Sommaire du dossier :
- La rénovation est-elle une valeur refuge pour la construction ?
- La rénovation, un eldorado sous les nuages
- Des freins structurels
- Les chapes ont une carte à jouer
Dans les temps troubles, l’être humain, en temps qu’Homo Economicus se tourne vers les valeurs refuges. L’intelligence populaire pousse ainsi à se tourner vers l’or et la pierre pour une mise à l’abri, sur le long terme, des économies. Pour la construction, la rénovation a aussi cette réputation. Alors que la construction de logements neufs n’en finit plus de s’enfoncer dans la crise, la rénovation du parc immobilier français serait une mine d’or peu exploitée par le secteur du bâtiment. Ce qui est en partie vrai. Mais le secteur de la rénovation n’est pas non plus un eldorado.
Une mine de travaux de rénovation
Qu’est-ce qui fait l’attrait de ce secteur du BTP ? Son apport aux carnets de commandes, et surtout, son potentiel. En 2023, selon une étude Quint pour le Club de l’amélioration de l’habitat, un chiffre d’affaires de 101,3 Md€ a été généré par le secteur de l’amélioration, de l’adaptation et de la rénovation des bâtiments. Soit 60 % du chiffre d’affaires général des travaux dans le secteur du bâtiment. Et le potentiel est immense, puisque l’on estime que le parc immobilier français compte 4,8 M de bâtiments très énergivores. Or, ils sont dans le collimateur du gouvernement depuis la loi Climat et Résilience de 2021. Cette dernière interdit la location, depuis le 1er janvier 2023 des biens, dont la consommation dépasse 450 kWh/m2/an. Au 1er janvier 2025, cette interdiction s’élargira aux logements notés “G” par les diagnostics de performance énergétique.
Lire aussi : Mécanisation, centrales pompes et services
Les logements classés “F” suivront en 2028 et ceux classés “E” en 2034. Autant de logements qu’il faudra nécessairement rénover. Ainsi, selon la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) du gouvernement, il est nécessaire d’atteindre un rythme de 50 000 rénovations de logements par an d’ici 2030. Une quantité qui nécessitera une mobilisation de 21 Md€ supplémentaires entre 2023 et 2030. Un gros secteur qui n’a encore que partiellement exploré une autre piste de croissance, l’adaptation des logements au vieillissement de la population. Le nombre de seniors étant en constante augmentation, ce secteur va prendre de l’ampleur en volume de travaux, alors qu’en 2022, il ne représentait que 2,4 % des travaux d’entretien-rénovation. Mais dans le contexte actuel, tout n’est pas si rose.