Quelle est la relation entre le métier de carreleur et celui de chapiste ?
Maryse de Stefano : Le carreleur est un professionnel minutieux, qui a l’habitude de respecter les planéités et d’effectuer les réservations au niveau des portes et des portes-fenêtres. Il possède donc les qualités d’un bon chapiste. La chape fait généralement partie de son offre et peut aussi lui fournir de nouveaux marchés. Pour le client, il est souvent plus avantageux de n’avoir qu’un seul interlocuteur pour le lot “Sol”.
Au-delà, la réalisation de la chape assure au carreleur la maîtrise du travail livré dans son ensemble. Ayant réceptionné le support, il est en effet tenu pour responsable ou co-responsable en cas de sinistre.
Les chapistes rejoignent-ils votre syndicat ?
Les chapistes sérieux n’hésitent pas à nous rejoindre, afin de créer un vrai dialogue. Ils sont cependant encore trop peu nombreux, alors qu’il y a un réel besoin de pouvoir “contrôler” un peu plus le travail effectué.
Comment accompagnez-vous vos adhérents au quotidien ?
Le gros de l’accompagnement se fait au niveau régional et départemental, à travers des réunions d’informations techniques, chaque fois qu’il y a un changement de DTU ou de réglementation, ou l’arrivée sur le marché de nouveaux produits. Nous proposons deux assemblées générales annuelles et une newsletter régulière. De plus, nous avons des réunions destinées aux retours d’expérience des chantiers.
Quels sont les grands défis à relever dans le domaine de la chape ?
Le plus grand défi est celui de la traçabilité. Il y a une absence totale de rigueur de la part des maîtres d’œuvre sur la référence et le produit mis en œuvre au niveau des chapes. Les conséquences sont parfois dramatiques, puisque le type de chapes détermine le choix de la colle. Aujourd’hui, cette question est l’une des plus grosses missions du syndicat. Il est pourtant très difficile de faire avancer les choses, notamment parce que la chape est pratiquée par différents corps de métier, qui sont difficile à réunir.
Quelle serait la solution selon vous ?
Il faudrait une prise de conscience de tous les acteurs de la construction. Au final, la chape est un élément peu connu et les maîtres d’œuvre ne connaissent pas les éventuels risques qu’elle induit. En cas de sinistres, on vous demande quel type de colles vous avez utilisé. Par contre, on ne vous demande pas quel type de chapes vous avez coulé! La preuve, l’assureur SMABTP n’est pas en mesure de donner les chiffres, qui prennent en compte que tel ou tel sinistre a été la conséquence avec tel ou tel type de chapes. Aujourd’hui, les carreleurs paient des assurances astronomiques, mais le fait qu’ils soient toujours responsables en cas de problèmes est une solution de facilité. Cela ne permet pas de se poser les bonnes questions ni de faire évoluer les choses.
Il faudrait donc que les maîtres d’œuvre exigent des chapistes qu’ils inscrivent le nom du produit employé sur leurs factures, ou, à défaut, qu’ils transmettent leur bon de livraison.
Mais aujourd’hui, la situation est telle, que nous militons pour la mise en place des puces RFID dans les chapes fluides. Cette technique nouvelle permettrait au moins de pallier la défaillance des entreprises et des maîtres d’œuvre, en mettant à disposition du carreleur des informations comme l’usine de provenance, l’agrément du centralier, l’Avis technique du produit ou le nom de l’entreprise, qui l’a appliquée.
Propos recueillis par Aurélie Cheyssial