Lafarge vient de revoir son offre “chapes fluides”. Pourquoi cette refonte ?
Vanessa Crenn : Lafarge a toujours eu une offre très importante en matière de chapes fluides. Toutefois, cette gamme n’était pas très lisible, puisque les noms des produits ne permettaient pas une identification, en termes d’applications. Sachant que l’idée était de proposer le bon produit au bon chantier. D’où cette refonte, qui a abouti à la création de quatre gammes autour de la marque porteuse Agilia Chape. Les nouveaux noms sont à présent clairs. “Nivel” est l’offre de base. “Thermic” réunit les chapes adaptées aux systèmes de chauffage par le sol. “Force” est l’offre des chapes, présentant des capacités de résistances marquées. “Ravoirage” parle de lui-même. Au total, notre offre compte près de trente produits différents, montrant notre savoir-faire et notre capacité à répondre aux besoins. Et nous allons continuer à dynamiser cette offre.
Quels sont les nouveaux produits introduits à l’occasion de cette révision de l’offre ?
Notre dernière innovation s’inscrit dans la ligne Agilia Chape Thermic. Formulé sur la base d’un ciment Portland, cette chape fluide se caractérise par son faible retrait, inférieur à 400 µm/ml, ce qui permet de proposer un fractionnement tous les 80 m2 sur planchers chauffants. Sa seconde particularité est l’absence de cure. Du moins, celle-ci est directement présente dans la chape. Bien entendu, son absence supprime le besoin de ponçage pour les revêtements de carrelage… Ces particularités sont de vrais plus pour les chapistes, car les gains de temps sont réels.
Le moindre fractionnement répond aussi à un autre besoin. La mode est aux très grands carreaux. La diminution du nombre de joints permet une pose plus simple et un respect de l’esthétique attendue.
Les caractéristiques de cette nouvelle chape ont pu être obtenues grâce à un travail approfondi sur la formulation, suivi d’une longue phase d’essais avec notre réseau de chapistes pour ajuster, puis valider nos choix techniques.
Il n’y a plus de distinction entre chapes fluides ciment et chapes fluides anhydrite. Comment s’opère le choix et qui le fait ?
Le choix entre l’une ou l’autre solution est de la responsabilité de nos chapistes. Ce sont eux les sachants et il était important de le réaffirmer. Bien entendu, il y a des habitudes locales, qui poussent, là vers la chape ciment, là vers la chape anhydrite. Mais pour ainsi dire, 100 % de nos chapistes proposent les deux solutions.
Votre réseau de chapistes adopte aussi un nouveau nom : Pro Agilia Chape. Pouvez-vous nous le présenter ?
Sans réseau de chapistes, nous ne sommes rien… A l’heure actuelle, Pro Agilia Chape compte quelque 350 sociétés applicatrices, aux profils variés. Il y a des maçons, des carreleurs et des chapistes. Cela dépend des régions.
Chaque entreprise comme chaque chapiste sont formés et agréés. Nous avons mis en place l’équipe de formation et d’accompagnement la plus importante du marché. Celle-ci s’organise autour de nos chargés de développement des produits spéciaux, accompagnés de démonstrateurs. Etant rattaché à Lafarge Béton, nous profitons aussi de son équipe de techniciens qualité.
Avant de pouvoir devenir chapiste agréé, le candidat doit passer quelques épreuves qualificatives. Pour commencer, nous vérifions qui il est, ce qu’il veut faire et les moyens qu’il compte mettre en place. Après cette première phase, nous assurons sa formation, l’accompagnons sur plusieurs chantiers-tests, avant de l’admettre ou non au sein du réseau. C’est un contrat formel, avec un suivi permanent.
Sur votre site, on peut télécharger les fiches présentant les gammes, mais pas les DTA des chapes, ni les fiches techniques. Pourquoi ?
Il n’est pas encore possible de télécharger les DTA. Notre site a été mis en place il y a quelques mois seulement, dans sa version 1. Avec l’arrivée de la version 2, durant le premier semestre de cette année, l’opération deviendra faisable. Par contre, il n’y aura pas de fiches techniques spécifiques pour chaque produit. Nous avons avant tout voulu un site pédagogique. La technique, elle, est du ressort de nos chapistes, qui sont conseil et force de proposition.
Pas de syndicat professionnel, autant d’Avis techniques et de DTA que de chapes. La profession demande encore à s’organiser. Quel est votre avis à ce sujet ?
Le syndicat professionnel, nous y viendrons naturellement. Mais pour l’heure, personne ne semble prêt à prendre une initiative dans ce sens. Le souci aussi est que les industriels de la chape fluide viennent d’horizons très différents et il n’est pas forcément évident de les réunir tous sous une même bannière.
Pour ce qui est des normes, la problématique est similaire. Aujourd’hui, les chapes fluides continuent encore d’être considérées comme des produits innovants, donc difficiles à normer. Sans compter la nécessité de la formation, obligatoire dans le cas des Atec et des DTA, et surtout garante de la qualité de la prestation. Que deviendra cette partie avec la mise en place d’une normalisation ? Il ne faut pas oublier que c’est l’innovation, qui tire le marché.
Propos recueillis par Frédéric Gluzicki