Sommaire du dossier :
- Mousse polyuréthane projetée : Les applicateurs répondent
- Des sinistres à répétition
- Une épreuve pour la réputation et le mental
Au-delà des sinistres, le préjudice pour les entrepreneurs se situe aussi au niveau de leur réputation et de leur santé mentale. « Nous travaillons dans un secteur où tout le monde se connaît. En conséquence, ces sinistres m’ont causé beaucoup de tort, explique Paulo Santos (DS Chapes). Ma réputation a été entachée et j’ai perdu quelques clients. Heureusement, j’ai des clients de longue date, avec qui la transparence et la confiance ont joué. Il fallait bien ça, car, pour le moment, les réparations sont à mes frais, parce que j’ai tout assumé. J’attends maintenant les jugements. »
La réputation de Chape 70 a aussi été entachée, mais pas seulement. « Pour moi, c’est une trahison. Je leur faisais confiance. Le pire dans cette affaire est qu’ils n’assument pas. S’ils avaient pris en charge l’ensemble des conséquences, je pense que j’aurais continué avec Mirbat. Mais là, la confiance est perdue. D’autant que la réputation de qualité que nous nous sommes construits en 20 ans a été remise en cause du jour au lendemain. Et puis, il y a aussi une question financière, puisque plus une seule assurance ne veut de nous sans d’énormes malus. »
Pour Chapisere/Inovisol, l’issue est encore plus sombre. « Il ne nous reste plus rien pour fonctionner. Parce qu’une fois les sinistres sortis, tous mes employés ont suivi Mirbat, ainsi que le commercial qui travaillait pour nous. Ils ouvrent de nouvelles structures qui, bizarrement, se fournissent chez Mirbat. Aujourd’hui, Ce sont dix ans d’un travail acharné qui sont partis en fumée. Nous essayons tant bien que mal de ne pas fermer notre entreprise et si cela devait arriver, nous essayerons de le faire dans un semblant de dignité.»
Assumer, s’expliquer
Hormis ce cas extrême, tous les entrepreneurs vivent ou ont vécu avec ce sentiment de précarité. Et la crainte des lendemains. « Aujourd’hui, je garde l’anonymat, parce que je ne sais pas ce que j’ai mis en œuvre chez mes clients, souligne l’entrepreneur des Alpes-Martimes. Nous avons en permanence une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Un chantier réalisé peut commencer à s’effondrer à tout moment et je ne veux pas créer une psychose chez mes clients. Je vis déjà avec cette crainte. »
Outre la peur d’autres sinistres, chacun veut aussi retrouver un quotidien normal de chef d’entreprise. « Comme tous les entrepreneurs, nous tirons une fierté de notre travail, insiste Renaud Racenet (Chape 70). C’est très difficile à vivre. Nous passons notre temps à nous justifier auprès de clients et d’autres corps de métiers. »
Même son de cloche pour Paulo Santos de DS Chape. « Aujourd’hui, mon entreprise repart de l’avant et nous sommes en cours d’agrément avec un autre fournisseur. Mais pendant plus d’un an et demi, je n’ai pas dirigé mon entreprise, je n’ai fait que lutter contre les conséquences de ces sinistres. J’ai enchaîné les analyses de mousses, les vérifications de chantier avec les huissiers, les déplacements… Tout ça pour pouvoir me dire que ce n’était pas de ma faute, ni de mes équipes, que j’ai été trompé. » Chacun rêve de reprendre une vie normale d’entrepreneur, faite de devis, de chantiers sans soucis et de facturation. En attendant que la justice tranche…
L’attente de la justice
Tous sont dans l’expectative de la résolution judiciaire de ce conflit où chacun tente de prouver ou de convaincre de sa bonne foi. Entre un industriel qui estime, quand on lui donne la parole, être la victime. Des applicateurs qui vivent avec les conséquences des sinistres subis et qui veulent être dédommagés. Et d’autres industriels qui aimeraient que l’affaire se conclue pour ne plus faire de l’ombre au développement de la projection de la mousse polyuréthane.
Pour être complet, précisons que l’Agence Qualité Construction nous a assurés que « les études sont encore en cours sur les sinistres et elles sont loin d’être terminées, nous n’avons donc pas de conclusion à présenter pour le moment ». Espérons que le dénouement de cette affaire ne se fasse plus tarder (nous nous en ferons le relais), pour que les faits prévalent et que les esprits s’apaisent.