Le marché des sols est-il un segment d’importance pour Recticel ?
Notre solution Eurosol représente actuellement 25 % de notre volume annuel sur le marché du résidentiel. C’est un secteur à très forte croissance, notamment en ce qui concerne les travaux de rénovation énergétique et nous allons tout mettre en œuvre pour répondre au besoin croissant, en considérant aussi qu’Eurosol est idéal pour cette application. Nous travaillons à augmenter considérablement notre part de marché. Notre solution d’isolation se met en oeuvre sous les chapes, est facile à installer et compatible avec un plancher chauffant. Les chapistes sont donc pour nous des clients essentiels, d’autant que de plus en plus ils réalisent la prestation d’isolation ensemble avec la mise en œuvre de la chape.
Par quel moyen comptez-vous gagner ces parts de marché ? Un développement technologique ?
Le développements de chapes liquides est l’avancée technologique la plus importante du marché de la construction depuis 20 ans, avec un gain de temps de mise en oeuvre, le coulage continu et une réduction considérable de la pénibilité du travail. Eurosol s’insère dans cette logique. La combinaison chape liquide et Eurosol permet au chapiste d’avoir une conductivité thermique minimale et avec une pose facilitée. Nous savons aussi qu’Eurosol correspond bien aux futures réglementations. D’un point de vue thermique, les solutions en polyuréthane sont les meilleures du marché : la conductivité est très basse, la résistance thermique excellente. Le rainurage-bouvetage assure une continuité dans l’isolation avec suppression des ponts thermiques. Et grâce à son parement multi-couches, il est possible de le combiner avec les différentes chapes fluides du marché, chapes base ciment et chapes anhydrite. De plus, nous sommes aux côtés des maîtres d’ouvrage avec un travail de prescription important.
La question phonique est-elle l’essentiel de vos développements technologiques futurs ?
C’est effectivement un développement essentiel. Mais nous devons aussi aider les chapistes dans leur quotidien, dans la mise en œuvre de nos produits. Nous allons donc travailler sur un élargissement de notre gamme d’accessoires. Comme les polyanes pour la désolidarisation, des bandes de rives plus adaptées ou des matrices pré-imprimées avec des pas de 10 cm. Ce sont des produits qui apparaîtront sur le marché à l’horizon 2022-2023.
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Nous maîtrisons parfaitement le produit et son application mais les caractéristiques phoniques font partie d’un développement capital. Nous allons travailler davantage sur les performances acoustiques de nos panneaux. Le tests effectués par le passé ont montré des résultats très satisfaisants. L’enjeu est d’obtenir plus de données sur l’affaiblissement des bruits d’impact. Pour cela, nous avons programmé des tests en laboratoire pour connaître l’indice d’affaiblissement acoustique aux bruits de choc et aux bruits aériens de nos plaques, sans SCAM sous chapes. Ainsi, nous pourrons nous concentrer sur la prescription d’Eurosol avec ses qualités intrinsèques. Et en même temps, travailler à améliorer ses performances.
La décarbonisation de vos solutions est aussi sur le même agenda ?
Ce sujet est très important pour Recticel et un aspect crucial de la RE 2020. Nous avons mobilisé des équipes pour analyser tous les aspects durables et le cycle de vie de nos produits, et nous sommes engagés dans la décarbonisation de notre production. D’ores et déjà, des Fdes sont disponibles pour nos isolants de sol. De même que nous travaillons sur le recyclage des déchets, en usine comme sur notre réseau. C’est un travail de longue haleine, puisqu’il faut réfléchir à l’ensemble du process, des matières premières à la livraison. Par ailleurs, le groupe Recticel est chef de file ou participe activement à plusieurs projets d’innovation durable dans le cadre du programme Horizon 2020. Nous sommes là dans des projets à moyen et long terme.
A quel point êtes-vous affecté par la pénurie actuelle de matières premières ?
Nous sommes touchés de plein fouet par les difficultés d’approvisionnement de notre matière première, le MDI. Les premières alertes ont été ressenties en août 2020. Depuis, la tension est réelle. Les prix ont augmenté graduellement et sans discontinuer. Nous avons d’abord essayé de contenir les hausses tarifaires avec des délais de prévenance cohérents. Mais finalement, nous avons été contraints de répercuter les hausses que nous subissions. Nous nous sommes concentrés sur nos clients historiques, afin de les accompagner au mieux et de continuer à leur donner les volumes qui leur étaient nécessaires. Un retour à une situation normale pourrait intervenir d’ici à la fin de l’année.
Pas d’espoir de retour à la normale rapide ?
Non. Nous sommes en train de traverser une année très difficile. Mais nous sommes des spécialistes du polyuréthane. Et nous avions prévu un fort développement de gamme, avec une présence renforcée auprès de nos client. Mais l’année est dure pour bon nombre de nos artisans. Toute la filière est touchée. Avec des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement pour beaucoup d’autres produits complémentaires, nous essayons d’anticiper au mieux les besoins de nos clients, en étant pro-actifs sur les projets et en tant sur le terrain. Ceci, malgré la conjoncture ! Aujourd’hui, nous livrons nos commandes sous six semaines, alors que nous sommes habituellement à cinq jours ouvrés. Comme les autres filières du bâtiment, nous sommes dépendants de nos fournisseurs de matières premières. Nous faisons le maximum pour pallier cette situation.