Dans un guide en dix questions, l’Institut national de recherche et sécurité (INRS), qui travaille avec la Cnam, les Carsat Cramif et la CGSS pour la prévention des risques professionnels, s’est demandé si les exosquelettes étaient adaptés à tous les métiers. A travers dix questions ou dix idées reçues, l’INRS a exploré sur le terrain l’utilisation de ce nouvel outil du BTP. Alors, science-fiction ou futur ami du chapiste ? L’exosquelette est passé au crible en dix thèmes que nous allons reprendre dans cet article.
Mais avant de commencer, définissons ce qu’est un exosquelette. Ce que l’on considère comme un exosquelette est un système mécanique ou textile, porté par le salarié, visant à lui porter une assistance physique dans l’exécution d’une tâche, par compensation de ses efforts et une augmentation de ses capacités motrices.
Les exosquelettes sont des robots – Non
Les exosquelettes robotisés existent, mais ils ne sont que très peu répandus. Les modèles les plus disponibles et les plus abordables sont constitués d’une armature rigide ou textile. L’assistance se fait via une restitution d’énergie. Grâce à des systèmes élastiques ou à ressort.
Les exosquelettes sont la solution contre les risques de TMS – Non
Les exosquelettes sont destinés à lutter contre les contraintes biomécaniques, comme les efforts excessifs et les postures contraignantes. Ils ne peuvent, en revanche, rien contre les autres sources de TMS que sont la répétitivité des gestes, le stress, l’organisation du travail ou le climat social en entreprise.
Les exosquelettes limitent les efforts physiques – Oui et Non
Les exosquelettes ont effectivement montré leur efficacité pour réduire localement des efforts musculaires. Mais ils peuvent aussi mobiliser des ressources musculaires pour leur propre poids ou gêner certains mouvements. L’effort physique global peut donc parfois croître.
Les exosquelettes augmentent la force du salarié – Oui et Non
Tout dépend de l’utilisation des exosquelettes :
- Si l’équipement est relié à un point fixe, par exemple au sol, alors les contraintes physiques des mouvements sont transmises vers l’extérieur du corps. La force globale de l’utilisateur est alors augmentée.
- Si l’exosquelette n’est pas relié au sol, c’est vers les parties du corps qui supportent le poids qu’est transférée la contrainte. Les jambes, par exemple. Le salarié reste donc le seul à supporter les efforts, seule leur répartition change. Il faut alors se référer à la norme NF X35-109 concernant les limites de charges et contraintes physiques pour rester dans les clous.
Les exosquelettes conviennent à tous les salariés – Non
Pour le moment, les exosquelettes disponibles sur le marché sont relativement standardisés. Ils ne s’adaptent donc pas à toutes les morphologies, que ce soit en fonction de la taille, du poids ou du sexe. Ils ne s’adaptent pas non plus à tous les problèmes déjà ressentis par l’opérateur, qu’ils soient d’ordre musculosquelettique, cardio-vasculaire, respiratoire ou cutané.
Une évaluation de l’aptitude à utiliser l’exosquelette est donc nécessaire au préalable à son utilisation.
Les exosquelettes ne présentent aucun risque pour les salariés – Non
Trois types de risques sont liés à l’utilisation d’exosquelettes et doivent faire l’objet d’une évaluation préalable :
- Risques mécaniques : heurts, écrasement, frottement, collision avec un tiers, chute.
- Risques physiques : perturbation de la perception de la force et du contrôle des mouvements, réduction de la masse musculaire, troubles de l’équilibre et de la posture.
- Risques cognitifs : concentration accrue, remise en question de l’expertise du salarié, inquiétude face à la robotisation.
Les exosquelettes sont adaptés à toutes les situations de travail – Non
Avant d’intégrer un exosquelette sur un poste, il convient en priorité de faire évoluer l’environnement de travail. Pour réduire les contraintes physiques.
Une fois ce prérequis validé, il existe plusieurs types d’exosquelettes qui permettent de répondre à un besoin d’assistance. Par exemple, redressement du dos ou élévation des bras. Il faudra donc bien analyser le poste et les gestes du salarié qui sera équipé de l’exosquelette, afin de trouver l’outil adapté.
Les exosquelettes sont immédiatement utilisables en situation de travail – Non
Il est indispensable de prévoir une phase de test de l’exosquelette hors situation de production, puis en situation réelle de travail. Le temps que l’opérateur prenne en main son nouvel outil. Une formation est aussi nécessaire, que ce soit pour l’utilisateur ou pour ses collègues et leur encadrement. Pour son acceptation, son réglage et la prise de conscience des risques éventuels.
L’intégration d’un exosquelette dans le milieu professionnel nécessite aussi une réflexion sur l’aménagement (espace, circulation) ou la réorganisation (temps d’équipement, temps de réalisation de la tâche) de la situation de travail.
Les exosquelettes améliorent la productivité – Oui et Non
La prise en main d’un outil qui modifie à la fois la perception de la force et des mouvements. Mais aussi les gestes et postures, réduira nécessairement la productivité de l’opérateur à sa prise en main. Ce n’est qu’avec un apprentissage de son nouvel outil que l’opérateur verra, sur le long terme, sa productivité et une préservation de sa santé, augmenter.
Les exosquelettes sont des EPI – Non
Pour commencer, à l’heure actuelle aucun cadre réglementaire ne régit l’utilisation des exosquelettes. Ils ne sont donc pas classés. Et pour qu’un outil soit considéré comme un équipement de protection individuelle (EPI), il faut que son fabricant ait démontré qu’il apporte une protection contre un risque. Et que l’équipement soit soumis à un “examen CE de type” effectué par un organisme notifié ( ?). Aucune demande de ce type n’a pour le moment été effectué.
En résumé, si les exosquelettes peuvent apporter plus de confort, plus de productivité et moins de TMS sur certains postes. Et ceci sur le long terme. Leur utilisation doit être pensée en amont et ne doit pas être considérée comme une solution miracle. Sans doute que la location est un bon premier pas.