Sommaire du dossier :
- La rénovation est-elle une valeur refuge pour la construction ?
- La rénovation, un eldorado sous les nuages
- Des freins structurels
- Les chapes ont une carte à jouer
En effet, dans son rapport mensuel sur l’état des indicateurs économiques de la construction, la FFB fait le constat d’un net tassement de la dynamique de la rénovation. « Le ralentissement sur le marché de l’amélioration-entretien se confirme avec une hausse de l’activité en volume limitée à + 1,7 % en glissement annuel au premier trimestre 2024, après + 2,6 % le trimestre précédent. Comme craint, la réforme trop brutale de MaPrimeRénov’ débouche sur un net tassement de la rénovation énergétique du logement, avec + 0,6 %, après + 2,1 % et + 3,2 % aux trimestres précédents, que ne compense pas la forte dynamique du non résidentiel qui affiche + 7,4 %. » Et si le secteur reste en légère croissance, son évolution depuis le début d’année a prouvé, s’il le fallait, sa dépendance aux subventions gouvernementales à la rénovation énergétique.
Des changements catastrophiques
En effet, en début d’année, l’Etat a modifié les conditions d’attribution de MaPrimeRenov’ afin, officiellement, de renforcer l’aide aux rénovations globales, plus efficaces, mais plus coûteuses. Officieusement, pour réduire la voilure du montant global des aides attribuées. Les propriétaires devaient aussi désormais appeler à des structures labellisées Mon Accompagnateur Rénov’ pour mener à bien leurs projets.
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Et certains travaux d’isolation devaient aussi être liés à l’installation d’un système de chauffage décarboné. Résultat, les demandes d’aides se sont effondrées de 40 % en janvier et février derniers, par rapport à la même période de 2023. « Les rénovations d’ampleur sont évidemment les plus efficaces, mais les imposer de manière trop forte et trop rapide a abouti aujourd’hui à bloquer le marché, comme nous l’avions prévu » avait alors commenté la Capeb. Appelant, en compagnie de la FFB, à un rétro-pédalage de la part du ministère.
Une écoute, puis un rabot
Appel entendu par le gouvernement et le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu dès mars : « Mieux vaut une rénovation globale à un mono-geste, mais mieux vaut un mono-geste plutôt que pas de rénovation du tout ». Dans les faits, jusqu’au 31 décembre 2024, MaPrimeRénov’ sera à nouveau attribuée pour des mono-gestes d’isolation ou d’installation de ventilation double flux, sans avoir à changer de mode de chauffage. Disparition aussi du diagnostic de performance énergétique (DPE) avant la réalisation de travaux sur un seul élément.
Enfin, la labélisation des structures Mon Accompagnateur Rénov’ s’est vu simplifiée. « Sans réduire l’ambition du dispositif accompagné d’offres globales, il a été décidé de lever les freins sur les gestes simples. Par ailleurs, la simplification du mécanisme de validation prévue pour Mon Accompagnateur Rénov’ devrait permettre de supprimer progressivement les plus lourds blocages et de réduire les délais d’intervention à ce jour inacceptables » a, alors salué la FFB. Depuis, l’enveloppe attribuée à MaPrimeRénov’ a été rabotée de 1 Md€ pour 2024. Concrétisant-là, l’un des problèmes structurels qui empêchent le secteur de pleinement exploiter le potentiel de la rénovation.