Sommaire du dossier :
- TMS : Le risque multi-factoriel, l’adversaire de tous
- Des progrès, mais encore du travail sur les TMS
Ces différentes contraintes, qui pourraient passer pour annexes, sont en fait au cœur de la politique de prévention de l’OPPBTP. Ce sont les risques différés, multi-factoriels. « Lorsque l’on parle de troubles musculosquelettiques ou TMS, il faut comprendre que nous sommes sur des risques multi-factoriels. C’est-à-dire que le risque ne se limite pas à une simple contrainte posturale. Certes, il y a des mouvements contraignants, qui s’additionnent à des efforts consentis, à des gestes répétés. Mais se cumulent aussi avec un environnement bruyant ou encore stressant. Par exemple, un client qui insiste pour regarder comment le professionnel travaille ou un délai de réalisation raccourci. Il y a là une pression supplémentaire et une autonomie réduite. C’est aussi sur ce type de facteurs de risque qu’il faut travailler », illustre Pascal Girardot.
Ce que confirme Valérie Tournier : « Si je reprends mon exemple des projeteurs de mousse polyuréthane, ils manipulent des produits chimiques. Ils portent une combinaison, un masque respiratoire. Il fait chaud, c’est compliqué de s’hydrater… Prises une par une ces contraintes ne paraissent pas insurmontables. Mais ces éléments s’additionnent, les risques s’aggravent. Nous parlons de poly-exposition, physique, chimique, sonore. Sans compter les vibrations, la température… » Un risque multi-factoriel qui est désormais pris en compte.
La prise en compte des risques différés multi-factoriels
« Nous avons fait beaucoup de progrès en maturité et en prise de conscience sur les TMS, détaille Pascal Girardot. Ce qui est aussi vrai en matière de risque différé. D’une façon générale, il y a une vraie prise de conscience des entreprises des risques de TMS. Mais il y a un décalage avec la proportion d’entreprises qui agissent en profondeur. » C’est la mission de l’OPPBTP que d’accompagner les entreprises vers une transformation de leur quotidien. « Nous avons lancé une campagne nationale pour sensibiliser aux TMS. D’autant que les entreprises peuvent agir très en amont, c’est la méthode la plus efficace. »
En effet, si certaines postures ne peuvent être évitées, préparer le chantier et organiser le travail permet de limiter autant que faire se peut une partie des facteurs. Pour résumer, moins d’aléas, c’est moins de facteurs de risque. Il faut maximiser tout ce qui est prévisible, diminuer l’imprévu. Par exemple, en ne dédiant pas une tâche à une seule personne, en organisant le travail entre plusieurs personnes.
L’organisation pour réduire les risques de TMS
« C’est bien entendu compliqué d’avoir du recul sur sa propre organisation, surtout quand une entreprise fonctionne bien. » D’autant que « la seule solution technique n’est pas adaptée, explique Pascal Girardot. Pour les risques de TMS, une étape d’analyse est nécessaire, c’est pourquoi il est conseillé de se faire aider. Par le Service de santé au travail, par les conseillers de l’agence régionale de l’OPPBTP, par un ergonome ou par la Carsat. Sans être une problématique compliquée, la question de l’organisation est complexe.
Même si les améliorations techniques du matériel et des matériaux peuvent tout de même aider. « Par exemple, pour les carreleurs, si se mettre à genou pour poser un carreau paraît difficilement évitable, couper les carreaux peut tout de même se faire debout, en utilisant une table de découpe. Ou de s’aider d’un chariot, motorisé ou pas, pour les approvisionnements. Il y a aussi des progrès qui sont réalisés sur les produits utilisés. »
Des guides dédiés arrivent
Reste que, comme dans tous les métiers du BTP, la pose de carrelage, la mise en œuvre des chapes fluides ou la projection de mousse polyuréthane exposent aux TMS. Comme les hygromas du genou et le douleurs de dos. « Il y a aussi une exposition à d’autres risques différés. Notamment dans l’utilisation de produits chimiques ou l’exposition aux ciments. Mais il y a, je trouve, du positif aujourd’hui en matière de TMS. Il y a une prise de conscience des entreprises du risque de TMS. Mais il y a aussi une prise de conscience individuelle. Les professionnels sont bien plus conscients des risques pour leur santé et n’hésitent plus à le signaler à leur hiérarchie. C’est très important. »
Autre bonne nouvelle, y compris pour votre serviteur, des informations spécifiques arrivent. « Par exemple, nous préparons de la documentation en matière de prévention pour les projeteurs de mousse polyuréthane, conclut Valérie Tournier. Et nous travaillons aussi sur la mise en œuvre des chapes fluides. » Et nous, nous en ferons l’écho, le moment venu.