Les enduits millimétriques pour les âmes sensibles
Ces mortiers fins se présentent sous la forme d’un bi-composants : d’un côté, une poudre à base de minéraux, de pigment et de ciment, de l’autre, des adjuvants. La mise en œuvre à la taloche réclame cependant de maîtriser une gestuelle aléatoire, qui renforce l’aspect minéral de cette finition. « Les chapistes maîtrisent la technique, l’analyse du support, la résistance mécanique et la teneur en eau, ce qui est primordial pour limiter les litiges, mais ils ne sont pas formés à l’esthétique. Chez les chapistes comme chez les maçons, seul un quart aura d’emblée cette sensibilité », prévient Lionel Ballet. Pour autant, cela s’acquiert avec le temps et les industriels proposent des solutions pour rattraper ou atténuer un talochage inexpérimenté.
A l’inverse, le mortier ou coulis auto-lissant se pose à la manière d’un ragréage auto-lissant. D’une épaisseur de 5 mm environ et d’un rendu plus homogène, il se coule sur les sols plans de tous types : carrelage, chapes, dalles… « La différence avec un ragréage traditionnel est qu’il est en base blanche et qu’il est suffisamment dur pour ne recevoir qu’un vernis en guise de finition », explique Patrick Leborgne, dirigeant de Harmony Béton. Cette solution a pour principal avantage sa rapidité et son confort de mise en œuvre. Sur le même principe que la chape fluide, le compagnon travaille en position debout et peut ainsi couler de très grandes surfaces, rapidement. La réussite d’un chantier n’est pourtant pas aussi aisée qu’il n’y paraît, car le produit est plus délicat à mettre en œuvre et plus sensible à la fissuration que le béton ciré spatulé. « Notre produit offre un très faible temps d’ouverture. Il faut réfléchir à la chorégraphie du chantier. Anticiper la météo, les reprises de coulage éventuelles, le traitement des joints de fractionnement et de dilatation. Le chapiste, s’il est correctement formé et suivi, arrive parfaitement à faire ce job. Ce sont d’ailleurs les professionnels, qui s’orientent vers des chantiers de taille plus importante », estime Matthieu Bellet, chef de marché sols chez Weber.
Adapter le produit à la clientèle
Le choix de l’une ou l’autre solution se fait d’abord en fonction du chantier. Les coulis se destineront à de vastes bâtiments, comme les musées, le tertiaire. Les bétons cirés spatulés, même s’ils conviennent aux grandes surfaces, se rencontrent surtout dans les boutiques ou chez les particuliers. Ce choix est aussi une question de prix. « A l’achat, le béton spatulé revient moins cher, car le couler nécessite 3 fois plus de matière pour faire le même nombre de mètres carrés. La main-d’œuvre est néanmoins moins coûteuse en lissé, puisque 50 m2sont coulés en 2 h, sans nécessiter de deuxième couche. Les bétons lissés seront ainsi facturés entre 80 et 90 €/m2, quand les prix du spatulé oscilleront entre 100 et 150 €/m2 », reprend Patrick Leborgne.
S’ils sont compensés par l’absence de certains travaux en rénovation, ces prix plutôt élevés restent un frein au développement du béton ciré.
Une autre tendance, beaucoup moins coûteuse, voit le jour. Il s’agit de mettre en valeur la chape fluide elle-même. L’aspect de cette dernière séduit en effet les particuliers qui cherchent un moyen de s’affranchir du revêtement final. La solution : appliquer directement un vernis sur la chape pour la protéger, après avoir éventuellement appliqué une patine. Pour l’instant, cette solution, qui convient aux chapes anhydrites, est surtout mise en œuvre par les particuliers eux-mêmes, à la recherche de solutions économiques pour leur sol. « Alors que cette pratique se développe depuis près de 6 ans, très peu de chapistes proposent aujourd’hui ce type de finitions, notamment parce que la chape, selon les DTU et les Avis techniques doit être recouverte. Pourtant, à 7 ou 10 €/ m2, en produit hors main d’œuvre, c’est une façon de se démarquer de la concurrence, en proposant une finition économique », estime Patrick Leborgne.