Se fournir en chapes est parfois un casse-tête. Les plannings doivent souvent être prévus des semaines à l’avance. Ajoutez à cela une mer qui vous sépare de grands flux logistiques et vous avez le cas auquel sont confrontés les chapistes en Corse. C’est pour apporter une solution à cette problématique qu’Anthony Frizot et ses collaborateurs ont créé Corse Chape.
Le choix de la centrale mobile
« Je dirige l’entreprise ProCarl, avec laquelle nous étions confrontés aux problèmes liés aux supports de pose de carrelage. En 2017, nous nous sommes lancés dans la distribution de chapes fluides sur toute l’île. » Le choix des centrales mobiles est mieux adapté au temps de transport élevé de la Corse, entre les petites routes, les montagnes et la fréquentation. « Nous nous sommes rapprochés de Transmanut. Nous avons opté pour une Mobil’Chape qui nous permet d’apporter une vraie solution aux problèmes d’approvisionnement, avec une chape produite sur place, sans retardateur de prise. »
Corse Chape envoie sa citerne sur le continent
Problème : il n’y a pas de producteur de liants en Corse. « C’est là qu’il faut être agile et créatif. Nous avons fait l’acquisition d’une citerne pulvérulente. Plusieurs fois par semaine, elle embarque en bateau, direction le Continent. Un transporteur local va chez Cemexa, la remplit de liants et la remet sur l’embarcation. Ensuite, nous avons des silos en Haute-Corse et en Corse du Sud. Nous avons pour gérer cela une personne qui ne fait que du planning pour prévoir les réapprovisionnements. Si le volume le demande, la citerne accompagne les centrales mobiles. Ceci, pour éviter le réapprovisionnement, parce qu’il peut vite y avoir 3 ou 4 h de route en plus. » Lorsque les accès sont trop compliqués, ce qui peut être du quasi-quotidien sur certaines zones ou certains villages, Corse Chape dispose, depuis septembre, d’une centrale mobile sur un porteur 8 x 4.
« Afin de satisfaire davantage notre clientèle, en termes de délais d’intervention. » Cette centrale permet aussi de développer d’autres produits, comme le béton mousse. « Pour le ravoirage, l’isolation, en remblais ou en comblement. » Ceci, grâce à une unité pilote de Transmanut, qui permet de produire chapes et béton mousse à partir d’une même centrale mobile. « Christian Savignard et son équipe nous ont accompagnés dans la création de cette solution. Ce matériel existe sur le marché, mais nous avons demandé un contrôle débitmétrique et une traçabilité sur les composants constituant la “mousse”, ainsi qu’une correction aisée de la densité. » En parallèle, Corse Chape est devenu distributeur exclusif en France de l’agent moussant Foamcem, de Laston.
Des clients qui restent à convaincre
Pour les chapes fluides, Corse Chape livre sur l’ensemble de l’île, mais, pour le moment, son client principal reste ProCarl. « Je suis mon propre client. Je dirais qu’actuellement, la majorité de nos livraisons se font pour ProCarl et certains applicateurs que nous avons formés. Je dois encore convaincre d’autres carreleurs des qualités, du confort de travail et du coût des chapes fluides par rapport aux chapes traditionnelles. Nous devons aider aux changements culturels dans la construction, en réduisant les épaisseurs de réservation et en favorisant l’adoption généralisée de la pose collée. Mais cela évolue, notamment porté par les qualités des chapes fluides ciment. » Sur l’année, Corse Chape livre environ 3 000 m3 de moyenne, en exploitant jusque-là une seule centrale mobile. Ceci, sur quatre formules disponibles et avec une période estivale où le BTP est quasi à l’arrêt sur l’île, face à l’afflux touristique et aux fortes chaleurs.