Pouvez-vous rappeler l’histoire d’Iko Enertherm ?
Michel De Beukelaer : La société Iko est une entreprise familiale fondée au Canada, en 1951, par Isidore Koschitzky. Elle était au départ spécialisée dans les membranes bitumineuses et le bitumineux routier. L’entreprise s’est développée à l’international en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. Et est devenue Iko Insulations. Aujourd’hui, elle compte une quarantaine d’usines et emploie 4 500 personnes. En 2000 a été créée la première usine d’isolants au Canada. Et en 2006, la première en Europe, aux Pays-Bas. Dès lors, l’activité isolants s’est développée sur le vieux continent, notamment au Benelux et en France. En 2014, une unité de production a été ouverte en France, à Combronde, au Nord de Clermont-Ferrand .
Comment s’organise votre offre d’isolation ?
Houda Bechraoui : Nous proposons des solutions pour l’ensemble des différentes parties de l’enveloppe d’un bâtiment. Les sols, les sous-sols, les murs intérieurs et extérieurs, les combles, les toits ou encore les toits-terrasses. Le catalogue produits a été conçu pour offrir à nos clients une solution de panneaux PU pour l’ensemble de leurs besoins.
Pour la partie sols, vous avez lancé en fin d’année dernière une nouvelle version du Iko enertherm Chape TG. Quelles en sont les caractéristiques ?
H. B. : Nous avons deux solutions pour les sols. Tout d’abord, l’Iko enertherm KR Alu réservé aux dalles béton. Puis, l’Iko enertherm Chape TG qui a subi nombre de développements ces dernières années. Ainsi, nous avons optimisé le panneau pour que ce dernier atteigne un taux d’affaiblissement acoustique de 20 dB(A), pour une épaisseur de 54 mm. Et ce, sans sous-couche. Le tout en assurant un λ de 22 W/m.K. La qualité acoustique étant validée par un test dédié au FCBA1. Les panneaux mesurent 1 200 x 1 000 mm et sont usinés rainure-languette pour en faciliter la mise en œuvre.
L’absence de sous-couche est sa qualité essentielle. Est-ce aussi la source de votre développement ?
M. D. B. : Oui, exactement. Nous voulions apporter une solution aux demandes du marché. Ceci, avec un système apportant une solution acoustique, qui ne complique pas la mise en œuvre. Nous proposons un produit qui permet un gain de temps de 30 % par rapport à l’association classique sous-couche/panneau PU.
Nous sommes sur un secteur assez dense où les solutions de chaque entreprise se ressemblent un peu. Nous voulions nous différencier de nos concurrents. En supprimant la sous-couche, nous permettons à nos clients de réaliser un gain de temps. Et donc d’argent…
H. B. : Nous fournissons aussi les agrafeuses, les agrafes pour installer les planchers chauffants, les bandes d’application… C’est un système complet qui permet d’optimiser la mise en œuvre. Tout en répondant aux besoins de plus en plus présents d’affaiblissement acoustique. D’autant que nous avons aussi fait des essais avec des sous-couches, les Assourchape 20 et Tramichape Eco Pro, qui permettent d’atteindre des performances encore plus importantes dans le cas de chantiers très exigeants (respectivement 22 et 23 dB).
La question acoustique est actuellement la problématique majeure du marché, n’est-ce pas ?
H. B. : C’est en tout cas le sens de notre développement. Le marché demande la combinaison de deux facteurs. A savoir, le gain acoustique et la faible épaisseur. Nous travaillons donc à atteindre des performances similaires avec des épaisseurs moindres. Notamment sur nos panneaux de 30 mm. Pour le moment, nous sommes en phase de test et de développement.
Le marché des sols et, plus particulièrement, de la chape, est-il un sujet crucial pour vous ? Quelles sont les ambitions d’Iko Insulations en France ?
M. D. B. : Le sol, et la chape en particulier, est l’un de nos plus gros marchés. Et c’est un marché qui progresse assez vite. Il se développe aussi en exigence et en qualité de produits. Pour nous, l’ambition est de grandir et de prendre des parts de marché. En proposant des produits innovants, comme des épaisseurs de plus en plus minces.
Vous destinez-vous plutôt au marché du neuf ou au marché de la rénovation ?
M. D. B. : Notre objectif est de prospérer sur les deux marchés. Nous avons pas mal de demandes en neuf, même si nos systèmes paraissent davantage destinés à la rénovation. Mais nous avons des attentes de la part de nos clients en ce qui concerne la séparation des rez-de-chaussée avec des unités commerciales et des premiers étages habités.
Pour le futur, hormis l’épaisseur des panneaux, y a-t-il d’autres aspects à développer ?
H. B. : Tout à fait. Nous travaillons à adapter nos panneaux à la construction bois. Nous avons des demandes avec le Grand Paris. Et ce sera l’un des enjeux majeurs des bâtiments des Jeux olympiques 2024. Et ces constructions-là définiront sans doute les grandes lignes des inspirations de demain. Mais le bois est une matière plus compliquée à appréhender qu’une dalle béton. Il peut être de nature et de densité différentes. Et cela influe sur l’absorption acoustique de nos panneaux. Nous cherchons donc des solutions adaptées. D’abord aux produits en bois sous Avis techniques. Mais nous devrons aussi répondre à ceux sous Atex. C’est un vaste chantier pour nous.
Propos recueillis par Yann Butillon
1L’Institut technologique FCBA est un centre technique industriel français, chargé des secteurs de la forêt, de la cellulose, du bois-construction et de l’ameublement.