Pour la sixième année, la Capeb, la CNATP et le pôle innovation IRIS-ST ont publié leur Baromètre Arti Santé, qui traite des conditions de travail et de la santé physique et mentale des artisans du BTP. Menée entre novembre et décembre 2019, elle a interrogé 2 053 artisans.
Premier enseignement, le niveau de stress reste aussi élevé que l’année dernière, puisque 58 % des personnes interrogées se déclarent stressées. En revanche, l’intensité de stress augmente, puisqu’ils sont 26 % à placer la barre à sept points, sur une échelle de 1 à 10. Soit + 3 % en une année. Les causes sont connues : les tâches administratives, les délais, la nécessaire réactivité et la charge de travail. Par ailleurs, 84 % des artisans déclarent travailler dans l’urgence. Ils sont aussi 83 % à trouver leur activité exigeante physiquement (+ 5 pts en un an) et 91 % mentalement (+ 3 pts en un an). Ce stress permanent induit une augmentation des burn out, qui sont passés de 5 % affecté à 6 %.
Des artisans fatigués
Par ailleurs, 58 % des artisans se sentent fatigués, alors que 47 % se réveillent la nuit, avec des difficultés pour se rendormir. Pour 70 % des interrogés, ce manque de sommeil a des répercussions professionnelles et familiales. Pour 64 % d’entre eux, la fatigue serait permanente et 51 % se sentent davantage irritable. Un chiffre qui n’atteignait que 32 % l’année précédente.
Ces chiffres précédent la crise du Covid-19, ces données pourraient encore se dégrader en 2020. D’autant que 40 % des interrogés se déclaraient déjà se sentir isolés (en progression de 4 pts).
« Durant longtemps, la conjointe, aux côtés du chef d’entreprise, partageait souvent cette charge mentale et libérait l’artisan d’une partie de ce stress. Aujourd’hui, ce schéma traditionnel n’est plus forcément la norme et le chef d’entreprise a fréquemment le sentiment d’être seul, isolé devant toutes ses implications et cet environnement toujours plus administratif et procédurier. Il est important d’évoquer ce sentiment ordinaire chez les artisans, d’en parler et que le chef d’entreprise prenne conscience que sa santé physique et mentale est primordiale, qu’il doive en prendre grand soin. La crise sanitaire que nous traversons n’aura pas épargné notre stress d’entrepreneur entre nos responsabilités d’assurer la sécurité de nos salariés et la pression de faire vivre notre entreprise », analyse Françoise Despret, présidente de la CNATP
Une santé entre parenthèse
Point positif, 21 % des artisans déclarent travailler plus de 60 h/semaine en 2019. Une donnée qui atteignait 26 % l’année précédente. Ils sont aussi moins nombreux à travailler 6 à 7 j par semaine. La baisse est de 5 pts, pour atteindre 54 % en 2019. Cependant, 87 % des interrogés pensent que leur temps de travail empiète sur leur vie privée et 75 % pensent ne pas être assez présents pour leur famille. D’ailleurs, 51 % ne se déconnectent pas de leurs mails professionnels, lors de leurs journées de repos.
Enfin, ils n’étaient encore que 45 % à consulter régulièrement un médecin, par manque de temps. Une situation qui a poussé la Capeb et la CNATP à former un partenariat avec le Centre d’information sur la prévention des difficultés en entreprise (CIP National).
« En cette période de crise sanitaire totalement exceptionnelle, je suis particulièrement inquiet pour tous les chefs d’entreprise artisanale et de TPE. Je souhaite que nous sachions faire face collectivement pour aider et accompagner les chefs d’entreprise qui seraient en détresse. Ce partenariat, fondé sur le maillage de nos réseaux territoriaux respectifs, constitue une action concrète pour répondre à cette problématique et un des éléments de l’accompagnement que nous nous devons d’apporter aux entreprises », ajoute Patrick Liébus.