En partenariat avec la Capeb, la Cnatp et l’OPPBTP, l’Iris-ST a mené une enquête nationale pour identifier les attentes et besoins des entreprises artisanales du bâtiment en matière de santé et de sécurité au travail. Les enquêteurs ont interrogé 429 dirigeants d’entreprise. Sur toute la France, les dirigeants ont reçu un questionnaire en ligne sur leurs pratiques et comportements en matière de prévention, leurs freins, ainsi que leurs attentes. L’enquête s’est déroulée entre avril et mai de cette année (2023), et seuls les questionnaires retournés complets ont été comptabilisés. Les entreprises ciblées étaient des entreprises du BTP employant de 1 à 19 salariés ou n’employant pas de salariés. Tous les corps de métiers y sont représentés, même si avec sept répondants, les carreleurs et soliers sont les moins représentés.
Des entreprises concernées
Trois faits marquants ont été révélés par cette enquête. En premier, les entreprises artisanales se sentent concernées par les enjeux de prévention, ce qui est une bonne nouvelle. Ensuite, les entreprises artisanales ont une bonne connaissance des risques professionnels. Et enfin, elles ont besoin d’aide, ponctuellement, sur des sujets techniques. Sur ces besoins, l’enquête relève que les entreprises souhaitent un accès à l’information, ponctuellement sur une thématique précise, quelques fois lors de situations graves, et périodiquement, pour installer une démarche plus durable.
Les différentes parties prenantes ont dégagé de cette étude plusieurs pistes de réflexion. La première étant de promouvoir le service d’assistance en ligne proposé par l’OPPBTP. Avec notamment, accès à des experts qui peuvent répondre aux questionnements des artisans. Deuxièmement, de proposer des kits de sensibilisation par métier. Les besoins de prévention étant plutôt très spécifiques aux activités d’un seul corps de métier. Mais aussi, de poursuivre l’accompagnement des entreprises sur les sujets d’hygiène sur les chantiers. Et enfin, d’accompagner les entreprises artisanales dans l’accueil des nouveaux salariés, puisque seulement 52 % d’entre elles déclarent réaliser un accueil sécurité.
Une bonne conscience de des sources d’accident
En ce qui concerne la connaissance du risque dans les entreprises artisanales, la majorité des entreprises a donc une bonne conscience des risques auxquels elles sont soumises lors de leur activité. Dans les faits :
– près d’un accident sur deux est lié à une manutention manuelle,
– 30 % sont des accidents liés aux chutes,
– 13 % sont liés à l’outillage à main.
Dans leur ressenti, les entrepreneurs citent en premier les chutes de hauteur, les contraintes physiques, puis les blessures liées à l’utilisation de machines et outils et enfin, la poussière. Cette distorsion étant sans doute liée aux conséquences généralement plus graves et donc plus marquantes des chutes de hauteur.
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Pour ce qui est des entreprises de carrelage et de sol, les risques principaux identifiés sont la contrainte physique, les bruits et poussières, et les blessures liées aux machines et outils.
De la prévention liée à la productivité
Pour connaître les risques de leur corps de métier, les entrepreneurs s’appuient en premier lieu sur la connaissance de leur métier. Cette réponse revenant dans 93 % des questionnaires. L’échange avec les compagnons est aussi plébiscité, puisque cette réponse est validée à 68 %. Enfin, le document unique est cité dans 56 % des cas.
La majorité des actions menées sont d’abord liées à un souci de productivité. Telles que le rangement du lieu de travail (régulièrement pour 80 % des interrogés), la vérification des outils et machines (66 %), et la vérification des véhicules (58 %). En revanche, la présence d’une trousse de secours (83 %) et d’un extincteur (59 %) est plutôt bien ancrée dans les gestes de prévention. Et à un degré moindre pour les installations d’hygiène (48 %).
L’étude constate un net retard en ce qui concerne la mise en place d’accueil de sécurité (24 %), la rédaction de notices (21 %), l’échange autour de la sécurité avec les salariés (15 %) et la désignation d’un chargé de prévention (15 %). Certains résultats s’expliquent sans doute par le temps long nécessaire à la mise en place de ces actions administratives. Le rôle de chargé de prévention échoit aussi, souvent, directement au chef d’entreprise. Enfin, il faut bien noter une différence entre les déclarations précédemment citées. Qui voudraient que 68 % des interrogés identifient les risques, en échangeant avec leurs salariés. Alors que 15 % mettent en place des échanges réguliers.
Le bruit et les vibrations encore oubliées
Pour être complet, il faut noter que les entreprises déclarent être surtout impliquées dans la prévention par le biais d’actions techniques. Ainsi :
– 66 % mettent régulièrement à disposition des salariés du matériel d’aide à la manutention,
– 67 % des moyens d’accès sécurisés en hauteur,
– 55 % des équipements de travail à hauteur d’homme comme les établis,
– 89 % des EPI.
Elles sont aussi 60 % à changer régulièrement les outils et machines obsolètes. En revanche, pour seulement 39 % d’entreprises, des machines et outils moins bruyants ou réduisant les vibrations ont été achetés. Et seulement 39 % stockent les produits dangereux dans un local adapté. Il reste donc encore du travail, même si la prévention est devenue un enjeu du quotidien.