Dans le vieux Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse, les rues sont composées de ce qui est communément appelé les immeubles des Canuts. Si leur révolte est passée à la postérité, le style architectural des appartements de ces tisserands de soie compose l’horizon de ce quartier emblématique de la cité des Gones. Généralement hauts de plafond (3 m de moyenne), ces appartements ont des sols en moraine, posés sur des poutrages bois. Des bâtis caractéristiques et aujourd’hui très recherché, mais véritable cauchemar des soliers.
Un style architectural historique
« Ce type d’appartements accumule les difficultés pour nous, les chapistes, explique Richard Guillet, Pdg de la Société Nouvelle de Carrelages (SNC). L’accès est compliqué, les supports sont anciens. Il y a rarement une étude de structure. Et on peut vite se retrouver à une hauteur déjà conséquente. » Toutes ces difficultés, SNC les a retrouvées pour un appartement du quartier situé au 6e étage. « Il fallait adapter le choix des matériaux aux lieux, explique Frédéric Cantinha, responsable des chapes fluides chez Martel Groupe. C’est pourquoi nous avons proposé à SNC la solution de ravoirage allégé Politerm d’Edilteco. »
Lire aussi : au chevet de la maison Chamarier
En effet, le sol de l’appartement était en moraine, compacté sur un poutrage bois. « La moraine a été déposée, annonce Richard Guillet. Mais on ne connaissait pas précisément l’état du support. Dans ces cas-là, je fais un équivalent masse enlevée, masse rapportée. Voire même, la masse rapportée est inférieure pour ne prendre aucun risque. » Les 80 m2 de l’appartement sont donc traités avec le Politerm 300, dans une épaisseur de 4 cm, pour une densité de 420 kg/m3. Un ravoirage nécessaire, puisque les lieux présentaient de fortes disparités de niveaux.
Un support à surveiller
Le ravoirage a ensuite été recouvert d’une sous-couche acoustique Tramichape 19 dB de Tramico. Avant le coulage d’une chape Thermio Max d’Anhydritec. « Il nous fallait une solution qui présentait une bonne flexion, malgré la faible épaisseur », explique Frédéric Cantinha. En effet, les hauteurs de porte n’offraient que peu de marge aux chapistes. « La couche d’anhydrite a été coulée à 3 cm d’épaisseur, précise Richard Guillet. Les réserves n’étaient pas généreuses et la Thermio Max permettait d’avoir une chape performante dans cette épaisseur. »
Reste que le choix des matériaux n’était pas le seul défi que posait ce chantier. « C’est un peu un cauchemar logistique. Sur les pentes de la Croix-Rousse, les ruelles sont très étroites, les manœuvres sont donc très compliquées. Pour s’implanter, il faut des autorisations de fermeture de voirie, ceci à des horaires très précis. Nous avons l’habitude de travailler avec les services municipaux. Nous avons donc pu mettre en place un process efficace. »
Une question de hauteur pour la chape
Reste un problème, l’appartement était en R+6, ce qui signifie, pour un immeuble de Canuts, à plus de 20 m de haut. « A cette hauteur, l’important est l’amorçage de notre pompe. Une SP 20 GHF signée Putzmeister. Les tuyaux ont été bien graissés. Et pour le ravoirage, nous sommes directement passés en façade. Sans difficulté. » En revanche, l’opération s’est compliquée pour la chape fluide anhydrite. « Cette dernière est chargée en fines et nous avions vraiment peur d’un bouchon. Trois semaines après le ravoirage, pour la chape, avec note connaissance des lieux, nous avons fait le choix de passer par la cage d’escalier. Afin d’avoir un accès rapide aux tuyaux en cas de bouchon. »
Amorcé en deux fois, le coulage n’a présenté aucun problème, si ce n’est un débit un peu plus faible qu’à l’accoutumée. « Ce qui n’est aucunement un problème sur ces petites surfaces. » Restait aux équipes de bien protéger l’ensemble des tuyaux pour ne pas salir ces lieux historiques. « Je dis toujours aux équipes qu’il ne faut laisser aucune trace de notre passage. » Le quartier des Canuts a alors retrouvé son calme. Jusqu’au prochain chantier. Ou la prochaine révolte.