Pouvez-vous nous rappeler le lien qui unit Soprema et la chape ?
Matthieu Lechantre : Avant toute chose, il faut rappeler que la société Soprema est une entreprise familiale, qui a été créée il y a plus de cent ans, et qui était spécialisée à la base dans l’étanchéité. L’entreprise a commencé à s’intéresser à l’isolation, avec des solutions à base de ouate de cellulose, en 2009 et la création d’une usine à Cestas (33). L’activité liée à la chape a réellement débuté chez Soprema en 2010, avec le rachat d’Efisol, une société spécialisée dans les solutions d’isolation à base de mousse polyuréthane, traitant à la fois les toits, les murs et les sols. Ensuite, il y a eu les rachats de Topox, en 2014, spécialiste du polystyrène extrudé, et de Pavatex, en 2014, qui fabrique des isolants à base de fibres de bois rigide.
D’un point de vue économique, c’est un marché porteur pour vous ?
M. L. : Pour la division de production de matériauxde Soprema auprès de la distribution en France,près de 80 % des volumes proviennent de la partie isolation. Dans ce cadre-là, pas loin de 40 % des ventes ont pour destination le sol. C’est donc pour nous un secteur majeur. D’autant qu’il faut comprendre que les différentes réglementations thermiques ont donné un vrai élan à l’isolation par le sol.
Pour répondre à ce marché, vous possédez un produit amiral, le TMS…
M. L. : C’est unpanneau isolant,qui provient au départ de l’entreprise Efisol. TMS signifiaitToit-Mur-Sol, car à l’époque, il était utilisé sur toutes ces surfaces avec deux formats. C’est un produit à base de mousse polyuréthane, qui reste le meilleur isolant traditionnel en matière de performance thermique. Rigide par nature, le TMS est recouvert d’un parement multi-couches étanche, qui favorise l’écoulement de la chape.C’est aussi un isolant plan, ce qui permet aux équipes de poseurs une mise en œuvre aisée et rapide. Son classement Acermi garantit de plus ses performances dans le temps.
C’est un produit, qui a également évolué vers l’isolation acoustique ?
M. L. : Tout à fait, nous disposions avec le TMS d’un excellent produit d’isolation. D’un autre côté, nous avions également une sous-couche acoustique mince pour l’isolation phonique, le Vélaphone. Nous avons donc décidé de les associer en usine, pour créer un dispositif isolant à la fois thermiquement et acoustiquement, le TMS dB. Ainsi, les poseurs gagnent du temps de pose avec une seule mise en œuvre au lieu de deux. C’est un produit que nous avons mis sur le marché en février 2018 et qui trouve peu à peu sa place sur le secteur. C’est un produit de niche correspondant aux besoins de certains chantiers, mais il était important d’offrir aux installateurs une solution complète.
C’est un produit, qui est amené à encore évoluer dans un futur proche ?
M. L. : Oui et non. C’est un produit, qui a une place de choix sur le marché et, nous l’avons dit, c’est un produit qui répond parfaitement aux besoins de nos clients. Mais il nous faut aussi anticiper les futures évolutions réglementaires, et notamment, la RE 2020. Nous devons donc trouver des solutions pour que nos produits apportent du crédit carbone à la construction. Notre matière, le polyuréthane doit devenir moins dépendant du pétrole, nous y travaillons. D’autre part, nous disposons de la technologie d’isolant rigide en fibre de bois avec Pavatex. Nous travaillons à son utilisation sous chapes. Comment l’associer à un plancher chauffant ou encore s’assurer de sa stabilité dans le temps ? Nous souhaitons ainsi apporter une solution d’isolation solsbiosourcée à nos clients. Et nous espérons le faire, dès cette année, pour un lancement commercial début 2020.
Ce nouveau produit sera-t-il distribué via votre canal habituel, c’est-à-dire le négoce ?
M. L. : Nous sommes identifiés comme un apporteur de solutions et de systèmes pour des clients professionnels. Donc oui, notre chemin de distribution principal passe par le négoce. Il est même très largement majoritaire. Mais nous développons aussi, depuis quatre ans, uneprésence dans les GSB (grandes surfaces de bricolage), afin de toucher les particuliers et mieux faire connaitre nos produitsaux clients finaux. Enfin, nous vendons aussi directement une petite quantité de nos produits à des partenaires industriels, qui les intègrent à leurs systèmes. C’est la même démarche que pour les nouveaux produits, il faut savoir rester en veille et suivre les changements de l’économie.
Vous vous intéressez donc au e-commerce ?
M. L. : Pour le moment, nous accompagnons nos clients dans leur développement sur le sujet. Cela passe essentiellement par des systèmes de “Click and Collect” ou “Click and Deliver”, qui se font à l’intérieur du réseau du négoce ou des GSB,carla question du transport et de la logistique, notamment pour les produits d’isolation, qui sont volumineux, reste un frein majeur.
Propos recueillis par Yann Butillon