Le marché de la maison individuelle neuve est en chute libre depuis près d’un an. Un état de fait, qui devrait s’aggraver selon la LCA-FFB et gravement impacter la construction. La faute, semble-t-il, aux suppressions des aides gouvernementales à l’accession, qui boostaient le secteur.
Il est coutume de dire que l’on ne change pas une équipe, qui gagne. Non pas qu’il faille répéter, jour après jour les mêmes choix, mais changer quelque chose à une mécanique de haute qualité, c’est risquer de totalement la dérégler. Malheureusement pour le secteur de la construction, le gouvernement a franchi le pas en ce qui concerne les aides aux logements, détraquant au passage un marché, qui, jusque-là, fonctionnait sous perfusion.
Une catastrophe annoncée
Lors d’une conférence présentant une étude du LCA-FFB, son président Patrick Vandromme a rappelé que l’Etat consacrait 40 Md€ d’aide au secteur, pour une rentrée fiscale de 74,4 Md€. Un préambule pour rappeler le positionnement des gouvernements précédents, en termes de politique du bâtiment. Avec la suppression de l’APL Accession et le fort rabotage appliqué aux différentes aides, le gouvernement d’Edouard Philippe semble être la cause principale du dévissage actuel et annoncé des ventes de maisons neuves. Ainsi, fin juillet, sur un an glissant, les ventes de maisons neuves ont chuté de 9,8 %. Si l’on observe uniquement les résultats de 2018, fin juillet, la dégringolade atteignait 13,7 %. En volume, cela se traduit par 123 600 ventes contre 135 000 l’année précédente. « Depuis novembre 2017, la maison individuelle a enchaîné 9 mois consécutifs de recul de ventes et le deuxième trimestre, qui d’ordinaire correspond à des mois favorables à la décision d’achat, n’a pas fait exception », constate Patrick Vandromme. D’habitude disparate en termes géographiques, cette chute est homogène sur ce plan-là aussi, puisque même l’Ile-de-France recule de 16 %.
LCA-FFB estime que ces chiffres annoncent une catastrophe plus grave encore, puisque la construction va inévitablement être touchée elle aussi, sans doute dès la fin d’année 2018, et plus violemment en 2019. L’année 2020 devrait être, elle, l’année la plus compliquée avec l’arrêt programmé du PTZ pour les zones B2 et C. « Le marché pourrait entrer dans une récession durable avec des ventes annuelles inférieures à 100 000 unités », craint Patrick Vandromme.
Triste palmarès
Comment expliquer cette chute soudaine ? C’est l’objet de l’étude présentée par la LCA-FFB, qui a questionné 22 000 de ses adhérents. Selon les résultats obtenus, la liquidation de l’APL Accession dans les zones A et B1 serait la source directe de 40 % de la baisse, l’effet psychologique jouant un rôle également. Dans les zones dites “détendues et rurales”, soit B2 et C, la fin de l’APL Accession (pour 42 %) et le rabotage du PTZ (pour 45 %) sont les éléments déclencheurs de la chute des ventes. Rappelons que ce secteur représente environ 75 % des ventes de constructeurs de maisons. Benoît Catel, Dg du Crédit foncier, co-demandeur de l’étude, ajoutant que l’APL Accession permettait de rendre de nombreux ménages solvables aux yeux des banquiers. Sa disparition aurait coûté « 30 000 opérations d’accession, dont 20 000 dans le neuf ». Triste palmarès.