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Autre matériau à l’usage plus que centenaire, le plâtre. Ainsi, lorsque l’agence d’architecture Cigüe se lance dans la rénovation de ses locaux à Montreuil-sous-Bois et veut réutiliser les plaques de BA13 déconstruites sur place, la réflexion est d’abord historique. « Nous avions ce gisement de plâtre et nous voulions lui trouver un réemploi, explique Camille Bénard, qui a fondé l’agence. Nous avions déjà entendu parler de plâtre à plancher, nous savions que c’était 100 % recyclable, puisque recuisable. Nous sommes situés à Montreuil-sous-Bois où il existe une tradition de mur à pêche, pour lesquels le liant plâtre est utilisé en extérieur, afin de restituer la chaleur aux péchés.
Cette technique particulière est restaurée par un éco-système d’associations, qui ont une bonne connaissance des techniques passées. Enfin, nous nous sommes rapprochés de la plâtrerie Vieujot de Soisy-sous-Montmorency. Celle-ci utilise encore des techniques anciennes, Ses équipes ont pu nous apporter un savoir-faire et une connaissance de la matière. Avec ce background historique et technique, nous avons pu nous lancer. »
Ainsi, en théorie, en concassant les plâtres déconstruits et en les recuisant à 150 °C, il est possible de les réutiliser. Notamment à l’état de surcuit, l’un des trois états de cuisson du plâtre, qui fait preuve d’une dureté plus importante. « En résumé, il ne se raye pas à l’ongle, ce qui dans notre cas était une qualité essentielle. » Un process de concassage et de caractérisation est mis en place, une installation de 30 m posée sur place. « Au passage, nous avons répondu à un appel d’offres du Pavillon d’Arsenal, ce qui nous a permis d’obtenir une petite subvention pour mener nos recherches. En particulier au niveau de la caractérisation du matériau avec le laboratoire Gustave Eiffel, grâce à la mise en place d’un protocole expérimental. »
Des chantiers à venir en plâtre à plancher
Des tests qui permettent de déterminer qu’avec l’ajout de briques concassées, elles-aussi issues de la déconstruction, la résistance à l’abrasion est augmentée, sans réduire les autres qualités du matériau. « Au final, nous sommes sur une formulation à 50/50 entre le liant plâtre et les granulats de brique. L’ensemble a été coulé sur un lit de Fermacell et un tapis acoustique, dans nos locaux sur une épaisseur de 4 cm. Et laissé nu. Nous avons protégé l’ensemble d’un hydrofuge. Et n’avons aucune fissure à signaler, alors qu’une vingtaine de personnes travaillent au quotidien dessus. »
Quant à savoir si le procédé est reproductible… « Nous avons deux autres plateaux qui sont programmés pour 2025. Nous avons aussi utilisé la technique à la Maison de l’Ecologie qui est rénovée à Paris. Sans compter des discussions non concluantes lors de l’opération Chapelle Charbon. L’idée pour nous serait de partager nos recherches et notre savoir-faire. Avec une entreprise qui souhaiterait se projeter vers une Atex. Les discussions sont ouvertes. Mais nous n’avons pas, nous, vocation à porter cette Atex… »