Attention aux hauteurs sous plafonds
« Peu de points très techniques dans la pose d’une chape sèche, c’est l’un de ses arguments de vente principaux, explique Bruno Burger, chef de marché second œuvre et responsable du développement durable chez Knauf, qui a développé la gamme Knauf Brio. Les chapes sèches font très peu de déchets et peuvent être utilisées dans des rénovations de surfaces habitées. C’est un véritable atout pour nos clients, d’autant qu’il y a peu de limites à son utilisation. » Parmi ces dernières, la principale est son épaisseur, notamment dans les cas d’utilisation de granules et d’isolant. Il faut donc bien prévoir cette surépaisseur, pouvant causer des désagréments, en rénovation, au niveau des portes et des hauteurs sous plafonds. Quelques points singuliers sont aussi à prévoir. Notamment, l’association avec un chauffage au sol hydraulique, celui-ci se faisant en fonction des indications fournies à la fois par le fournisseur de plancher chauffant et celles du fabricant du système de plaque. D’une manière générale, l’association de la chape sèche avec des bacs de douche ou des baignoires est à éviter, même si certains industriels proposent des solutions spécifiques.
Une niche ou un secteur porteur ?
« La chape sèche multiplie les avantages, c’est pourquoi elle séduit un public de plus en plus large,explique Mario Aschero, gérant de Granuland, solution de granulés bois pour le ragréage. Elle est facile à poser et rapidement praticable. Le chantier reste propre. Il n’y a pas de reprise de coulage. Et le matériel nécessaire est très réduit. » Un ensemble d’arguments qui séduit de plus e plus. « Le marché de la rénovation, même s’il fluctue un peu, reste très porteur. Et la chape sèche est l’une des solutions les plus simples à mettre en œuvre en matière de réhabilitation des sols, explique Bruno Burger. Notre marché de la plaque de plâtre est très mature. Pour nous, c’est donc très intéressant d’avoir, là, un secteur en pleine croissance. » Sur ce point, tous les acteurs ne sont pas d’accord. Très peu développée dans le neuf, la chape sèche reste tributaire du marché de la rénovation. « Pour nous, c’est un marché de niche, car la rénovation que l’on évaluée à un potentiel de 1 Mm2 rénovés par an, est un secteur très diffus, avec de très nombreux acteurs, sur lequel il est difficile de faire des différences », explique Christelle Pousse de Placoplatre. Ce que confirme Marc Lacrosse, directeur technique de Cellumat, qui produit le Granulège, un granulat de béton cellulaire : « La chape sèche est parfaite pour la rénovation, et nos granulats sont une solution optimale pour ce type de travaux. Mais cela reste un marché relativement cloisonné à des cas de figure bien précis, même si nos granulats sont utilisés pour d’autres applications ». Même son de cloche pour l’entrepreneur Emmanuel Bossard : « J’utilise la chape sèche lorsque les autres types de chapes ne peuvent être utilisés. C’est une parfaite réponse à une problématique technique ».
La construction bois, nouvel eldorado de la chape sèche
Cependant, tous sont d’accord sur un point, cela élargit leur portefeuille client. « De par sa simplicité de pose et le peu d’investissement matériel nécessaire, la chape sèche peut être posée par de nombreux corps de métier, explique Marc Lacrosse. Un plaquiste évidemment, mais aussi un maçon, un carreleur, un chapiste, une entreprise générale et même un particulier peuvent réaliser une chape sèche. Cette diversité est source d’ouverture sur d’autres secteurs d’activité. » Autre atout, la chape sèche est de plus en plus utilisée pour les établissements recevant du public (ERP), bénéficiant là, de son apport en isolation phonique.
Certains voient aussi la chape sèche comme une réponse aux besoins futurs de la construction. « Nous avons de plus en plus de demandes pour les maisons à ossature bois, ajoute Mario Aschéro. Evidemment nos granulats de bois plaisent aux personnes qui veulent réaliser des constructions 100% bois, ils sont alors associés à des plaques d’OSB. Dans ce cas-là, nous avons des demandes pour des constructions neuves assez régulièrement. ». Les constructions en bois seraient donc l’un des leviers de croissance future de la chape sèche. « Les bâtiments à ossature bois se multiplient, notamment les constructions de 4 à 5 étages, mais c’est un marché encore immature, qui cherche de nouvelles solutions technologiques, la chape sèche étant l’une d’entres-elles, abonde Bruno Burger. Dans le cadre des JO 2024 à Paris, de nombreux bâtiments seront construits en ossature bois et nous sommes régulièrement consultés pour apporter des solutions sèches. Nous développons aussi des solutions pour lui faire une place dans les salles de bains, et les lieux PMR. ». Ainsi, la chape sèche pourrait bien passer de marché spécifique à une solution de construction plus généralisée. Et ainsi, faire évoluer les consciences sur le fait que la chape n’est pas toujours à base d’eau.
Dossier réalisé par Yann Butillon