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Des critères et des montants alloués qui varient annuellement, en fonction des ajustements budgétaires de Bercy, c’est la réalité de MaPrimeRénov’. Une situation que dénonce la FFB depuis des lustres, notamment par la voix d’Olivier Salleron, son président. Il réclame en effet de la stabilité et un plan fixe sur cinq ans pour donner de la vision à la fois aux particuliers rénovateurs pour élaborer leurs projets et aux artisans pour s’adapter aux orientations.
Loin de la stabilité, c’est la dissolution de l’Assemblée nationale qui a été choisie par Emmanuel Macron, au soir d’une défaite électorale historique lors des élections européennes. Les orientations économiques et écologiques des différents courants politiques étant souvent diamétralement opposées, l’avenir des dispositifs de soutien à la rénovation énergétique est plus que flou.
Le labyrinthe administratif
Ceci, alors que la complexité administrative est l’un des freins majeurs à la massification de la rénovation énergétique. Dans son rapport “Le défi de la rénovation énergétique des logements”, la Fabrique écologique relève que 80 % des Français se sentent concernés par les problèmes d’environnement, que 94 % sont d’accord pour dire que leur consommation énergétique doit être réduite et que 87 % des propriétaires envisagent d’investir dans ce sens. Or, le passage à l’acte est encore trop réduit. Dans le rapport, la Fabrique écologique relève que « pour s’engager dans des travaux de rénovation, beaucoup de particuliers ne veulent pas avoir à s’occuper des paperasses ».
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C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que l’Etat a souhaité mettre en place les structures Mon Accompagnateur Rénov’. Mais pour que tous puissent s’approprier les différents dispositifs, il faut de la constance. Ce que confirme une étude réalisée par l’Ifop pour la Fédération bancaire française : « Il y a un enjeu d’accompagnement global des travaux de rénovation énergétique, avant, pendant et après. Pour le diagnostic, pour définir le projet et les solutions techniques, trouver des artisans compétents et disponibles, et informer aussi sur le financement de ces travaux (aides et prêts) ».
Financer les travaux de rénovation
Une étude, qui met en valeur un autre frein capital, le financement. « Pour 79 % des propriétaires interrogés, le frein cité en premier pour réaliser des travaux est l’obtention des aides publiques pour les financer et en second, de trouver un artisan. La situation financière est davantage un point bloquant auprès des propriétaires à plus faibles revenus. »
Ce n’est pas un hasard si une célèbre banque française multiplie les spots publicitaires annonçant qu’elle avance, désormais, les aides de l’Etat avec un prêt à un taux nul. Ce qui est d’ailleurs un souhait de la Capeb et de la FFB, qui appellent toutes les deux à une simplification des règles d’obtention des crédits pour aider au financement des travaux.
Où est la main-d’œuvre ?
D’autant qu’une autre étude, du cabinet-conseil McKinsey & Company pointe deux autres freins, liés, cette fois, directement à la structure même du BTP. Le premier étant la pénurie de main-d’œuvre que subit le secteur. Le cabinet estimant à 26 000 les postes à pourvoir au troisième trimestre 2023. Soit cinq fois plus que pour le troisième trimestre 2016.
« C’est le cas de rôles essentiels, à l’instar des conducteurs de travaux, des planificateurs, des soudeurs (pour les nouveaux sites industriels en particulier), des artisans (pour la rénovation énergétique) ou encore des métiers en lien direct avec le digital », détaille l’étude. Un manque de main-d’œuvre qui devrait s’accroître, puisque selon France Travail, 20 % de la main-d’œuvre actuelle partira à la retraite d’ici 2030.
Des prix toujours aussi hauts, un frein
L’autre frein identifié par le cabinet de conseil : les prix des matériaux qui restent très élevés comparés à d’autres secteurs. « Bien que les prix de certains matériaux, comme l’acier, aient baissé par rapport à leur sommet de 2022, ils restent néanmoins aujourd’hui nettement plus élevés en comparaison des prix relevés au début de l’année 2020 (+ 20 % pour l’acier). Ceci est en lien avec les perturbations de la chaîne d’approvisionnement à l’échelle mondiale et avec l’envolée des coûts de l’énergie et des matières premières. Même si cela tend à se stabiliser, nous estimons que la hausse pourrait demeurer significative, du fait d’un prix de l’énergie qui devrait continuer à peser lourdement ». N’empêche que malgré des freins structurels et des nuages de passage, la rénovation reste une mine de travaux potentiels.