Des entreprises convaincues
Pour les chapistes, entre concurrence accrue et années de crise, la complémentarité entre chapes et isolation projetée, est devenue au fur et à mesure une évidence. L’apport d’une activité à plus forte valeur ajoutée permet de compenser des marges de plus en plus réduites au niveau de la mise en œuvre des chapes. Ils sont ainsi nombreux à avoir franchi le pas au cours de ces dernières années, il ne leur restait plus qu’à investir dans du matériel adapté et à former leurs équipes. D’autres qui ont pu maintenir des prix plus élevés choisissent de mettre en place des partenariats avec des spécialistes de l’isolation, chacun excellant dans son domaine.
De cette façon, le chapiste, seul ou en tandem, maîtrise la globalité du support. Avec un opérateur unique, les situations “à risques”, liées à une multiplicité d’intervenants, doivent aussi pouvoir se résorber. De nombreuses entreprises vont ainsi “faire le dos rond” entre 2008 et 2015/2016, un frémissement des commandes et des prix moins tendus, se faisant sentir depuis un an ou deux.
A la fois spécialiste de la chape et de l’isolation projetée sous chape, le groupe Mirbat est un observateur privilégié de cette évolution. Lionel Trouillet, responsable du développement chez Syneris, détaille l’évolution constatée ces dernières années : « Sur 35 applicateurs de notre procédé, 22 étaient chapistes à l’origine. Apparent paradoxe, certains chapistes ont même abandonné la chape pour se consacrer en totalité à l’isolation projetée. La raison est simple. Les marges étant devenues réduites sur les chantiers de chapes, il était pour eux plus rentable de consacrer toute leur énergie au développement d’une activité à plus forte valeur ajoutée. L’inverse est par contre très rare, pour les raisons précédemment évoquées. Et nous n’avons pas connaissance de spécialistes de l’isolation projetée, qui aient rajouté ensuite une activité de chapiste ».
Se rapprocher du monde des carreleurs et des chauffagistes
La transversalité des métiers que l’on constate dans de nombreux métiers du bâtiment se retrouve également ici. Le Syndicat français des techniques de polyuréthane projeté (SFTPP) sera prochainement partie intégrante du Syndicat des entreprises de carrelage (Unecb), qui va également se transformer et changer de dénomination. Cette entité nouvelle regroupera toutes les sociétés, qui produisent et mettent en œuvre des chapes, du polyuréthane et de l’isolation projetée.
Les chapes et l’isolation sont aussi très liées aux systèmes de chauffage par le sol. Dans ce contexte, il était logique de mettre en place des partenariats entre chapistes, carreleurs et chauffagistes, ce que l’on rencontre de façon régulière. De même, les fabricants ont mis en place des systèmes complets, comme le procédé Triotherm, grâce à un partenariat entre Syneris, Giacomini et Anhydritec, ou le procédé Thermactif, grâce à Delta Dore, Acôme et Anhydritec. Ce type de solutions globales, qui regroupe isolation du sol en polyuréthane projeté, plancher chauffant/rafraîchissant basse température et chape d’enrobage en anhydrite ou sulfate de calcium, présente plusieurs avantages : gain de temps, un seul intervenant, une garantie unique et un seul interlocuteur pour les trois prestations.
Se positionner sous l’angle écologique
Le polyuréthane projeté, comme la plupart des produits issus de l’industrie pétrolière, est souvent mal perçu dans la tendance “verte”, qui est une réalité depuis plusieurs années. A tel point que certains fabricants communiquent de façon un peu alambiquée sur leurs formules, sans jamais citer le terme “polyuréthane”, tout en reconnaissant à demi-mot qu’elles entrent bien dans la catégorie des polyuréthanes…
Plus sainement, d’autres argumentent sur le fait qu’un isolant a d’abord pour fonction première… d’isoler, et que l’isolant polyuréthane, qui présente le meilleur lambda du marché, apporte les performances thermiques les plus élevées à épaisseur donnée. D’autres fabricants anticipent la future réglementation seulement applicable en 2023. Celle-ci prévoit de remplacer les gaz de type HFC, par un nouveau gaz dénommé HFO, dont l’impact sur la couche d’ozone est 1 000 fois inférieur à celui des HFC.
Enfin, certains communiquent sur le cycle de vie des isolants projetés et concluent à un bilan global, comparable à d’autres solutions perçues comme plus “vertueuses”.
Gérard Guérit
Isolation du sol par polyuréthane projeté en 5 étapes :