Sommaire du dossier :
- Rep PMCB, application et crispations
- Un maillage encore trop lâche
- Une éco-contribution qui crispe
- L’opportunité d’agir pour l’environnement
Pour comprendre cet état de fait, revenons-en à la source, histoire aussi de combler d’éventuelles failles dans la compréhension de ce qu’est la Rep PMCB. A commencer par l’acronyme qui signifie Responsabilité élargie du producteur des produits et matériaux de construction du bâtiment. Cette réglementation est basée sur le principe du pollueur-payeur. C’est-à-dire que celui qui est à l’origine de la pollution doit payer pour son traitement et ses conséquences.
Dans le cas présent, les entreprises qui mettent sur le marché des matériaux pour le bâtiment, que ce soient des produits qu’ils ontt fabriqués ou importés, sont responsables de ceux-ci sur tout leur cycle de vie. Ils doivent donc prévoir à la conception comment ce produit sera recyclé ou valorisé. Les producteurs délèguent cette tâche à des éco-organismes qui ont la charge de la collecte des déchets et de leur valorisation.
OCA Bâtiment, un site pour trouver le point de collecte gratuit le plus proche
Pour cela, les producteurs collectent une éco-contribution auprès des entreprises de travaux à travers le prix de vente de leurs matériaux. Cette éco-contribution est reversée aux éco-organismes, afin qu’ils organisent et financent la reprise des déchets à travers de points de collecte privés ou publics. Ces derniers assurent alors une reprise gratuite des déchets triés auprès des entreprises de travaux.
Des catégories parfois floues
Deux catégories de matériaux sont concernées par la Rep PMCB, celle des matériaux et produits inertes, qui regroupent le béton et ses produits associés, la chaux, la pierre, la brique, l’ardoise ou encore le carrelage.
La deuxième catégorie est nommée “Autres matériaux” et regroupe le métal, le bois, les produits chimiques (mortiers, enduits, vernis, résines). Mais aussi les menuiseries vitrées, le plâtre, le plastique, la laine de verre, la laine de roche et les matériaux biosourcés. Chaque éco-organisme a une spécialité, ainsi Ecominéro traite la catégorie 1, Ecomaison et Valdélia traitent la catégorie 2, seul Valobat traite les deux catégories.
Une loi à mettre en musique
Telle est la loi, et comme le rappelle Nadège Ombé Njiamo, secrétaire générale de l’Unecp : « La loi s’applique à tous. Il n’y aura pas de retour en arrière. Les carreleurs, les chapistes et les projeteurs, que nous représentons doivent se conformer à la loi, notamment en triant leurs déchets pour faciliter leur collecte. Mais c’est notre devoir d’Union de défendre nos adhérents. Et force est de constater qu’il a y des améliorations à faire dans l’application de cette loi ».
Lire aussi : crise énergétique, un comité pour accompagner les entrepreneurs
D’autant que l’enjeu est essentiel. Le bâtiment, à lui seul, produit chaque année 46 Mt de déchets. Tout en prélevant dans la nature de vastes quantités de ressources naturelles. Une transition écologique restreignant drastiquement l’empreinte de notre activité économique sur notre planète ne peut se faire sans le bâtiment. Valoriser et recycler les déchets de la construction, en en réutilisant une forte quantité doit être un objectif collectif à court terme.
Une densification du maillage nécessaire
Mais dans les faits, il y a des trous dans la raquette. Particulièrement au niveau du maillage des points de collecte, qui doivent permettre une reprise gratuite des déchets. « C’est le point noir de la mise en application de la Rep. Si le maillage se densifie, il n’est pas encore à la hauteur des attentes. Et il crée des disparités selon les régions. » Selon la loi, chaque acteur du bâtiment devrait disposer d’un point de collecte gratuit situé à maximum 10 km en zone urbaine et 20 km en zone rurale.
Trop souvent, ce n’est pas le cas. Et ces manquements reprennent le schéma d’autres disparités, puisque ce sont les zones rurales qui sont les moins densément pourvues. Dans les faits, un mois après l’entrée en vigueur de la Rep, seulement 700 points de collecte étaient disponibles. L’objectif est d’atteindre les 10 000 points en 2026. Les éco-organismes travaillent à augmenter le nombre de lieux disponibles.