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Tous font cependant le constat que dans sa forme actuelle, la RE 2020 n’est pas encore favorable aux chapes, quelle que soit leur nature. De par leur volume réduit par rapport à d’autres éléments du bâti, les chapes n’ont que peu d’impact sur le calcul global du coût carbone d’une construction. Mais devenant de plus en plus stricte, avec les futures évolutions de paliers, la RE 2020 replacera les chapes au cœur du jeu. « Pour le moment, les chapes ne sont pas vraiment décisives au sein de la RE 2020, car les volumes liés au sol sont réduits par rapport à l’ensemble de l’enveloppe du bâtiment, détaille Vincent Jaume. Avec les paliers suivants, chaque élément deviendra vraiment décisif. C’est pourquoi il nous faut anticiper. »
Des paliers et des labels
Un constat que confirme Francis Augustin, tout en y ajoutant une précision. « Les différents niveaux de paliers de la RE 2020 vont affiner au fur et à mesure l’exigence de bas carbone. Et plus les paliers seront exigeants, plus chaque secteur sera scruté et notamment, les solutions appliquées sur les sols. Le palier de 2025 devrait être particulièrement décisif pour nous. Et d’ici là, sans doute que des labels plus exigeants viendront promouvoir nos produits et leurs très bons résultats. »
Pour Estelle Rodot-Chazal, c’est le complexe complet du sol qui va évoluer : « L’évolution des paliers de la RE 2020 devrait naturellement nous être plus favorable. Mais ce n’est pas le seul élément qui peut entrer en compte, la chape est un ouvrage intermédiaire, qui est très souvent utilisée pour l’enrobage de planchers chauffants. Par exemple, mieux faire connaitre les solutions et avantages des planchers chauffants couplés aux chapes fluides pourraient permettent de répondre plus favorablement au critères de confort d’été et d’hiver.».
Une ambiance économique peu favorable aux innovations
Une évolution attendue. Mais surtout une inquiétude diffuse. La RE 2020 apporte un surcoût à la construction des bâtis neufs. Qui vient s’ajouter à une hausse du coût des matériaux et de l’énergie. Ceci expliquant peut-être cela, les perspectives de la construction sont mauvaises pour 2023. Sans doute suffisamment pessimistes pour ralentir le développement de chapes bas carbone, dont le prix sera inévitablement plus élevé que les chapes standards.
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« Le contexte économique de 2023 pourrait un peu ralentir le mouvement, analyse Vincent Jaume. Voire devenir un sujet secondaire. Clairement, les chiffres du logement ne sont pas bons et nous nous attendons à une année compliquée. En parallèle, l’énergie et les prix des matériaux continuent d’augmenter. Je ne suis pas sûr que les clients ajoutent le surcoût du bas carbone à cette facture globale. Même si c’est un bon investissement sur le long terme. » Pour ne rien arranger, l’obtention des Fdes est ralentie par le nombre très important de demandes. Obtenir une Fdes qui garantit les résultats en matière d’impact carbone est long et couteux.
Tirer le BTP vers le haut
« Pour le moment, nous sommes encore sous les permis de construire d’ancienne génération, alors nous n’avons pas beaucoup de données, déclare Franck Pied. Mais la RE 2020 implique une augmentation des coûts de construction. Malheureusement, cela vient en parallèle d’une crise des matériaux qui fait augmenter les prix, de même qu’une crise énergétique qui a le même effet. » Estelle Rodot-Chazal abonde dans le même sens. « Le contexte actuel n’est pas non plus en faveur des solutions différenciantes, en termes de bas carbone. Avec l’augmentation du coût des matériaux, les preneurs de décisions respectent les critères actuels de la RE 2020. Béton Vicat reste optimiste sur les futures prescriptions à venir qui proposeraient des variantes en chapes fluides Bas carbone. »
Mais avec quelques chantiers emblématiques, le bas carbone pourrait bien faire basculer les plus sceptiques dans son camp. « Jusqu’à, il y a peu de temps, cette empreinte carbone très basse n’était pas un argument décisif dans le choix du type de chapes, détaille Francis Augustin. Mais cela a évolué. D’une part, le grand public est tout à fait conscient des préoccupations écologiques et cherche à agir sur ce point. D’autre part, il y a des chantiers qui veulent être exemplaires pour tirer le BTP vers le haut. A l’image des constructions liées aux JO 2024, pour lesquelles nous allons couler 130 000 m2 de Thermio Max. » De quoi permettre aux chapes d’apporter leur brique à l’extinction de l’incendie qui brule notre maison commune.