EpaMarne est l’un des 14 Etablissements publics d’aménagement français (EPA). C’est l’un des sept EPA d’Ile-de-France. Il fonctionne en tandem avec EpaFrance. Et développe l’aménagement de l’Est parisien autour de la Marne et du parc Disney, soit 44 communes. Parmi les EPA, qui se sont vu conférer, en avril dernier, la mission de développer le recours à la construction biosourcée, EpaMarne s’affiche comme pionnier de la construction décarbonée. Et de préciser : « Les aménageurs publics EpaMarne-EpaFrance se sont engagés, avant même les Accords de Paris pour le climat, en faveur d’une ville résiliente et durable, mobilisant leur capacité d’innovation pour de nouvelles pratiques urbaines ». Comme l’opération qui aurait dû s’achever il y a un an, le projet “Zéro Carbone”, à Chanteloup-en-Brie (77). Mené en conception-réalisation par le charpentier parisien Meha, avec les agences M’Cub et A003 Architecture.
Il s’agit de bâtir 48 logements collectifs, et 10 maisons en accession sociale pour le maître d’ouvrage Expansiel Promotion. Les certifications visées sont : NF Habitat HQE, E3C2 et Label biosourcé niveau 3. Le montant des travaux est de 7,77 M€ HT. La surface bâtie est de 4 030 m² SDP. Et les immeubles sont en R+2. Le choix s’est porté sur une construction en bois massif simple, des madriers de 300 x 100 mm pour les solives et de 145 x 45 mm pour l’ossature bois. S’ajoutent, dans le cas des planchers, des panneaux OSB.
La douche sans ressaut sur support bois
[©AOO3architectes]
Pour autant, les Avis techniques de ces solutions ne traitent pas d’un contexte où le plancher est en solives. Il y a quelques années, alors qu’il concevait l’immeuble Bois Debout, l’architecte Stéphane Cochet avait déjà été confronté à la difficulté de réaliser des douches sans seuil dans de telles circonstances. Un groupe de travail avait ensuite été formé avec le FCBA, engendrant une étude qui soulignait les manques. A l’occasion de l’opération Zéro Carbone, la solution pour réaliser des douches sans seuil en conformité avec les réglementations existantes a été affinée. Et appliquée à l’ensemble des logements à l’étage. Puisque l’arrêté qui entre en application concerne ce type de logements accessibles par ascenseur et à rez-de-chaussée.
Réservation en bois
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Dans le cas de Chanteloup-en-Brie, une salle de bains d’étage est réalisée avec douche sans seuil. Les autres disposent d’une baignoire. Mais dans tous les cas, le plancher de la salle de bains est équipé d’une réservation qui doit permettre, conformément à l’arrêté, de remplacer la baignoire par une douche sans seuil sans avoir à procéder à des travaux de gros œuvre. Sur une portée de 1 200 mm et une largeur de 900 mm, les solives de 300 mm sont espacées pour créer un chevêtre soutenu en sous-face par des solives de 82 mm. Les solives latérales de 300 mm créent la paroi de réservation sur les quatre bords.
Un panneau OSB est disposé sur le fond. Dans le cas d’une salle de bain avec baignoire, le réseau de petites solives est dédoublé par-dessus et associé à un panneau OSB. Ce complexe de solivettes et de panneaux est le support provisoire. Si la salle de bains est transformée de façon à installer une douche sans seuil, il suffira d’enlever le carrelage du sol, l’étanchéité, la chape de 35 mm et le résilient acoustique. Puis, de retirer le complexe et l’isolation qui a été disposée en dessous du support provisoire dans la réservation.
Le montage de la solution Cochet pour la douche
A présent commence le montage de la douche, qui ne fait pas intervenir un charpentier. Un polyane est étendu sur le fond de la réservation qui reçoit un ravoirage de type E de 50 mm d’épaisseur. Soit un mortier de ciment dosé à environ 325 kg /m3. Ce ravoirage est le support d’une sous-couche acoustique mince (Scam) certifiée QB14 qui remonte le long des parois.
Ensuite, le siphon et l’évacuation de la solution Wedi Fundo sont noyés dans un ravoirage de type D : mortier ou béton maigre dosé à environ 200 kg de ciment, ou 325 kg de chaux hydraulique naturelle par mètre cube de sable sec, sur 110 mm. Puis, ce ravoirage supporte la forme du receveur de Wedi, couplé à son étanchéité qui remonte le long des parois. Enfin, le sol est carrelé.
Une solution acoustique
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En principe, la solution retenue pour la salle de bains est tenue de respecter les normes de la réglementation française. Wedi a fait mesurer les performances acoustiques de sa solution, ce qui est rare. De plus, les douches sont des endroits où on ne se déplace pas en talons aiguilles. Toutefois, l’interposition d’une scam, comme le préconise Stéphane Cochet, est un gain que des mesures in situ programmées vont permettre de mesurer, quand les chantiers de logements collectifs de l’opération “Zéro carbone” seront terminés.
Un problème de fond
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Cela vaut aussi pour les bâtiments, dont les planchers sont constitués de solives. Là encore, on aurait besoin de chantiers-test qui permettraient de mesurer l’incidence de l’usage. Selon Stéphane Cochet, « Le seuil doit être positionné à l’entrée de la salle de bain s’il n’y a pas de cloison autour de la douche ». Mais selon lui, cela ne suffit pas : « Toutes les salles de bains en Italie ou au Brésil sont équipées de siphons de sol. Je pense qu’équiper tous les logements bois de siphon de sol serait une bonne chose pour limiter les dégâts des eaux… Ce type de dégâts ne se limite pas aux salles de bains, mais concerne aussi les buanderies et les pièces avec les machines à laver. La nouvelle réglementation impose aussi maintenant un système d’étanchéité sur toute la surface de la cuisine… Mais pas encore de siphon ! » .
Jonas Tophoven