Pas de (bonne) surprise : l’activité de la construction neuve continue à chuter en ce troisième trimestre. La baisse du volume d’activité du neuf s’intensifie, puisqu’elle passe de – 1,5 % au deuxième trimestre 2023 à – 3 % maintenant. Et la situation ne devrait pas s’améliorer, les permis de construire accordés étant, tout comme les mises en chantier, en net recul.
Cumulés sur 12 mois à fin août 2023, ils enregistraient des diminutions respectives de – 28 % et de – 16 % par rapport à la même période en 2022. Le constat est similaire pour les logements anciens, avec une diminution continuelle des ventes sur 12 mois. En juillet 2023, leur niveau était inférieur de 15 % à celui de l’an dernier à la même date. L’accès au crédit s’étant durci en même temps que les contraintes budgétaires des ménages, les tensions sur les ventes se transmettent donc peu à peu au marché de la location.
En conséquence, l’activité des entreprises artisanales du bâtiment sur les marchés de la rénovation est atone. Elle reste encore correcte en volume, mais elle diminue néanmoins régulièrement de trimestre en trimestre. Des mesures de simplifications, notamment administratives, sont très attendues par la Capeb.
La mauvaise nouvelle de l’amélioration des performances énergétiques
C’est une surprise et un résultat inquiétant. Les travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements diminuent en ce 3e trimestre (+ 1,5 % contre + 2 % au deuxième trimestre 2023, en glissement annuel), alors qu’ils devraient exploser au contraire.
C’est « la confirmation malheureusement de ce que la Capeb dénonce depuis plusieurs mois, selon le syndicat. La complexité du dispositif actuel est telle, les règles pour bénéficier des aides ne cessant de changer, particuliers et entreprises se détournent de ce marché, pourtant essentiel. Mais ni l’encouragement aux groupements momentanés d’entreprises ni la facilitation des parcours de travaux permettant aux ménages d’étaler dans le temps leurs travaux pour aboutir à une rénovation performante.
Ni la mise en place d’un certificat de conformité en fin de travaux, propositions que la Capeb a formulées, n’ont été retenus par les pouvoirs publics. Qui, au contraire, font le choix de la rénovation globale dans un modèle économique qui sied parfaitement aux entreprises générales et aux grands opérateurs. Ceci, au détriment des petites entreprises, c’est-à-dire 97 % des entreprises du bâtiment. »
Des besoins en trésorerie
Outre des carnets de commandes moins remplis (77 j de travail à venir début octobre, soit 22 j de moins qu’un an auparavant), les entreprises artisanales du bâtiment font état d’un besoin croissant en trésorerie. Le solde d’opinion sur la situation de la trésorerie est défavorable (- 13 %) en raison de la baisse d’activité et de l’allongement des délais de paiement des clients. Environ 19 % des entreprises sont concernées par des besoins en trésorerie d’un montant moyen de 30 000 € (contre 22 000 € il y a un an). Signe clair d’un ralentissement progressif de l’activité, l’emploi salarié dans les TPE de la construction recule pour la première fois (- 0,8 % en glissement annuel).
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Dans l’artisanat du bâtiment, on peut estimer que le niveau d’emploi est resté stable au 2e trimestre 2023. Mais, comme anticipé, la situation continue de se dégrader cette année et confirme l’hypothèse d’un recul de l’activité des entreprises artisanales du bâtiment au cours de l’année 2024. Cette dégradation risque de s’accentuer sur le marché du neuf, en raison des conditions de financement moins favorables et des coûts de construction plus élevée. Car les prix des matériaux, en effet, restent élevés, plus élevés que l’inflation elle-même.
Des solutions de la Capeb dans les mains du gouvernement
« L’état du marché de la rénovation énergétique démontre toute l’attention qu’il est absolument nécessaire d’avoir pour redynamiser le marché. Et de créer les conditions d’un élan collectif, annonce Jean-Christophe Repon, président de la Capeb. Les récentes annonces concernant Ma Prime Rénov vont avoir pour seul effet d’éloigner les entreprises et les particuliers de ce marché. Des solutions existent. J’appelle le gouvernement à s’en emparer. Le report continuel des Assises du bâtiment qui pourraient disparaître au profit des Assises de la simplification est incompréhensible. Trop de questions restent sans réponse. A commencer par la transparence des prix, que les Assises de la simplification ne pourront pas résoudre. J’interrogerai mon conseil d’administration et le Réseau Capeb sur la pertinence pour la Capeb d’y participer, au regard de la déception engendrée par les Assises du BTP pour lesquelles nous nous sommes beaucoup investis. »