Les chapes fluides vont basculer dans le domaine de la traditionnalité. Est-ce de nature à booster un marché qui est déjà en croissance ?
Je ne crois pas que ce passage dans le domaine de la traditionnalité va être la source d’une croissance de la taille du marché. La suppression partielle de la pose scellée et l’utilisation de plus en plus récurrente en enrobage des planchers chauffants sont plus de nature à soutenir l’essor des chapes fluides. Le passage en traditionnalité des chapes a plus de conséquences sur les produits, leur mise en œuvre et le cadre assurantiel. Moins sur le volume du marché.
Est-ce que cette nouvelle facilité d’approche du marché va permettre à de nouveaux acteurs industriels de rentrer sur ce marché ?
Si nous avions suivi le schéma plus traditionnel du passage par le DTU, il y aurait sans doute eu une plus grande apparition de nouveaux acteurs. Mais le passage des chapes fluides dans le domaine traditionnel se fait avec des nécessités de certifications pour les produits, de formation pour les chapistes et d’agréments pour les centrales et les chapistes.
Je ne pense donc pas que la situation va évoluer de manière importante, dans un sens ou dans l’autre, pour les acteurs industriels. C’était un souhait de la profession d’avoir un encadrement de la mise en œuvre et un suivi de la qualité des produits. Il y avait une inquiétude autour de l’ouverture large du marché à des nouveaux acteurs sans un suivi fiable. Nous aurions probablement subi des problèmes de qualité de produits et/ou des ouvrages. On ne devient pas chapiste du jour au lendemain, il est nécessaire d’avoir des compétences techniques spécifiques propres à ce métier. Nous voulions une transition en douceur.
Les applicateurs devront, eux, être formés, c’est un prérequis essentiel ?
Pour nous, chapiste, c’est un métier à part entière. Il faut soit de l’expérience acquise en entreprise, soit passer par la formation. Nous préparons le référentiel qui permettra de valider les compétences des chapistes déjà sur le terrain. Pour les nouveaux entrants, il faudra passer par la formation. Ceci, permettra de garantir la qualité de la mise en œuvre des chapes fluides.
Y a-t-il le risque d’une hausse de la sinistralité avec la multiplication des nouveaux acteurs ?
Oui, il y a un risque de se retrouver avec des produits en baisse de qualité et une qualité de mise en œuvre plus basse. C’est pourquoi il faut encadrer la production et la mise en œuvre des chapes. La mise en place de la traçabilité des chapes fluides fait partie de nos objectifs. Nous voyons bien qu’avec le temps, quelques règles ne sont pas respectées. Si l’on veut que ce métier perdure, sans que les assurances s’en détournent, il faut continuer de lutter contre les mauvaises pratiques. Aujourd’hui, la chape fluide a une bonne image. Il est dans l’intérêt de tous les acteurs de la conserver.
Ce passage en traditionnalité était devenu nécessaire ?
C’est une décision de la CCFAT2, qui a estimé que le temps était venu de faire évoluer les choses. Ce n’était pas vraiment notre avis. Nous aurions préféré que l’on se concentre d’abord sur la formation des chapistes. Mais ce passage dans le traditionnel allait probablement se faire dans quelques années. Nous y sommes un peu plus tôt que souhaité, mais nous mettons tout en œuvre pour encadrer cette transition.
Vous avez rappelé récemment que les centrales doivent être agréées pour vendre des chapes. Il y a de plus en plus de fraudes dans ce domaine ?
Nous constatons qu’il y a effectivement des centrales proposant à la vente des chapes fluides sous Avis technique sans en avoir l’agrément… Je ne sais pas si le terme de fraudes est approprié, mais force est de constater que les règles ne sont pas respectées. Les titulaires des Avis techniques devraient être plus vigilants, car ils sont censés informer les centrales qu’elles sont bien agréées. Cela met les chapistes en porte-à-faux, car avec ces centrales non agréées, ils ne sont pas assurés en cas de sinistre. En effet, l’Avis technique permet d’être assuré en technique courante uniquement si la centrale est agréée. Les chapistes peuvent vérifier cet état de fait sur le site du CSTB ou en le demandant à la centrale.
1Union nationale des entrepreneurs carreleurs, chapistes et projeteurs PU.
2Commission chargée de formuler les Avis techniques.