Quelle est votre analyse de l’état du marché de la construction et des chapes fluides en particulier ?
Vincent Jaume : Le marché est plutôt en baisse de façon générale. C’est une tendance depuis deux ans. Mais la chape fluide baisse moins que d’autres matériaux puisqu’elle continue de se développer face à la chape traditionnelle. La conversion est encore assez importante. Par ailleurs on constate une hausse dans le marché de la rénovation. Au final, on peut résumer la situation par un “ça pourrait être pire”.
Les gains de parts de marché sur la chape traditionnelle restent-ils le levier majeur de développement ?
V. J. : Oui, c’est un levier important certes, mais ce n’est bien sûr pas le seul. Chez Cemfluid, nous travaillons activement et, en priorité, à la recherche de nouveaux clients. Que ce soit des convertis venus de la chape traditionnelle ou des nouveaux clients sur le marché de la chape. Et ceci, autant avec nos solutions pour les BPE que pour les centrales mobiles.
Géographiquement, est-ce que le maillage de Cemfluid couvre l’ensemble du pays ?
V. J. : Nous n’avons encore pas un maillage complet de tout le territoire et il subsiste des zones de l’Hexagone où nous ne sommes pas encore présents. Mais nous nous y développons. Bien entendu, notre maillage est plus dense dans le quart Sud-Est qui est notre région d’origine. Nous sommes aussi plutôt bien installés dans la région Centre, en Ile-de-France, en Bretagne et en Normandie. Nous avons bien sûr l’ambition, à terme, de mailler efficacement tout le territoire.
Est-ce que c’est plus facile de développer un maillage avec vos solutions pour BPE ou avec celles pour les centrales mobiles ?
V. J. :Aujourd’hui, il est plus facile pour nous de nous développer auprès de clients BPE. Même si le segment des centrales mobiles nous intéresse fortement. En fait, notre solution est tellement simple à implémenter que les BPE ont déjà tout ce qu’il faut. Pour rappel, pour les centrales mobiles, nous avons une solution en vrac, qui est un prémix.
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Pour les BPE, nous avons aussi une solution d’adjuvantation en vrac, ou une solution conditionnée. Celle-ci se compose de sachets de doses hydrosolubles tout-en-un. Il n’y a besoin ni de silo, ni de la disponibilité d’une pompe à adjuvant. C’est la solution la plus compacte du marché et elle se déploie dans un délai très court.
Est-ce que vous visez plutôt les petits indépendants ou les BPE plus importants ?
V. J. : Nous voulons travailler avec tout le monde. Mais il est vrai que le profil d’indépendant de Cemfluid fait que beaucoup de nos clients sont eux-mêmes des indépendants. D’autant que nous leur offrons un déploiement rapide. Mais nous collaborons aussi avec de grands groupes.
Sur le marché, vous êtes le seul producteur indépendant français de chapes fluides. Est-ce que c’est une cape facile à porter ?
V. J. : Oui, car c’est une force. Cela nous permet de conserver une forte réactivité dans nos développements et de nous rapprocher nos clients. Nous ne sommes pas sur une simple stratégie économique. Nous créons des partenariats forts et durables avec nos clients. Par exemple, nous ne voulons pas les concurrencer entre eux. Notre maillage se crée donc en bonne intelligence. De plus, nous n’avons pas de contrainte de volume.
Est-ce aussi facile pour la recherche et le développement ?
V. J. : Cela n’empêche rien. Nous avons des développements qui sont efficaces et rapides. C’est sans doute plus compliqué pour nous d’obtenir un Avis technique, puisque cela représente une forte masse de travail et nous n’avons encore pas de personne dédiée. Mais nous avons encore plus les mains libres pour explorer de nouvelles pistes.
Justement en matière de R&D, l’heure pour tout le monde est à la chape fluide bas carbone. Est-ce aussi votre cas ?
V. J. : Bien entendu, nous travaillons à mettre en place notre propre solution de chape fluide bas carbone. Notre objectif est de la commercialiser en 2025. Nous avons déjà réalisé nos premiers tests sur chantiers. Nous sommes sur une phase d’amélioration et de confirmation des données. Nous voulons que cette solution soit à l’image des produits Cemfluid, robuste et facile à travailler, que ce soit pour les producteurs comme pour les chapistes.
Est-ce que ces chapes représentent une nouvelle génération technologique et vont-elles remplacer la génération actuelle ?
V. J. : Dans un premier temps, ce seront des produits complémentaires. Qui seront plutôt utilisés dans les bâtiments publics et les constructions les plus emblématiques. Et sous réserve de leur efficacité économique, elles se développeront ensuite sur tous les segments du marché. Et oui, à terme, elles devraient remplacer en grande partie les technologies actuelles.
Est-ce qu’en ce sens, la RE 2020 et ces différents paliers seront décisifs ?
V. J. :Oui, ce sont les paliers de la RE 2020 qui vont imprimer le rythme de cette transition. Ils seront les déclencheurs des différentes phases. D’abord, dans les bâtiments publics, puis pour une utilisation généralisée. On peut estimer qu’en 2030, elles seront la technologie la plus utilisée.
C’est votre axe de développement unique pour le futur ?
V. J. : C’est l’un de nos axes principaux. Mais nous gardons quelques surprises en préparation qui devraient aussi arriver sur le marché en 2025…
Est-ce que la situation actuelle du marché ralentit votre développement de nouvelles technologies ?
V. J. :Même si les volumes généraux sont à la baisse, cela ne nous ralentit pas. Puisque nous sommes nous-mêmes en croissance avec l’arrivée de nouveaux volumes. Et dans ces périodes, il faut capitaliser pour préparer la reprise. Nous restons un outsider. Nous devons donc profiter de cette période, tant commercialement qu’en R&D.
Outre Cemfluid, vous dirigez aussi Béton Avenue. Est-ce que des synergies ont cours entre ces deux entités ?
V. J.: Ce sont deux entités totalement différentes et deux façons totalement différentes d’aborder les clients finaux. En effet, Cemfluid touche les producteurs et Béton Avenue, les applicateurs. Mais le fait d’approcher ces deux clientèles donne des facilités dans la compréhension du marché et l’apport de nouvelles solutions.
De ce côté-là, est-ce qu’il y a actuellement des évolutions technologiques ?
V. J. :Nous sommes toujours à l’écoute des tendances du marché. Et ce n’est pas spécifique à la chape, même si c’est le segment où nous sommes le plus légitime. Aujourd’hui, nous avons des solutions pour les carreleurs, les projeteurs de mousse et nous nous ouvrons aux dallagistes industriels, aux maçons et aux façadiers. Et nous continuons de référencer de nouveaux produits en fonction des besoins de nos clients. Nous sommes un négoce en ligne capable d’apporter du conseil et des solutions concrètes. Si besoin, nous pouvons répondre à un cas spécifique en allant sourcer une nouvelle solution. Et pour en revenir aux évolutions, nous commençons à aborder le marché des bétons décoratifs et nous densifions notre gamme de solutions de chimie du bâtiment. Nous sommes pleinement dans notre rôle d’apporteur de solutions.