Depuis son apparition dans les années 1960, le plancher chauffant ne cesse d’évoluer et de prendre une place de plus en plus importante dans nos logements. Alors qu’il ne concernait qu’un quart des maisons neuves construites il y a dix ans, il équipe aujourd’hui la moitié des nouvelles maisons individuelles. Et sa croissance ne s’arrête pas là, puisqu’actuellement, il gagne progressivement des parts de marchés sur le collectif et se prescrit de plus en plus en rénovation, comme en étage. « La taille des logements se réduit et le plancher chauffant a pour avantage de ne pas modifier le système constructif mis en place par les constructeurs, tout en faisant gagner beaucoup de place dans les logements », se réjouit Claude Brand, président de la commission communication de Cochebat et directeur général de Roth France.
Selon le DTU 65.14
Le plancher chauffant nécessite pour sa mise en œuvre de marier trois lots : la maçonnerie, le chauffage et le revêtement de sol. La technique d’enrobage d’un plancher chauffant est décrite par le DTU 65.14, planchers chauffants à eau chaude. Ce dernier fait ainsi état de 3 types d’enrobages : le béton recette, le béton centrale et la chape fluide à base d’anhydrite ou de ciment, pour laquelle il faudra se référer à l’Avis technique correspondant.
En enrobage de plancher chauffant, la chape traditionnelle en mortier semble donc interdite par les DTU. « Le DTU 65.14 parle de dalle de béton et le justifie pour des questions de conductivité thermique et de résistance mécanique. Toutefois, la différence est parfois minime entre un mortier et un béton », nous éclaire Hubert Carette, consultant et ingénieur ESTP. En effet, l’enrobage doit être réalisé avec un béton adapté, bénéficiant, dans tous les cas, d’une conductivité thermique minimale de 1,2 W/m.K. Quant au classement mécanique, il sera défini de C20 à 25. Pour garantir la capacité à bien enrober le tube, la taille maximale des granulats est limitée à 16 mm. Le DTU 65.14 va rentrer en révision cette année, il y aura alors certainement une discussion pour introduire la chape traditionnelle. « La question se pose de savoir pourquoi les chapes traditionnelles sont prises en compte dans le cadre du plancher rayonnant électrique et pas dans celui du plancher chauffant à eau chaude », s’interroge Hubert Carette.
La chape fluide plus réactive
« En construction neuve, le marché des planchers chauffants se fait encore à 60 % en traditionnel et à 40 % en chape fluide », rapporte Claude Brand. Pourtant, le basculement vers la chape fluide est sensible. Il faut dire que l’histoire et le développement de la chape fluide sont liés au plancher chauffant. « Les chapes fluides C20F4 sont nées pour faire de l’enrobage de planchers chauffants. Et en 2018, ça reste une grande part de notre portefeuille, même si aujourd’hui, la croissance se fait majoritairement sur d’autres applications », souligne Benjamin Dullin, responsable de gamme Agilia Chape Thermic pour LafargeHolcim France. Il faut dire qu’au regard du plancher chauffant, les avantages de la chape fluide sont nombreux. Au premier rang desquels on trouve un meilleur enrobage des tuyaux et une bonne conductivité thermique (ou résistance thermique faible). Les lambdas sont autour de 2,5 W/m.K pour certaines chapes fluides sulfate de calcium. Mais le principal argument en leur faveur tient dans les épaisseurs mises en œuvre. Les CPT font état de 30 mm au-dessus des tubes chauffants, quand on est à 35 mm au minimum pour un enrobage de béton. L’épaisseur peut même se réduire à 20 mm pour certaines chapes fluides sulfate de calcium. « Plus les chapes seront minces, plus court sera le temps de réponse du plancher chauffant et plus grand sera le confort de l’utilisateur final », explique Laurent Wiss, directeur technique chez Roth France et ancien président de la commission technique du Cochebat.
Il y a en fait deux écoles. Celle de l’inertie lourde, qui estime que plus l’enrobage emmagasine la chaleur plus les économies d’énergie sont importantes. Et celle de l’inertie légère, qui favorise l’adéquation entre le besoin et le temps de réaction. « L’inertie, ce peut être très bien en hiver ou dans une maison mal isolée. Dans les maisons construites de nos jours, lorsque la façade est exposée plein Sud, le soleil apporte à l’inter-saison une chaleur importante, qui demande une réactivité supérieure, même avec une bonne régulation », illustre Laurent Wiss.
Le PRE réclame une chape adaptée
Pourtant moins couteux et très réactif, le plancher rayonnant électrique PRE est en perte de vitesse au regard des planchers chauffants à eau chaude. Une tendance, qui devrait s’accentuer, car il est moins avantageux que le précédent pour les calculs de réglementations thermiques.
Attention aux chapes employées sur ce type de planchers ! La plupart des chapes anhydrite ne sont pas adaptées, car elles ne passent pas l’essai du blocage thermique, hormis la Classic PRE d’Anhydritec et la Fixit 830 de Fixit. En revanche, les chapes fluides ciment destinées au chauffage à eau chaude sont aussi compatibles avec les PRE. Toutefois, à la fin du CPT PRE, il est recommandé de laisser 3 cm entre le sol et tout meuble, afin que la chaleur puisse s’évacuer. Pas de tapis donc, ni de cartons entreposés à même le sol quand le chauffage est en route, au risque d’avoir des fissures. Il convient donc de bien alerter l’utilisateur final.