Peintres, décorateurs, maçons, carreleurs, les profils des professionnels s’étant lancés sur le nouveau marché du béton ciré sont variés. Et le chapiste a une place privilégiée. « Les chapistes ont toutes les cartes en main pour récupérer des marchés. Ils sont en lien direct avec le client, possèdent les machines, acquièrent facilement les compétences. Et surtout, ils maîtrisent le support, dont dépend la qualité du revêtement final », estime ainsi Lionel Ballet, dirigeant de l’entreprise Matière Marius Aurenti.
Omniprésent dans les magazines de décoration, le béton ciré ne représente pourtant qu’une infime part des revêtements de sol : moins de 1 % du marché annuel du carrelage (selon Lionel Ballet, dirigeant de l’entreprise Matière Marius Aurenti). La démocratisation de ces produits est longue, car ils constituent encore un marché haut de gamme avec des prix fournis posés, allant de 80 à 120 €/m2.Les perspectives de développement sont néanmoins importantes, notamment en rénovation où son extrême finesse (2 mm à 6 mm d’épaisseur) lui permet de rénover un sol, sans intervenir sur le carrelage existant ni modifier les hauteurs de réservation. En construction neuve, son esthétisme et sa facilité d’entretien lui ont ouvert les portes de chantiers d’envergure.
Différents procédés
Derrière l’appellation “béton ciré” se cachent différents procédés. Nous laisserons ici de côté la technique traditionnelle, qui ne représente que peu d’intérêt pour les chapistes. Cette dernière, appelée communément “béton hélicoptère”, constitue une dalle de 10 à 12 cm d’épaisseur, ayant reçu un durcisseur à base de quartz, puis lissé à l’hélicoptère. On la rencontrait surtout dans les bâtiments industriels. Plus simples à mettre en œuvre, les mortiers fins lissés comprenant les bétons cirés millimétriques à spatuler et les coulis cirés auto-lissants ne sont pas, à proprement parler, des bétons cirés traditionnels. « C’est une anomalie linguistique. Il ne s’agit pas de béton, mais de micro-mortiers, mélanges de sables, graviers, ciments et eau. De plus, la protection de ces mortiers se fait non par des cires, mais par des vernis. Ces produits, souvent à base de polymère pour réduire les risques de fissuration, n’auront pas la résistance du béton au niveau du poinçonnement», précise Dominique Sestillange, responsable produits spéciaux chez Cemex. S’ils n’ont pas la résistance d’un béton pour des usages industriels ou structurels, ils sont toutefois très performants et adaptés à des lieux résidentiels et commerciaux au trafic intense de type U3P3.
Les enduits millimétriques,appelés aussi “bétons cirés spatulés ou lissés”, sont apparus il y a près de 20 ans. D’aspect homogène, à moirage régulier ou effets marqués de type industriel, cette solution offre, au-delà des couleurs et du rendu mat, brillant ou satiné, une grande variété de finitions esthétiques. D’une épaisseur de 1 à 2 mm, ces bétons lissés s’appliquent sur tout type de supports en horizontal comme en vertical : chapes fluides ou traditionnelles, ciment ou anhydrite, dalle, carrelage, mais aussi meubles, murs, dallages extérieurs, revêtement de piscine… Ils peuvent aussi, sous certaines conditions, s’appliquer en extérieur.