opération rapide et simple. C’est un léger ponçage.
Vous nous avez parlé d’un séchage accéléré. Pouvez-vous nous le caractériser ?
Les chiffres sont sous la réserve d’un test de cohésion de surface. Mais il va être possible de poser un carrelage 72 h après le coulage. Et la chape est circulable au bout de 24 h…
Votre chape est disponible en BPE avec la version Cemfloor et en centrale mobile avec la version Mobicem. Cette dernière approche reste-t-elle essentielle dans votre stratégie ?
Nous ne ferons jamais l’un sans l’autre. D’ailleurs, le DTA est commun aux deux versions.
Quel marché ou quel type de clientèles visez-vous avec cette nouvelle chape ?
Ce que nous souhaitons en premier lieu, dans ce contexte économique un petit peu délicat, est d’arriver à offrir des solutions techniques à nos clients. Pour aller sur le marché de la rénovation, nous allons pouvoir diminuer les épaisseurs. C’est-à-dire alléger les structures sur un plancher existant, par exemple. Nous irons aussi chercher la conductivité thermique et les performances de plancher chauffant. Puisqu’avec 2 cm sur tuyau, nous allons pouvoir intervenir sur le marché des chapes techniques, notamment les bases anhydrite déjà existantes.
Enfin, nous parlions de l’état de surface plutôt soigné. Là, nous pourrons satisfaire parfaitement aux exigences des revêtements techniques de type résine, sol décoratif, tous les produits terrazzo…
Le marché des sols décoratifs est assez dynamique. Cette nouvelle chape a-t-elle été développée pour accompagner ce mouvement ?
Nous sommes en pleine réflexion et développement sur ce sujet. Nous envisageons même des partenariats sur des solutions de chapes associées à des revêtements décoratifs. Notre chape C30 se positionne sur le marché des sols techniques où l’on veut absolument sécuriser le revêtement, car coûteux… Dans ce cadre, la chape C30 trouve sa place, puisque nous revendiquons moins de 400 µm de retrait. Nous pouvons réaliser de grandes surfaces sans joint. Et offrir une résistance mécanique qui va lui donner une super durabilité et des cohésions de surface élevées pour une accroche parfaite. Donc oui, vous avez tapé dans le mille à propos de l’association de produits décoratifs. En effet, il y a un retour à ce genre de revêtements déco : granito, terrazzo et enduit béton.
Les performances de votre chape la destinent aussi à concurrencer les chapes anhydrite sur leur propre terrain. Est-ce l’objectif ?
Les chapes fluides anhydride et ciment offrent des qualités, un petit peu différentes les unes des autres. Je pense que les industriels des chapes anhydrite sont un peu comme nous, ils essaient de tirer le meilleur de leur chape. Alors oui, c’est vrai, nous nous sommes inspirés des performances de l’anhydrite. Et, avec notre technologie ciment, nous tendons à aller chercher ces mêmes performances. Il est clair qu’avec des épaisseurs aussi fines, nous souhaitons offrir à nos clients historiques une solution pour pénétrer le marché des anhydrites !
La Cemfloor C30 et la Mobicem C30 sont-elles déjà disponibles ?
Pendant toute l’attente de l’éclosion du DTA, persuadés que ce produit fonctionnerait, puisqu’il donnait déjà d’excellents résultats à l’étranger, nous l’avons formulé avec les matériaux locaux de nos clients distributeurs. Un peu partout en France. Aujourd’hui, nous sommes prêts à déployer cette chape à grande échelle, sans restriction. Si demain un applicateur nous demande une C30, nous trouverons une formule calée sur une centrale pour la livrer.
Partout en France ? A moins que les matériaux spécifiques nécessaires limitent sa disponibilité géographique ?
Oui. La formulation est particulière, avec des dosages spécifiques, une quantité d’additifs calibrés. Notre laboratoire de Donzère formule pour nos clients et, aujourd’hui, cette chape C30 est disponible auprès nos distributeurs qui référencent déjà la gamme Cemexa. Le produit est donc accessible à l’échelle nationale.
Une particularité quand même : nous amenons une grosse assistance technique lors des premiers coulages. Pour bien expliquer les spécificités de cette chape, puisque nous avons gagné en fluidité. Et lors des pauses adhérentes, la préparation du support est importante, voire essentielle, pour la réussite du chantier. Donc, nous voulons être présents pour bien accompagner les applicateurs sur le terrain.
Comment comptez-vous améliorer cette assistance à la mise en œuvre, en particulier sur les premiers coulages ?
Nous avons toujours nos sept responsables de secteur qui quadrillent la France. A titre personnel, je suis arrivé en milieu d’année dernière, dans un rôle de prescription et de responsable de performance commerciale. Je parcours la France pour animer des réunions techniques, assurer des formations, annoncer notre nouvelle gamme. Une à deux fois par semaine, je participe à des meetings qui tournent autour de nos innovations et qui permettent la description de tous nos produits. J’en profite pour faire passer les messages techniques.
Est-ce que le contexte économique est favorable pour lancer une innovation ? Ou bien, est-ce les périodes compliquées qui stimulent l’innovation ?
Il est clair que vous voulons avant tout aider nos chapistes à passer cette crise. Cette nouvelle chape s’inscrit dans une ouverture de marché, en allant sur le segment des chapes anhydrite. Nous ne pouvons pas nous en cacher. Nous proposons aussi une moindre pénibilité, dans le cas de la mise en œuvre des chapes minces adhérentes. Au lieu de réaliser des ragréages avec une mise en œuvre fastidieuse de produits en sac, nous apportons de la compétitivité à nos entreprises. Ainsi, nous espérons gagner des parts de marché et que nos clients trouvent de nouveaux chantiers grâce à ce type de produits.
Cette chape devrait-elle évoluer dans le futur ?
Nous travaillons déjà à obtenir une Fdes pour afficher notre bilan carbone et être référencés sur la base Inies. Notre chape C20 affiche déjà un très bon score carbone. Nous avons donc bon espoir de performer là-dessus, d’autant que l’épaisseur de notre C30 est en retrait.
Ensuite, il y a un gros travail qui est fait sur la conductivité thermique, qu’on augmente à mesure qu’on réduit l’épaisseur de la chape. Mais nous ne nous arrêtons pas là. Nous cherchons encore à améliorer cette conductivité. Aujourd’hui, nous avons compris le fonctionnement, les tenants et les aboutissants pour améliorer ce point particulier. Sous peu, nous allons pouvoir poser des valeurs qui vont, peut-être, un peu surprendre le marché. Cela fait partie des choses sur lesquelles nous travaillons de façon intense…
Ce travail va-t-il permettre une évolution de cette chape C30 ou voir la naissance d’une nouvelle chape ?
C’est la direction générale qui se prononcera sur cette opportunité. Cette chape C30 pourra intégrer une meilleure conductivité thermique et ce sera éventuellement, une vraie évolution. Il est encore trop tôt pour parler de sa forme commerciale.
Cette évolution arrivera-t-elle cette année aussi ?
Oui, ce sera pour cette année. Le projet s’inscrit dans la continuité des choses. Nous avons toujours voulu innover et toujours avoir un coup d’avance. Nous ne voulons pas nous arrêter juste sur une nouvelle chape mince. Nous voulons la décliner, la développer. Et revendiquer de fortes valeurs de conductivité thermique…