Quelles qualifications peuvent demander les professionnels de la chape ?
Pierre Girard : Dans notre nomenclature, deux qualifications visent, de manière plus spécifique, les chapes. La première, la 6252 porte le nom générique de “chapes”. Elle est dans l’activité 62, qui concerne les revêtements de sols et de murs. La qualification “chapes fluides” (6372) se trouve dans l’activité 63, c’est-à-dire les revêtements de sols carrelés.
Aujourd’hui, quelque 335 entreprises possèdent la première qualification, la plus généraliste. Quant à celle “chapes fluides”, elle n’en concerne que 21. Nous ne sommes pas sur des populations très importantes, compte tenu des 73 000 entreprises qualifiées chez Qualibat.
Et nous reconnaissons aussi aux maçons, soit 3 750 sociétés, la possibilité de faire des travaux courant de chapes.
Ces entreprises sont-elles concernées par la mention RGE ?
P. G. : Les entreprises, qui mettent en œuvre des chapes, sont régulièrement amenées à poser l’isolation sous chape. A ce titre, leur qualification est éligible à la mention “RGE”, car ils concourent à l’amélioration de la qualité énergétique.
Sur les 335 entreprises que j’ai mentionnées précédemment, seules 103 sont qualifiées “RGE”. Pourtant, lorsque l’on intervient sur le marché de la rénovation cette mention permet au client particulier de bénéficier de certaines aides financières (éco-conditionnalité des aides).
La procédure d’attribution de cette mention est un peu plus lourde que la certification Qualibat et demande de suivre une formation FEE Bat. Cette dernière est intéressante dans tous les cas, car elle offre une vision d’ensemble du fonctionnement d’un bâtiment et permet de comprendre l’impact de son métier sur l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Pourquoi demande t-on la qualification ?
P. G. : Il s’agit d’abord être reconnu dans ses compétences par ses pairs. Ensuite, le qualifié bénéficie d’avantages tarifaires auprès des compagnies d’assurance et d’une forte communication de notre part. Notre site Internet est aussi une façon simple, pour la maîtrise d’œuvre ou d’ouvrage, publique comme privée, de sélectionner l’entreprise, qui aura les compétences pour assurer une prestation de chape.
Comment devient-on qualifié ?
P. G. : Le dossier comprend une partie administrative, où l’entreprise démontre qu’elle répond à l’ensemble des obligations fiscales, sociales et juridiques. Qu’elle est bien assurée pour les travaux, qu’elle a du personnel et les moyens pour assurer cette prestation.
La partie technique recouvre différents aspects. Si une entreprise demandant la qualification “chapes” comprend plusieurs activités, il lui faudra identifier ce que représente cette activité, en termes de chiffre d’affaires et de personnel. Elle devra aussi fournir une liste de chantiers de référence et nous interrogerons l’un de ses clients pour avoir son retour. Une fois constitué, le dossier sera présenté à une commission d’examen départementale par un instructeur, qui rapportera ce qu’il a vu dans l’entreprise. La décision sera collégiale et la qualification attribuée pour 4 ans ou pour 2 ans à titre probatoire dans certains cas.
La qualification est-elle simple à obtenir ?
P. G. : Quelque 10 % des entreprises ne peuvent prétendre à la qualification Qualibat, parce que leurs dossiers ne sont pas conformes. Le refus est motivé et laisse la possibilité de revoir son dossier ou de présenter des explications. La qualification peut aussi être retirée ou les entreprises déclassées. Ce qui fait généralement défaut, ce sont les pièces du dossier, la qualité des réalisations ou encore le taux de sous-traitance extrêmement élevé. Mais l’on rencontre aussi des problématiques liées, notamment à des couvertures d’assurance non conformes, à des marges commerciales frauduleuses, ou encore à des réclamations récurrentes.
Vous avez récemment simplifié les procédures. Pouvez-vous nous expliquer ces changements ?
P. G. : La simplification de la qualification et du RGE était vivement demandée par les professionnels. Aussi, nous avons apporté trois grandes nouveautés depuis le début de l’année 2018 :
– La création d’une date anniversaire pour chaque entreprise qualifiée, permettant de simplifier le suivi annuel. L’objectif est de ne solliciter les entreprises qu’une fois par an, quel que soit le nombre de leurs qualifications,
– La possibilité de faire le dossier de qualification et le suivi annuel en ligne,
– La simplification de la nomenclature des qualifications. Pour les chapes, il n’y aura pas de changements. Mais pour d’autres activités, on a retravaillé très lourdement ce dispositif pour le rendre plus simple. Ce dernier changement devrait intervenir en septembre prochain.
Propos recueillis par Aurélie Cheyssial