Une question de planning
Beaucoup de chapistes s’étant lancés dans l’aventure ont finalement abandonné au fil du temps. En cause, des plannings souvent incompatibles entre les deux activités. « Un béton ciré nécessite de bloquer deux à trois personnes sur une semaine, ce qui implique de repousser les chantiers de chape », souligne ainsi Didier Mucignato, directeur de l’entreprise Sogibat (33), qui a cessé son activité de béton ciré pour se recentrer sur la chape fluide. En effet, il faut compter entre 1 semaine et 10 j pour un chantier en béton ciré, à raison de 2 à 3 h/j. Préparation du support, application des primaires, passage des différentes couches d’enduit (2 pour les talochés) et pose des différentes couches de vernis (de 1 à 4 couches selon les procédés), les étapes sont nombreuses et nécessitent de respecter des temps de séchage incompressibles. « Les chapistes, qui continuent, ont misé sur du personnel dédié à cette activité complémentaire », admet Christophe Vaissier, directeur d’activité bétons décoratifs de Chryso (Moderne Méthode). D’autres, à l’instar de l’entreprise Chape Liquide Corréas, à Châteaurenard (13), réussissent à jongler entre les deux types d’activité. « Les réalisations sont beaucoup plus valorisantes. En appliquant ces produits de luxe qui nous sortent de notre quotidien, nous avons l’occasion d’intervenir dans de très belles demeures ou des chantiers d’envergure», se félicite Amable Correas, dirigeant de l’entreprise éponyme.
Répondre à une clientèle exigeante
Habitué à faire un support non visible, avec le béton ciré, le chapiste ne doit pas répondre aux mêmes attentes du client final. Celui-ci sera attentif à deux critères principaux, qui s’étalent dans la durée : la fissuration et les taches. Il faut ainsi rester attentif aux recommandations des fabricants et bien choisir ses produits, car la clientèle est bien plus exigeante en matière de qualité pour les éléments décoratifs. « Il faut tout expliquer au client, afin qu’il comprenne bien les contraintes de son sol et qu’il puisse valider l’emplacement des joints », détaille Matthieu Bellet (Weber).
Aujourd’hui, les bétons cirés sont plus fiables qu’autrefois et les techniques mieux maîtrisées. Les étapes de préparation sont primordiales. Dépolir le carrelage, grenailler la surface de la dalle béton, remplir les joints de carrelage, choisir le bon primaire, chaque support a ses propres exigences qu’il faut connaître en fonction du type de produits mis en œuvre. « Il faut des gens bien formés. La réception du support est essentielle. Avec le temps, nous avons surtout appris à dire non. Par exemple, nous n’intervenons jamais sur un sol où il faudra faire un ragréage, car ces derniers ne nous semblent pas fiables dans le temps. Nous visons la qualité et la satisfaction du client final, car les litiges ne sont pas compatibles avec la vie d’une entreprise de sol », prévient ainsi Lionel Ballet (Marius Aurenti).
Difficile pourtant aujourd’hui de se repérer au sein du marché des bétons cirés. Peu d’industriels affichent leur classement UPEC et peu bénéficient de nos jours d’un Avis technique. Certains, dans une démarche qualitative, ont néanmoins fait tester les performances de leurs produits par des laboratoires accrédités. D’autres ont obtenu une appréciation technique expérimentale (ATEx). Afin de mieux prescrire ce produit et de s’assurer de sa destination, il faudrait que l’ensemble des entreprises du secteur se réunisse, afin de décrire les règles de mise en œuvre. Une affaire à suivre…
Aurélie Cheyssial